Projets ITINERA ELECTRONICA - HODOI ELEKTRONIKAI - HELIOS

Actu' ITINERA+ (Actualités - Nouvelles)


  Accueil     Liste des actualités     Recherche     Actualité     Administration  

Date :     29-04-2005

Sujets :
ITINERA ELECTRONICA : Nouveaux environnements hypertextes : Appendix Vergiliana, Érasme, Manilius; CORPORA : Base de données globale : MANILIUS, Les Astronomiques; Lecture 1 : Un propos de table : la ruse de Caïn; Lecture 2 : Le destin règle tout; Lecture 3 : Le signe astronomique de l'Italie; Lecture 4 : L'homme est une image de la divinité; HODOI ELEKTRONIKAI : Nouvel environnement hypertexte : Plutarque; Lecture 5 : Les préceptes énigmatiques de Pythagore;

Notice :

1. ITINERA ELECTRONICA : Nouveaux environnements hypertextes :

Pendant la semaine écoulée, Christian RUELL a pu élaborer les environnements hypertextes pour les oeuvres suivantes:

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles, au format .TXT, dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA :

En ce qui concerne l'attribution du poème l'Etna, nous renvoyons le lecteur intéressé à la Notice sur l'Etna, présente sur le site de Philippe Remacle.


2. CORPORA : Nouvelle base de données globale :

Le traitement du livre IV des Astronomiques de Manilius clôture les opérations prévues pour cette oeuvre. Christian RUELL a donc pu créér la base de données globale pour ce texte en 5 livres :

Manilius, Les Astronomiques

Statistiques : 5 livres, 27.290 occurrences, 8.667 formes différentes

Appréciation de l'oeuvre:

"... Il n'y a que le premier livre qui ait un caractère astronomique : le poète y traite de l'origine du monde et de la configuration du ciel, signes du Zodiaque, Voie lactée, comètes, planètes et météores.

Les autres livres sont vraiment astrologiques : dans le IIe, Manilius examine l'un après l'autre les corps célestes, leurs propriétés el leurs caractères; dans le IIIe, il enseigne la manière de prendre un horoscope; les IVe et Ve livres sont consacrés à l'influence de chaque constellation sur le caractère et la destinée des hommes, à leurs rapports avec la marche des affaires en ce monde.

Veut on quelques exemples des idées et des raisonnements de Manilius en ces matières? Le Bélier nous place entre une fortune brillante et une ruine instantanée; pourquoi? Tout simplement parce que c'est dans ces conditions que se trouve placé l'éleveur de troupeaux. On voit moins pour quelle raison celui qui est né sous ce signe sera timide et indécis, tout en étant porté à se faire valoir et à se louer soi-même. — L'Écrevisse est à la cime du ciel et, de là, nous inonde de sa lumière éblouissante; elle ne se laisse pas pénétrer, défendue sans doute par sa carapace; elle est féconde en ressources et ferme en ses desseins; elle sera la constellation des commerçants navigateurs à l'esprit subtil, ardents pour leurs intérêts. -- Sous le Lion naîtront les chasseurs el, les bouchers, gens prompts à se fâcher et à se calmer, d'ailleurs intègres et francs. — C'est Erigone qui préside à l'enseignement; elle donne le talent de la parole, le sceptre de l'éloquence; l'homme qui naît sous ce signe sera ingénieux; mais, durant sa jeunesse, son extrême modestie nuira à ses dons naturels : "Ingenio bonus, at teneros pudor impedit annos" (IV, 200). Il n'aura pas la fécondité, car il est né sous l'empire d'une vierge. "Nec fecundus erit (quid mirum in virgine) partus" (IV, 202). Le Scorpion engendre des guerriers; le Sagittaire donne le goût des courses et des chevaux; les Poissons feront des marins, qui seront d'ailleurs des hommes de plaisir, inconstants et légers. Quant à l'enfant qui naît au moment où la Balance commence à s'élever sur l'horizon, il sera naturellement un modèle d'équilibre et d'harmonie. Il dominera sur les nations; tout se règlera par sa volonté, et, au sortir de la vie terrestre, il ira dans le ciel jouir encore des dons et de la puissance d'un législateur.

Il ne faut pas croire d'ailleurs que tout dans le poème soit aussi puéril et aussi amusant; il s'y trouve des passages ennuyeux et des longueurs; il s'y rencontre également de beaux vers, de belles pages; tel le début du livre IV sur les agitations vaines de l'humanité : "Victuros agimus semper, nec vicimus unquam". Telle encore, dès le livre I, à propos du séjour des héros dans le ciel, l'énumération des représentants de la grandeur romaine, à travers laquelle passe un souffle d'émotion virile et de fierté civique.

