Virgile

Didon et Énée

Énéide, IV, 279-295

 

 


 


 

Plan et résumé du livre IV

Traduction du passage (J. Poucet — A.-M. Boxus)

 

Frappé de stupeur et décidé à obéir, Énée se demande comment faire comprendre à Didon sa décision. Il ordonne à ses compagnons ravis de préparer secrètement le départ. Le rôle des dieux dans le chant IV s’est terminé avec le message de Mercure, mise à part une brève intervention d'Iris lors du dénouement pour aider Didon à enfin mourir. La tragique histoire de Didon se déroulera maintenant exclusivement sur terre, sur le plan humain, dans le conflit de deux cœurs affrontés. Comme au début du chant, Virgile redevient le narrateur d'une histoire d’amour où il abandonne les agréments merveilleux de la poésie épique pour mettre toute sa science du cœur humain, toute sa force dramatique, tous ses dons de sympathie, au service d'un récit magnifiquement moderne. Énée sait maintenant qu’il doit quitter Carthage. Il obéira aux dieux, mais non sans déchirement et sans humanité : il a été heureux sur cette terre qui l’a recueilli alors qu’il était naufragé, et il ne veut pas partir comme un ingrat, sans en prévenir Didon et sans prendre la mesure de sa peine. Le destin est implacable, mais, dans l’Énéide, il laisse à l’homme la liberté d’y répondre sans ignorer la souffrance de ceux que les dieux ont décidé de lui sacrifier.

 

279        At uero Aeneas aspectu obmutuit amens,

280        arrectaeque horrore comae et uox faucibus haesit.

281        Ardet abire fuga dulcisque relinquere terras,

282        attonitus tanto monitu imperioque deorum.

283        Heu quid agat ? quo nunc reginam ambire furentem

              audeat adfatu ? quae prima exordia sumat ?

285        Atque animum nunc huc celerem nunc diuidit illuc

286        in partisque rapit uarias perque omnia uersat.

              Haec alternanti potior sententia uisa est :

              Mnesthea Sergestumque uocat fortemque Serestum,

              classem aptent taciti sociosque ad litora cogant,

290        arma parent et quae rebus sit causa nouandis

291        dissimulent ; sese interea, quando optima Dido

              nesciat et tantos rumpi non speret amores,

293        temptaturum aditus et quae mollissima fandi

              tempora, quis rebus dexter modus. Ocius omnes

295        imperio laeti parent et iussa facessunt.

 

 

Responsable académique : Paul-Augustin Deproost
Analyse : Jean Schumacher
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Dernière mise à jour : 7 février 2016