Notice : 1. Environnements hypertextes :
Pendant la semaine, Christian Ruell a pu constituer les environnements hypertextes suivants :
Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles, au format .txt, dans le Dépôt ITINERA ELECTRONICA :
Présentation : Cicéron, Plaidoyer pour Balbus :
"L'an de Rome 682, les consuls L. Gellius Poplicola et Cn. Cornelius
Lentulus Clodianus avaient porté une loi pour reconnaître citoyens
romains tous ceux à qui Pompée, de l'avis de son conseil,
aurait accordé le droit de cité romaine dans la province d'Espagne.
D'après cette loi, et à la recommandation de César et de L. Cornelius
Lentulus, Pompée accorda le droit de cité à Balbus, l'un des principaux
citoyens de Gadès (Cadix). II avait éprouvé le courage et la
fidélité de cet Espagnol dans la guerre contre Sertorius. Balbus
adopta les prénoms de L. Cornelius, l'un de ses protecteurs.
On ne laissa pas de lui contester son état de citoyen romain, parce que,
disait-on, il était d'une ville "fédérée", et que le citoyen d'une telle
ville, d'après la loi Julia, ne pouvait devenir citoyen romain, si le
peuple de cette même ville n'avait accepté la loi en vertu de laquelle
on lui conférait ce titre, "nisi is populus fundus factus sit".
La loi Gellia Cornelia, ajoutait-on, excepte les peuples dont le traité est
consacré ("sacrosanctus"), c'est-à-dire dont le traité a été présenté au peuple romain : or, le traité de Gadès était dans cette catégorie.
Attaqué par un accusateur né comme lui dans Gadès, mais dont
nous ignorons le nom, Cornelius Balbus choisit Pompée et Crassus
pour ses avocats. A leur prière, Cicéron se joignit à eux, et parla le
dernier; ce qui était, dans la circonstance, le rang le plus honorable,
parce qu'il rendait un orateur maître de la cause, en lui laissant le
soin d'y mettre comme la dernière main. C'était moins à Balbus que
ses adversaires, dans ce procès, voulaient nuire, qu'à Pompée et à
César, dont la faveur lui avait fait obtenir à Rome des dignités et de
grands biens. Il servait alors dans l'armée de César, et y avait le
commandement de ce qui, dans les camps romains, remplaçait le génie
et l'artillerie modernes. On peut. voir, dans les Lettres à Atticus,
que César, pendant son consulat, avait choisi Balbus pour intermédiaire
des avances politiques qu'il fit à Cicéron.
Dans son exorde, l'orateur fait valoir, en faveur de son client, l'autorité
des deux illustres citoyens qui l'avaient déjà défendu. Il s'étend,
avec sa complaisance accoutumée, sur l'éloge de Pompée.
Selon lui, quand Balbus n'aurait d'autre titre que le choix de ce
grand homme, cette glorieuse recommandation devrait suffire pour
établir la bonté de sa cause; mais, outre l'amitié des plus grands
personnages, Balbus a encore pour lui ses qualités personnelles, son
courage et les services qu'il a rendus à la république.
Le reste du plaidoyer roule sur le point de droit. L'orateur entre
dans de fort longs détails pour démontrer que le consentement des
villes alliées et fédérées est nécessaire pour l'exécution d'une loi
émanée du gouvernement de Rome, quand cette loi est iudifférente
au salut de la république, mais qu'il ne saurait être défendu aux Romains
d'animer par des récompenses des hommes qui leur ont rendu
ou qui peuvent leur rendre des services. Ce moyen de défense est
appuyé par des raisonnements dans lesquels Cicéron discute avec
plus de finesse que de solidité la loi Julia, qui n'était point du tout
en faveur de son client.
L'orateur, après avoir établi en droit que le consentement du
peuple de Gadés à l'adoption de Balbus comme citoyen romain n'était
pas nécessaire, avance enfait que les Gaditains ont donné ce consentement,
puisqu'ils ont envoyé des députés pour supplier les juges
en faveur de leur ancien compatriote, et qu'ils lui ont accordé le
droit d'hospitalité publique comme à un citoyen romain.
Dans sa péroraison, l'orateur, après avoir réfuté plusieurs reproches
injustes élevés contre la manière dont Balbus avait acquis
ses richesses, revient encore sur cette idée, que ce sont moins les
ennemis de ce nouveau citoyen qui le persécutent, que les ennemis
de ses amis, qui sont puissants et nombreux. Cicéron en prend acte
pour exhorter les Romains à la concorde.