Ecartons la prétention de Manilius de faire oeuvre nouvelle. Il a fait mieux que «du nouveau» ; il a enrichi la poésie latine de quelques centaines de vers bons en eux-mêmes et conformes à la meilleure tradition: dans l'ensemble, il a réussi à écrire presque toujours en poète au cours d'une oeuvre appartenant au genre si peu poétique du didactisme et — condition pire encore - traitant d'une matière scientifique. Il ne s'impose pas par des qualités éclatantes; mais ce n'est pas non plus un esprit vulgaire et sans personnalité; son hexamètre est harmonieux et ferme, digne de la toge et du laurier.

Quelles sont les opinions de Manilius et les sources de ses doctrines? On a fait de lui un stoïcien, presque un docteur et le poète du Portique; il est vrai que dans ses digressions morales, il se rencontre souvent avec Zénon. D'ailleurs, le stoïcisme et l'astrologie s'entendaient fort bien ensemble. Mais, en plus d'un endroit, Manilius tourne le dos à Zénon pour aller rejoindre Épicure et Lucrèce, et parfois, on le découvre pythagoricien. Il est surtout panthéiste ; la Nature, le Monde est Dieu. Il admet les divinités du paganisme.... en les subordonnant à la Nature: à celle-ci il attribue l'intelligence, et même (dans un passage où le manque de tact entraîne au comique) assez d'intelligence pour comprendre et admirer son poème! Dans le livre II, les astres s'aiment ou se haïssent, ils ont des yeux et des oreilles!

Comme Lucrèce, Manilius est un croyant de la science, et, dans la morale pratique, il conclut volontiers au détachement et à la résignation. On ne s'étonnera pas de trouver un fataliste en quelqu'un qui soumet les destinées humaines au gouvernement des astres. Du reste, il ne lui a pas échappé qu'avec cette conception mécanique de l'univers, le domaine de la morale devenait bien étriqué, si même il ne risquait pas de se réduire à rien : il se tire de la difficulté par un raisonnement qui a sa valeur puisqu'il a servi à la plupart des écrivains, philosophiques ou religieux, qui, plus ou moins déterministes, limitent la liberté humaine jusqu'à devoir logiquement la supprimer : c'est la nécessité de vivre, le droit de se défendre, l'obligation, sans croire à la responsabilité, d'agir comme si l'on y croyait; et il fait valoir l'argument des plantes vénéneuses, qui, à coup sûr, ne sont pas responsables de leur action mortelle, et que pourtant l'on déteste et que l'on écrase impitoyablement; les criminels doivent donc subir le même sort. On voit comment Manilius mêle l'exemple à la théorie et des intentions pratiques aux spéculations de l'esprit.

Il aime les descriptions, et il y réussit assez bien; parfois il s'embarrasse un peu dans ses longues périodes, défaut d'un style qui a de l'ampleur et une dignité latine ; il essoufle ainsi son lecteur après lui. On lui a reproché un usage défectueux des particules et, çà et là, quelques imperfections de langage par où se sentirait déjà le déclin de l'époque classique. Quant aux allitérations et aux répétions de mots, en a-t-il chez lui sensiblement davantage que chez la moyenne des poètes? Quoi que l'on pense de ces critiques de détail, on ne peut refuser du talent à quelqu'un qui, d'un sujet si aride, a su faire une oeuvre vraiment littéraire et poétique."

[tiré de : Frédéric PLESSIS, La Poésie latine, Paris, Klincksieck, 1909]


3. Lecture 1 : Un propos de table : la ruse de Caïn :

Érasme, dans la lettre n° 116, raconte que, pendant un repas - "je dis bien repas et non banquet" : uero inquam conuiuio, non symposio -, on en est venu à parler de Caïn et de sa première faute :

"La première faute par laquelle Caïn avait offensé Dieu, ..., fut d'avoir été le premier à travailler la terre, par manque de confiance envers la générosité du Créateur et excès de confiance en son industrie personnelle, tandis qu'Abel paissait ses moutons, satisfait de ce qui naissait spontanément."

