Horace, Ode III, 13

 

Au fil du texte

 


                

      O fons Bandusiae splendidior uitro,
      dulci digne mero non sine floribus,
      cras
donaberis haedo,
      cui frons turgida cornibus

5    primis et Venerem et proelia destinat.
      Frustra : nam gelidos inficiet tibi
      rubro sanguine riuos
      lasciui
suboles gregis.

      Te flagrantis atrox hora Caniculae
10  nescit tangere, tu frigus amabile
      fessis
uomere tauris
      praebes et pecori uago.

      Fies nobilium tu quoque fontium
      me dicente cauis impositam ilicem
15  saxis, unde loquaces
      lymphae
desiliunt tuae.

 


 

 

donaberis : cette tournure passive, un peu précieuse, permet de conserver la deuxième personne du singulier, que l'on retrouvera à la fin du poème dans le premier verbe de la dernière strophe : fies, et à plusieurs autres endroits du poème, notamment dans le dernier possessif tuae. Le jeune bouc et les chèvres sont le symbole de l’amour : voir HOR., carm. I, 17 ; CATVLL., carm. XVII, 15.

atrox hora : le mot hora est susceptible de deux interprétations, complémentaires dans le poème : il peut désigner une " heure " précise de la journée, celle où le bétail se dirige vers la source pour se protéger de la chaleur, mais l’adjectif atrox connote également cette heure d’un sentiment de souffrance, qui est celle du sacrifice du jeune chevreau ; il peut aussi désigner, plus largement, la " saison " ou le " temps " de la canicule, qui revient chaque année au mois de juillet, élargissant ainsi le poème à un environnement qui dépasse l’occasion ponctuelle du sacrifice des Fontanalia.

Canicula : il s’agit de la constellation de la Petite Chienne, qui coïncide avec les jours les plus chauds du mois de juillet, et qui a donné son nom à la " canicule ". Cette constellation est issue du catastérisme de Maera, la chienne du héros Icarios qui avait introduit la vigne en Attique. Après que ce personnage eut été tué et déchiré par des paysans enivrés, Maera conduisit sa fille Érigonè sur la tombe de son père ; Érigonè s’y suicida, la chienne resta sur la tombe et y mourut de désespoir ; elle fut ensuite transformée en constellation par Dionysos qui la récompensa ainsi de sa fidélité.

nobilium fontium : évoque les fontaines antiques immortalisées par la poésie comme séjours des Muses ou de Nymphes célèbres (Hippocrène, Aréthuse, Aganippe, Egeria, etc.).

 


Responsable académique : Paul-Augustin Deproost     Analyse : Jean Schumacher     Design & réalisation inf. : Boris Maroutaeff

Dernière mise à jour : 13 décembre 2001