Cette cause fut plaidée l'an de Rome 698, la même année que les
quatre précédentes oraisons. La sentence des juges fut favorable à
Balbus qui se montra fort reconnaissant envers Cicéron. Revenu tout
puissant sous César, il contribua à faire oublier au vainqueur de
Pharsale que notre orateur lui avait préféré Pompée, son rival, Dans
la suite, Balbus s'éleva jusqu'au consulat, l'an de Rome 714. Le jeune
Balbus, son neveu, qui parvint par la suite à la même dignité,
l'an 748, obtint aussi, l'an 755, les honneurs du triomphe pour avoir
vaincu les Garamantes. Pline les cite tous deux comme le seul
exemple d'étrangers ou de citoyens adoptés, qui eussent obtenu l'une
ou l'autre de ces distinctions (Hist. Nat., liv. VII, ch. XLIII). Mais là
ne devait pas s'arrêter l'illustration de cette famille; car elle donna
un empereur aux Romains dans la personne de Balbin, qui se faisait
gloire d'avoir pour premier ancêtre le client de Cicéron, et qui, dans
son règne trop court de deux années, gouverna avec autant de
sagesse que de bonté."
[tiré de : M. CABARET-DUPATY - M. HÉGUIN DE GUERLE, Cicéron, Ouevres complètes, t. IX, Paris, Classiques Garnier, 1919(?)]
2. Alexandre le Grand : La bataille de l'Hydaspe :
La préparation de l'environnement hypertexte pour la Vita Alexandri de PLUTARQUE (trad. latine faite par XYLANDER) touche à sa fin. Et comme cette actualité littéraire recoupe l'actualité cinématographique - le film Alexander d'Oliver STONE est sorti la semaine passée de façon simultanée dans les salles obscures de plusieurs pays européens - il n'est peu-être pas sans intérêt de livrer ici le récit d'une bataille qui constitue, semble-t-il, un des points forts de ce film.
Présentation par Pascal CHARVET :
La bataille de l'Hydaspe, ultime victoire.
[tiré de : Dossier Alexandre le Grand. Maître du monde à 33 ans. Revue HISTORIA,
n° 697 - janvier 2005. Pages 66 - 69: Pascal CHARVET, Le conquérant vaincu par
ses troupes]
pp. 67-68 : " ... Avant de rejoindre l'Indus, il [Alexandre] continue de soumettre la région et intègre
dans son armée des éléphants. De leur côté, Héphaïstion et Perdiccas
ont fait bâtir un pont de bateaux, pour le franchissement du fleuve et,
au printemps 326, Alexandre, suivi de son armée, prend pied le premier
sur la rive orientale de l'Indus. Puis la marche vers l'intérieur du Pendjab
(les terres des Cinq-Fleuves) reprend. L'armée traverse le territoire
du Taxilès, accompagnée d'un corps de 5000 soldats indiens, et gagne
l'Hydaspe sur la rive gauche duquel se tient l'armée du roi Pôros.
Ce souverain règne sur un territoire délimité par deux grands cours d'eau:
l'Hydaspe (le Jhelum) à l'ouest et l'Akésinès (la Chenab) à l'est.
Face aux Macédoniens, sur l'autre rive de l'Hydaspe que les pluies ont
grossi en ce mois de munykhiôn (fin avril-début mai), Pôros a rangé son
armée en ordre de bataille. A l'endroit où, à mi-chemin entre
les deux rives, se trouve une petite île boisée, Alexandre, dissimulé par la
végétation exubérante et par la mousson torrentielle, traverse le
fleuve avec un corps expéditionnaire relativement faible composé de
4000 cavaliers, 1000 archers à cheval et environ 10000 fantassins, laissant
derrière lui le reste de l'armée sous les ordres de Cratère.
Prévenu par ses éclaireurs qu'Alexandre fait mouvement, Pôros se demande s'il
s'agit d'une attaque majeure ou d'une manoeuvre de diversion. Il envoie
en reconnaissance un de ses fils à la tête de cavaliers et de chars.
Mais, franchissant le dernier bras du fleuve, Alexandre apparaît soudain
sur le flanc droit des Indiens. Les chars s'embourbent; quant aux cavaliers,
ils sont mis en déroute.