Érasme, "pour égayer le dîner par un récit ... plaisant", donne alors à connaître un "conte", trouvé dans un vieux manuscrit, "conte qui fut débité parmi les pots, né parmi les pots et, ... né d'eux" :

"Erat" inquam "Caym ille homo quemadmodum industrius, ita famelicus et auidus. Is a parentibus persaepe audierat in uiridario illo unde fuissent depulsi, segetes sua sponte prouenire laetissimas spicis amplissimis, granis praegrandibus, culmis adeo proceris ut alnum nostratem aequarent ; eis nec lolium, nec spinam ullam aut carduum internasci. Haec quum ille probe meminisset uideretque eam tellurem quam tum uexabat aratro, uix malignam minutamque frugem producere, dolum addidit industriae. Angelum illum paradisi custodem adiit, eumque ueteratoriis technis adortus magnis promissis corrupit, ut sibi ex felicioribus illis segetibus uel paucula grana clam largiretur. Dicebat Deum iam olim huius rei securum ac negligentem esse ; tum si maxime rescisset, facile impune futurum, cum res esset nullius momenti, modo de pomis illis nihil attingeretur, de quibus solis fuerat interminatus Deus.

[116,5] "Eia" inquit "ne ianitor sis nimium diligens. Quid si ingrata etiam est illi nimia tua saedulitas? Quid si falli etiam cupit, magisque illum hominum callida industria quam iners ocium delectabit ? An uero tu tibi isto munere magnopere places ? Ex angelo carnificem te fecit, ut miseros nos et perditos crudelis arceres a patria ; te foribus cum romphaea alligauit, cui muneri nos canes nuper coepimus addicere. Nos quidem sumus miserrimi, at tu mihi uidere conditione non paulo afflictiore. Nos quidem paradiso caremus, quia pomum nimium dulce gustauimus. Tu ut inde nos arceas, pariter et coelo cares et paradiso ; hoc miserior, quod nobis quidem huc atque illuc, quo fert animi libido, uagari liberum est. Habet et haec nostra regio, si nescis, quibus exilium nostrum consolemur, nemora comis uirentibus, mille arborum genera et quibus uixdum inuenimus uocabula, fonticulos passim ex cliuis, ex rupibus scaturientes; flumina limpidissimis aquis ripas herbidas lambentia, montes aerios, ualles opacas, ditissima maria. Nec dubito quin in intimis illis suis uisceribus claudat tellus aliquid bonarum mercium; quas ut eruam, scrutabor omnes eius uenas, aut si mihi defuerit aetas, nepotes certe mei facient. Sunt et hic aurea mala, sunt fici pinguissimi, sunt frugum omniiuga genera. Multa adeo passim sponte nascuntur ut paradisum istum non magnopere desyderemus, si liceat hic aeternum uiuere. Infestamur morbis ; et huic rei inueniet remedium humana industria. Video herbas mirum quiddam spirantes. Quid si et hic inueniatur aliqua quae uitam faciat immortalem ? Nam scientia ista non uideo quid ad rem pertineat. Quid mihi cum his quae nihil ad me attinent? Quanquam in hac parte non cessabo, quando nihil est quod non expugnet pertinax industria. Ita nos pro uno hortulo mundum latissimum accepimus, tu utrinque exclusus nec paradiso frueris neque coelo neque terra, perpetuo his affixus foribus, romphaeam semper uersans, quid nisi ut cum uento pugnes ? Eia age, si sapis, tibi simul et nobis consule. Da quod sine tuo detrimento largiri potes, et accipe nostra uicissim quae tibi facimus communia. Miser faue miseris, exclusus exciusis, damnatis damnatior".

[116,6] "Persuasit pessimam causam uir pessimus, orator optimus. Paucula grana furtim accepta diligenter obruit, enata sunt non sine foenore, id foenus rursum terrae gremio commissum, iterumque atque iterum, aliud atque aliud. Nec sepius aestas recurrit, cum ille iam ingentem spatiosumque agrorum tractum hac semente occupauit. Quae res ubi euidentior esse coepisset quam ut superos latere posset, uehementer iratus Deus "Quantum intelligo," inquit "iuuat hunc furem labor et sudor. Eum ego illi magnifice cumulabo". Simulque cum dicto confertissimum undique agmen immittit in segetem, formicarum, gurgulionum, bufonum, erucarum, murium, locustarum, scropharum, auium aliarumque id genus pestium, quae segetem partim adhuc humo conditam, partim herbescentem, partim iam flauam, partim horreo compositam depascerentur. Accessit ingens coelo calamitas grandinis et uenti uis tanta ut quernis roboribus aequales culmi illi stipulae aridae in morem defringerentur. Angelus ille custos mutatus atque quod hominibus faueret, humano corpori inclusus. Caym, quum Deum incensis frugibus placare studeret, nec fumus subuolaret, certam illius iram intelligens desperat".

