MARTIAL : Vie - Oeuvre - Talent
VIE. - Ne a Bilbilis (Espagne) vers 40 ap.J.-Chr., il vint à Rome vers 64 ,
il y passa trente-quatre ans, menant une vie besogneuse et humiliée,
sollicitant fréquemment ses protecteurs. On lui donne argent,
vêtements, vivres ; il demande toujours ; quand on lui envoie des
provisions, il se plaint qu'on n'y ait pas joint des bouteilles; quand
on lui donne une toge, il voudrait un manteau. Il adresse à Domitien
les plus basses flatteries, mais ne reçoit de lui que peu de chose :
plus de titres honorifiques que de faveurs réelles. Il finit par
retourner dans son pays natal, grâce à la générosité de Pline le
jeune, qui paie son voyage. Mais si loin de l'air de Rome, il s'ennuie.
Il mourut au bout de peu d'années, vers 102 ap. J.-Chr.
OEUVRE. - Quinze livres comprenant : le Livre des spectacles
(composé, sous Titus, pour l'inauguration du Colisée) et 14 livres de
plus de 1.500 épigrammes.
Chronologie. Le livre le plus ancien est le Livre des spectacles. Les
autres sont à peu près rangés dans l'ordre chronologique, sauf les deux
derniers, plus anciens que ceux qui les précèdent et qui groupent des
pièces d'un seul distique. Les livres paraissaient d'ordinaire séparément,
à un an d'intervalle ou quelquefois davantage. Il y eut des
rééditions remaniées par l'auteur (en particulier pour le livre X).
Sujets. Ils sont fort variés : traits virulents, petites méchancetés,
compliments, amabilités ou encore simples jeux d'esprit sur les faux
cheveux, les fausses dents, la poudre dentifrice, le cure-oreille, etc.,
etc. Quand il attaque, il a soin d'employer des pseudonymes; ainsi
personne, dit-il, n'a le droit de se plaindre de lui.
TALENT. - Il a parfois de la légéreté et de la finesse,
surtout dans les premiers livres. Les derniers sont moins spirituels.
Il est très souvent naturel et vrai. Bien qu'Espagnol d'origine, c'est
un des rares auteurs latins où il n'y a point de rhétorique, et l'un
des plus véritablement originaux. Mais ses vers renferment parfois
des obscénités grossières.
Son succès semble avoir été considérable. Il était, s'il faut l'en
croire, très lu, non seulement à Rome, mais dans les provinces
et jusqu'en Grande-Bretagne.
[tiré de : L. LAURAND - A. LAURAS, Manuel des Études grecques et latines, fasc. V : Littérature latine, 14e édition, Paris, A. et J. PICARD, 1965]