Pôros, à la nouvelle du désastre, est alors certain qu'une importante armée
approche et qu'il lui faut livrer bataille. Aussi choisit-il un emplacement
plat et sablonneux pour affronter son adversaire.
Il dispose sur la première ligne de front ses 200 éléphants, éloignés les
uns des autres d'au moins 30 m pour ne pas gêner leur évolution. Il place
légèrement en retrait, sur une deuxième ligne, un peu plus de 30000 fantassins,
en formation serrée, et répartit sa cavalerie forte de 4000 cavaliers sur les ailes,
avec de nombreux chars.
Observant le dispositif tactique de l'ennemi, Alexandre décide de ne
pas attaquer au centre. La stratégie défensive et la tactique relativement
stationnaire de Pôros se révèlent un choix désastreux face à l'ennemi original
qu'est Alexandre. Le peu de mobilité des Indiens permet en effet
à la redoutable cavalerie macédonienne, très expérimentée, de
prendre l'avantage. Alexandre, comme dans les autres batailles, a
recours à sa manoeuvre favorite dite du «front oblique». Il frappe avec
les éléments les plus forts de l'armée le point le plus faible des ennemis, à
savoir la cavalerie de Pôros placée sur les ailes: il attaque lui-même sur
l'aile droite, tandis que Démétrios et Coenos opèrent sur l'aile gauche
une manoeuvre d'enveloppement.
Après un vif affrontement d'avant-garde et les premières charges de la
cavalerie, la phalange s'ébranle et environne les bêtes qui s'avancent
contre elle. Les éléphants percés de coups, et ayant, pour la plupart,
perdu leurs cornacs, ne gardent plus l'ordre ordinaire. Fous de douleur,
ne distinguant plus amis et ennemis, ils renversent tout sur leur passage.
Les Macédoniens, qui ont toute la place pour manoeuvrer, peuvent et
reculer et poursuivre les bêtes quand ils l'estiment nécessaire alors
que les Indiens, au milieu de leurs éléphants, reçoivent d'eux la plupart
de leurs blessures. ..."
Description faite par PLUTARQUE (Vita Alexandri, trad. latine par XYLANDER, ch. LX (partim) :
[60] LX. Rem cum Poro gestam ipse in epistolis retulit. Inter
Alexandri et Pori castra Hydaspes fluebat. Elephantos
Porus semper fluuio oppositos instruebat ad prohibendum
transitu hostem. Alexander singulis noctibus strepitu et
tumultu in castris excitato, suos, ne metuerent barbaros,
adsuefaciebat, nactus autem noctem hibernam luna non
fulgente, cum parte peditum et robore equitum longe ab
hoste progressus ad insulam quandam haud magnum traiecit.
(2) Ibi quum ingens imber effunderetur, atque crebri turbines
et fulmina in exercitum ingruerent, quosdam suorum
perire et conflagrare fulminibus cernens, ab insula ad ulteriorem
ripam contendit. Asper autem Hydaspes et ob tempestatem
turgidus alueum magnum perruperat, eoque plurimum
aquae ferebatur, ita ut mediam terram tenere non
constanter potuerit Alexander, lubricam quippe et undis
cinctam. Ibi eum Onesicritus scribit dixisse : Creditisne,
o Athenienses, quantum periculi sustineam hic, ut a uobis
praedicer? Macedones (ita enim Alexander scriptum reliquit)
omissis ratibus cum armis eluuiem illam superauerunt,
ad mamillas usque madefacti. Inde cum equitatu stadia
uiginti a peditibus processit, ratus fore ut, si hostes equitatu
occurrerent, facile uinceret; sin phalangem mouerent, satis
mature ipsum sui pedites assequerentur; et alterum horum
euentus probauit. Mille enim equites ac sexaginta currus
obuiam sibi factos fudit, curribusque est potitus omnibus,
equites quadringentos interfecit.
(3) Porus quum traiecisse
ipsum Alexandrum sensit, uniuersas contra eum copias
adduxit, quibusdam modo adarcendos transitu Macedones
relictis, metuens uero Alexander elephantos et hostium
multitudinem, ipse in laeuum cornu impetum fecit, Coenum
dextrum adoriri iussit. Utrimque autem cedente cornu,
qui pellebantur ad elephantos subinde se receperunt, atque
ibi agmen coegerunt, ita ut iam pugna commixta, uix
tandem octaua hora animos Indi desponderint. Haec sunt
quae ipse proelii auctor in epistola eo de proelio scribit.