«Ce Caïn, dis-je, était un homme industrieux, mais insatisfait et avide. Il avait souvent entendu dire à ses parents que, dans le jardin dont ils avaient été chassés, les plantes poussaient spontanément, abondantes en grands épis, en grains énormes, en tiges si élevées qu'elles égalaient l'aulne de nos pays ; qu'entre elles ne s'insinuaient ni ivraie, ni épine, ni chardon. Comme il se rappelait fort bien ces choses et qu'il voyait la terre qu'il fatiguait de sa charrue donner à peine une moisson chiche et petite, il ajouta la ruse à son industrie. Il alla trouver cet ange qui est le gardien du paradis et, l'ayant abordé grâce à des moyens pleins de ruse, il le corrompit par de grandes promesses afin de se faire donner par lui, secrètement, quelques graines seulement de ces plantes si généreuses. Il disait que Dieu, sûr depuis longtemps de ces biens, ne s'en occupait plus ; et l'impunité était certaine si la chose venait à être sue, pourvu que l'on ne touchât pas à ces fruits sur lesquels, à l'exclusion de tous les autres, Dieu avait jeté son interdiction.

[116,5] «Allons, dit-il, ne sois pas un portier trop pointilleux. Que feras-tu si ton zèle excessif vient à lui déplaire ? S'il désire même être trompé, si l'habile industrie des hommes lui est plus agréable qu'une paresseuse oisiveté ? Trouves-tu vraiment un si grand plaisir à la charge que tu occupes ? De toi, un ange, elle a fait un bourreau, puisque tu écartes cruellement de leur patrie les malheureux, les ruinés que nous sommes. Elle t'a lié à l'extérieur avec une lance, pour un office en vue duquel nous avons récemment commencé à dresser nos chiens. Nous sommes à vrai dire très malheureux, mais ta condition me paraît encore bien plus déplorable. Nous sommes privés du paradis pour avoir goûté à un fruit trop doux. Et toi, qui nous en interdis l'entrée, tu es privé à la fois et du ciel et du jardin ; plus malheureux en ceci qu'il nous est permis de nous promener ici et là, où nous en avons envie. Et notre région, pour le cas où tu l'ignorerais, a de quoi nous consoler de notre exil ; des forêts aux chevelures verdoyantes, mille espèces d'arbres et pour lesquelles nous avons peine à trouver des noms, de petites sources qui jaillissent un peu partout des pentes et des roches, des fleuves aux eaux transparentes qui caressent des rives herbues, de hautes montagnes, de sombres vallées ombragées, des mers abondantes. Je suis sûr que dans ses profondes entrailles la terre renferme de bonnes marchandises ; je scruterai toutes ses veines afin de les amener au jour, ou, si ma vie n'y suffit pas, mes neveux le feront sûrement. Chez nous aussi il y a des pommes d'or, il y a de grasses figues, il y a toutes les espèces de fruits. Beaucoup poussent spontanément un peu partout, si bien que nous ne regrettons pas beaucoup votre paradis, à condition qu'il nous soit accordé de vivre ici éternellement. Nous sommes inquiétés par des maladies ; mais à cela même l'industrie humaine trouvera des remèdes. Je vois des herbes qui respirent une vertu merveilleuse. Et si l'on en découvrait une capable de rendre la vie immortelle ? Car votre science, je ne vois pas à quoi elle est utile. Qu'ai-je à faire de choses qui ne me concernent en rien ? Et cependant je ne suspendrai pas mon effort, car il n'est rien qu'un labeur obstiné ne puisse réaliser. C'est ainsi qu'en échange d'un petit jardin nous avons reçu l'immense univers, tandis que toi, exclu de l'un et de l'autre, tu ne jouis ni du paradis, ni du ciel, ni de la terre, perpétuellement attaché à cette porte, agitant sans cesse ta lance, et qu'est-ce d'autre que de te battre contre le vent ? Allons, allons, si tu es raisonnable, agis dans ton intérêt aussi bien que dans le nôtre. Donne ce que tu peux accorder sans te nuire et accepte en échange nos biens dont nous te faisons part. Malheureux, aide des malheureux ; exclu, aide des exclus, aide des condamnés, toi, plus condamné qu'eux».

