Ode III, 13

 

< La source de Bandusie >

 

 


 

Horace s'adresse sur le ton de l'hymne à la source de Bandusie. On sait qu'il existait une source de Bandusie à proximité de Venouse. Mais il s'agit sans doute plutôt ici d'une source dont le poète parle ailleurs (sat. II, 6, 2 et epist. I, 16, 12) et qui coulait dans sa propriété de Sabine, à laquelle il a pu, il est vrai, donner ce nom tiré de ses souvenirs d'enfance. On a même suggéré que Bandusia serait en réalité le nom d’une Nymphe à laquelle serait consacrée la source.

D’autre part, la chronologie précise de ce poème est également problématique : il y est question de l’été, dans l’atrox hora Caniculae (v. 9), mais les deux premières strophes semblent renvoyer à une pratique rituelle qui évoque la fête des Fontanalia en octobre (13 octobre) : au témoignage de Varron, notamment, lors de cette fête, on jetait des couronnes de fleurs dans les sources et on couronnait les puits (VARRON, de lingua latina, VI, 22 : Fontanalia a Fonte, quod is dies feriae eius ; ab eo tum et in fontes coronas iaciunt et puteos coronant). Ces questions d’identification du lieu et de la date continuent d’alimenter une littérature peu enthousiasmante. Une fois de plus, la magie de ce poème se trouve ailleurs : elle est dans le rapport du poète à une nature stylisée comme expression de son inquiétude devant la fuite du temps.

 

Mètre: strophe asclépiade B comme I, 5 (Ode à Pyrrha).

 

Dans sa célèbre Ode II, 9 " À la fontaine Bellerie ", Pierre de Ronsard a imité le poème d’Horace à propos d’une pièce d’eau qui faisait partie de son domaine natal de la Possonière en Vendômois :

 

O Fontaine Bellerie,
Belle fontaine cherie
De noz Nymphes, quand ton eau
Les cache au creux de ta source
Fuyantes le Satyreau,
Qui les pourchasse à la course
Jusqu’au bord de ton ruisseau,

Tu es la Nymphe eternelle
De ma terre paternelle :
Pource en ce pré verdelet
Voy ton Poëte qui t’orne
D’un petit chevreau de laict,
A qui l’une et l’autre corne
Sortent du front nouvelet.

L’Esté je dors ou repose
Sus ton herbe, où je compose,
Caché sous tes saules vers,
Je ne sçay quoy, qui ta gloire
Envoira par l’univers,
Commandant à la Memoire
Que tu vives par mes vers.

L’ardeur de la Canicule
Le verd de tes bords ne brule,
Tellement qu’en toutes pars
Ton ombre est espaisse et druë
Aux pasteurs venant des parcs,
Aux beufs laz de la charuë,
Et au bestial espars.

Iô, tu seras sans cesse
Des fontaines la princesse,
Moy celebrant le conduit
Du rocher persé, qui darde
Avec un enroué bruit
L’eau de ta source jazarde
Qui trepillante se suit.

 

Responsable académique : Paul-Augustin Deproost     Analyse : Jean Schumacher     Design & réalisation inf. : Boris Maroutaeff

Dernière mise à jour : 13 décembre 2001