(4) Plerique uno ore scriptores affirmant, Porum cubitormn
quattuor et palmi longitudine fuisse, equitemque corporis
magnitudine elephanto respondisse. Maximus is omnium
fuit et ingenio praeditus admirabili, qui mirificam regis
curam gereret; nam et pro incolumi eo acriter pugnauit,
obuios quosque proruens, et quum eum iaculis uulneribusque
confectum cerneret, ne collaberetur, in genua placide subsidens
singulatim spicula proboscide ex corpore eius extraxit. ...
LX. Il [Alexandre] a raconté lui-même, dans une de ses lettres, ce qui se passa à la bataille contre Porus.
Il y dit que l'Hydaspe séparait les deux camps; que Porus tenait toujours ses éléphants rangés de front
sur l'autre rive pour défendre le passage; que, de son côté, il faisait faire tous les jours beaucoup de
bruit et de tumulte dans son camp, afin que ses soldats, accoutumés aux cris des Barbares, n'en
fussent plus surpris. Dans une nuit orageuse, où la lune n'éclairait pas, il prit une partie de ses gens
de pied, avec l'élite de sa cavalerie, et alla, loin des ennemis, passer le fleuve à une petite île : là,
il fut accueilli d'une pluie violente, accompagnée d'un vent impétueux et de grands éclats de tonnerre.
La mort de plusieurs de ses soldats, qu'il voyait frappés de la foudre, ne l'empêcha pas de
partir de l'île et de gagner l'autre bord. L'Hydaspe, enflé par les pluies, coulait avec tant de rapidité,
qu'il emporta une partie du rivage : comme ses eaux s'engouffraient dans cette brèche avec violence,
Alexandre fut entraîné jusqu'au milieu, et ne pouvait se soutenir, parce que la terre était glissante,
et que le courant du fleuve en emportait toujours quelque partie. Ce fut alors, dit-on, qu'il
s'écria : «O Athéniens, pourriez-vous imaginer à quels périls je m'expose pour mériter vos louanges?»
Voilà ce que rapporte Onésicritus ; mais Alexandre dit seulement que les Macédoniens,
après avoir quitté les bateaux, passèrent la brèche avec leurs armes, ayant de l'eau jusqu'à la poitrine.
Dès qu'il eut passé l'Hydaspe, il prit les devants avec sa cavalerie, à la distance de vingt
stades de ses gens de pied, dans la pensée que si les ennemis venaient le charger avec leur cavalerie,
la sienne serait de beaucoup plus forte; et s'ils faisaient avancer leurs gens de pied, son infanterie
aurait le temps de venir à son secours.
L'attaque commença par un corps de mille chevaux et de soixante chariots, qu'Alexandre eut
culbuté dans un instant : il prit tous les chariots, et tua quatre cents cavaliers.
Porus reconnut, à une défense si vigoureuse, qu'Alexandre en personne avait passé le
fleuve; alors il s'avança avec toute son armée, et ne laissa que quelques troupes sur la rive, pour
défendre le passage contre le reste des Macédoniens. Alexandre, qui craignait les éléphants et la
grande multitude des ennemis, ne voulut pas les attaquer de front; il alla charger l'aile gauche, et
fit attaquer en même temps la droite par Cénus. Les deux ailes de Porus, bientôt enfoncées, se
retirèrent près des éléphants, pour s'y rallier. La mêlée y fut très vive, et les ennemis ne commencèrent
à prendre la fuite qu'à la huitième heure du jour. Voilà les détails qu'a donnés dans une de ses lettres
le général même qui livra la bataille.
Porus, suivant le plus grand nombre des historiens, avait quatre coudées et une spithame de
haut; sa taille et sa grosseur répondaient à celles de l'éléphant qu'il montait, et qui était le plus
grand de l'armée. Cet animal fit paraître dans cette occasion une prudence étonnante, et un soin
admirable pour la personne du roi : tant que Porus conserva ses forces, il le défendit avec courage,
et repoussa tous ceux qui venaient l'attaquer; mais lorsqu'il sentit que, couvert de dards et de
blessures, ce prince s'affaiblissait peu à peu, alors, dans la crainte qu'il ne tombât, il plia les genoux,
le laissa aller doucement à terre, et, avec sa trompe, il lui arracha les dards l'un après l'autre. ...