[116,6] Cet homme mauvais, excellent orateur, gagna cette mauvaise cause. Il enfouit quelques graines qu'il avait furtivement reçues ; elles germèrent et rapportèrent avec usure ; ce revenu fut confié au sein de la terre une seconde, une troisième fois, puis encore et encore. Chaque fois que revint l'été, Caïn occupa de cette semence une immense étendue de champs. Lorsque l'entreprise devint trop évidente pour pouvoir plus longtemps échapper à ceux du ciel, Dieu en fut violemment irrité. "Si je comprends bien", dit-il, ce voleur profite de son travail et de sa peine. Je vais le combler de la belle façon". Il parlait encore qu'il envoyait déjà contre les semailles, de tous les côtés, un escadron serré de fourmis, charançons, crapauds, chenilles, souris, sauterelles, truies, oiseaux et autres fléaux du même genre qui dévorèrent la récolte, en partie alors qu'elle était encore cachée dans la terre, en partie quand elle fut en herbe, en partie déjà blonde, en partie quand elle fut rentrée dans le grenier. Puis s'abattit du ciel une grêle formidable et calamiteuse et un vent d'une force telle que les fûts des chênes rouvres était fracassés comme des brins de paille sèche. L'ange chargé de la garde fut transformé et, pour avoir agi en faveur des hommes, inclus dans un corps humain. Caïn tenta d'apaiser Dieu par un holocauste de grains ; mais la fumée refusait de monter ; comprenant que la colère de Dieu était irrévocable, il tomba dans le désespoir".


4. Lecture 2 : Le destin règle tout :

Manilius, Les Astronomiques, IV, 14 sqq. :

fata regunt orbem, certa stant omnia lege
15 longaque per certos signantur tempora casus.
nascentes morimur, finisque ab origine pendet.
hinc et opes et regna fluunt et, saepius orta,
paupertas, artesque datae moresque creatis
et uitia et laudes, damna et compendia rerum.
20 nemo carere dato poterit nec habere negatum
fortunamue suis inuitam prendere uotis
aut fugere instantem: sors est sua cuique ferenda.

Le destin règle tout, tout est soumis à ses lois immuables; tous les événements sont irrévocablement liés aux temps qui doivent les produire. L'instant qui nous voit naître a déterminé celui de notre mort; notre fin dépend du premier moment de notre existence. De ce même principe découlent les richesses, les dignités, souvent même la pauvreté, les succès dans les arts, les moeurs, les défauts, les malheurs, la perte ou l'augmentation des biens. Ce que le destin nous prépare ne peut nous manquer; nous n'acquerrons jamais ce qu'il nous refuse.
En vain essayerions-nous de prévenir par nos désirs les faveurs ou les menaces de la fortune : il faut que chacun se soumette au sort qui lui est réservé.


5. Lecture 3 : Le signe astronomique de l'Italie :

Manilius, Les Astronomiques, IV, 769 sqq. :

quod potius colat Italiam, si seligat, astrum
770 quam quod cuncta regit, quod rerum pondera nouit,
designat summas et iniquum separat aequo,
tempora quo pendent, coeunt quo noxque diesque?
Hesperiam sua Libra tenet, qua condita Roma
orbis et imperium retinet discrimina rerum,
775 lancibus et positas gentes tollitque premitque,
qua genitus Caesar melius nunc condidit urbem
et propriis frenat pendentem nutibus orbem.

Si vous étiez maître du choix, à quel signe attribueriez-vous l'Italie, sinon à celui qui introduit partout la règle et l'ordre, qui pèse, qui mesure, qui calcule tout, qui distingue ce qui est juste de ce qui ne l'est pas, qui détermine les saisons, qui égale la nuit et le jour? La balance est le signe propre de l'Italie; c'est sous elle que Rome fut fondée: c'est par elle que, maîtresse du monde, elle dispose du sort des peuples; que, les tenant comme dans sa balance, elle les élève ou les abaisse à son gré, et qu'elle régit l'univers, attentif à recevoir et à exécuter ses lois.


6. Lecture 4 : L'homme est une image de la divinité :

Manilius, Les Astronomiques, IV, 885 sqq. :

885 pars sua perspicimus genitique accedimus astris.
an dubium est habitare deum sub pectore nostro
in caelumque redire animas caeloque uenire,
utque sit ex omni constructus corpore mundus
aeris atque ignis summi terraeque marisque
890 hospitium menti totum quae infusa gubernet,
sic esse in nobis terrenae corpora sortis
sanguineasque animas animo, qui cuncta gubernat
dispensatque hominem? quid mirum, noscere mundum
si possunt homines, quibus est et mundus in ipsis
895 exemplumque dei quisque est in imagine parua?
an cuiquam genitos, nisi caelo, credere fas est
esse homines?