3. Lecture : Sénèque, Les Questions naturelles, VI,32,9-12 :
L'inutilité de la crainte de la mort
(6,32,9) Quantum potes itaque, ipse te cohortare, Lucili,
contra metum mortis: hic est qui nos humiles facit; hic est qui
uitam ipsam, cui parcit, inquietat ac perdit; hic omnia ista
dilatat, terrarum motus et fulmina. Quae omnia feres constanter, si
cogitaueris nihil interesse inter exiguum tempus et longum.
(6,32,10) Horae sunt quas perdimus; puta dies esse, puta menses,
puta annos: perdimus illos nempe perituros. Quid, oro te, refert
num perueniam ad illos? Fluit tempus et auidissimos sui deserit;
nec quod futurum est meum est nec quod fuit: in puncto fugientis
temporis pendeo, et magni est modicum fuisse.
(6,32,11) Eleganter ille Laelius sapiens dicenti cuidam "Sexaginta annos habeo",
"Hos", inquit, "dicis sexaginta quos non habes". Ne ex
hoc quidem intellegimus incomprehensibilis uitae condicionem
et sortem temporis semper alieni, quod annos numeramus amissos?
(6,32,12) Hoc affigamus animo, hoc nobis subinde dicamus:
moriendum est. Quando? Quid tua? Mors naturae lex est,
mors tributum officiumque mortalium malorumque omnium
remedium est: optauit illam quisquis timet. Omnibus omissis,
hoc unum, Lucili, meditare, ne mortis nomen reformides; effice
illam tibi cogitatione multa familiarem, ut, si ita tulerit, possis
illi et obuiam exire.
Lucilius, armez-vous donc, le plus que vous pourrez, contre
la crainte de la mort : c'est elle qui rend nos âmes viles, c'est
elle qui trouble et empoisonne la vie même qu'elle voudrait
ménager, qui exagère à nos yeux les périls des tremblements
de terre et de la foudre. Tous ces périls, vous les supporterez
avec constance, si vous songez qu'entre un siècle et un instant
il n'y a pas de différence. La mort nous fait perdre quelques
heures : admettez que ce soient des jours, des mois, des années,
nous ne perdons que ce qu'il eût toujours fallu perdre.
Qu'importe que j'y arrive, ou non? Le temps fuit : en vain
l'homme veut le retenir avidement, il nous échappe ; ni l'avenir
n'est à moi, ni le passé. Je flotte suspendu sur un point
mobile de la durée : et encore c'est beaucoup que d'être si peu
de temps. Un jour, un homme disait devant Lélius : J'ai
soixante ans. Quoi! reprit ingénieusement le sage, les soixante
ans que tu n'as plus? Cette nécessité de ne compter que les
années perdues ne peut-elle, du moins, nous faire comprendre
que la vie est insaisissable, et que le temps n'est pas pour
nous? Gravons dans nos âmes et répétons sans cesse : Il faut
mourir. Quand? Peu vous importe. La mort est la loi de la
nature, le tribut et le devoir des mortels, le remède enfin de
tous les maux. Celui qui la craint finira par la désirer.
Laissez là tout le reste, Lucilius, et dirigez vos méditations
vers ce but : ne point craindre le nom de la mort. Rendez-vous
la familière à force d'y penser, pour qu'au besoin vous
soyez prêt à courir au-devant d'elle.
Avec l'application EXERCICES 4.2 (mise à jour le 10 janvier 2005) nous avons créé un exercice de mots croisés (Mots sur sentier) relatif à cette thématique :
Sénèque & la crainte de la mort
4. Dossier : La Méditerranée d'Ulysse :
La revue GEO, dans un numéro HORS SÉRIE, publié en novembre 2004, a consacré un dossier à Ulysse le Méditerranéen avec, en encart, un guide pratique de vingt pages.
De manière à vous permettre de faire une première connaissance avec ce dossier, abondamment illustré, nous vous indiquons ici son sommaire sous la forme de deux images numérisées au format PDF:
Sommaire (première partie) Sommaire (deuxième partie)
Jean Schumacher
14 janvier 2004 |