Partie nous-mêmes de celui qui nous a donné l'être, nous savons ce qu'il est; enfants des astres, nous nous élevons jusqu'à eux. Peut-on douter que la divinité n'habite nos âmes, que ces âmes ne nous viennent du ciel, qu'elles ne doivent y retourner? que, comme le monde est composé de tous les éléments, de l'air, du feu, de la terre et de l'eau, et qu'il y a de plus dans ce monde un esprit qui veille à l'exécution de ce qu'il a ordonné, de même il se trouve en nous un corps formé de terre, un principe de vie résidant dans le sang, et de plus un esprit qui gouverne et dirige l'homme entier? Est-il étonnant que les hommes puissent connaître le monde, puisque le monde est en eux-mêmes, et que chaque homme est une image, une copie amoindrie de la divinité? Est-il possible de se figurer que notre origine vient d'ailleurs que du ciel?


7. HODOI ELEKTRONIKAI : Nouvel environnement hypertexte :

Boris MAROUTAEFF a créé l'environnement hypertexte suivant:

Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Thésée

Les textes bruts de cette oeuvre se trouvent dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI:

Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres : Vie de Thésée : texte grec - traduction française


8. Lecture 5 : Éducation : Les préceptes énigmatiques de Pythagore :

Plutarque, Oeuvres morales : Sur l'éducation des enfants, ch. XVII :

[17] Καθόλου δ´ ἀπείργειν προσήκει τοὺς παῖδας τῆς πρὸς τοὺς πονηροὺς ἀνθρώπους συνουσίας· ἀποφέρονται γάρ τι τῆς τούτων κακίας. τοῦτο δὲ παρήγγειλε καὶ Πυθαγόρας αἰνίγμασιν ἅπερ ἐγὼ παραθεὶς ἐξηγήσομαι· καὶ γὰρ ταῦτα πρὸς ἀρετῆς κτῆσιν συμβάλλεται ῥοπὴν οὐκ ἐλαχίστην. οἷον· "Μὴ γεύεσθαι μελανούρων," τουτέστι μὴ συνδιατρίβειν μέλασιν ἀνθρώποις διὰ κακοήθειαν. "Μὴ ζυγὸν ὑπερβαίνειν," τουτέστιν ὅτι δεῖ τῆς δικαιοσύνης πλεῖστον ποιεῖσθαι λόγον καὶ μὴ ταύτην ὑπερβαίνειν. "Μὴ ἐπὶ χοίνικος καθίσαι," ἤτοι φεύγειν ἀργίαν καὶ προνοεῖν ὅπως τὴν ἀναγκαίαν παρασκευάσωμεν τροφήν. "Μὴ παντὶ ἐμβάλλειν δεξιάν," ἀντὶ τοῦ προχείρως οὐ δεῖ συναλλάττειν. "Μὴ φορεῖν στενὸν δακτύλιον," ὅτι δεῖ τὸν βίον ἐπιτηδεύειν καὶ μηδενὶ δεσμῷ προσάπτειν αὐτόν. "Πῦρ σιδήρῳ μὴ σκαλεύειν," ἀντὶ τοῦ θυμούμενον μὴ ἐρεθίζειν· οὐ γὰρ προσῆκεν, ἀλλ´ ὑπείκειν τοῖς ὀργιζομένοις. "Μὴ ἐσθίειν καρδίαν," ἤτοι μὴ βλάπτειν τὴν ψυχὴν ταῖς φροντίσιν αὐτὴν κατατρύχοντα. "Κυάμων ἀπέχεσθαι," ὅτι οὐ δεῖ πολιτεύεσθαι· κυαμευταὶ γὰρ ἦσαν ἔμπροσθεν αἱ ψηφοφορίαι δι´ ὧν πέρας ἐπετίθεσαν ταῖς ἀρχαῖς. "Σιτίον εἰς ἀμίδα μὴ ἐμβάλλειν·" ἐπισημαίνει γὰρ ὅτι εἰς πονηρὰν ψυχὴν ἀστεῖον λόγον ἐμβάλλειν οὐ προσῆκεν· ὁ μὲν γὰρ λόγος τροφὴ διανοίας ̛


 
UCL | FLTR | Itinera Electronica | Bibliotheca Classica Selecta (BCS) |
Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002