Caes., BG, V, 7

En fuite, Dumonirix est poursuivi et exécuté

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[1]  Qua re cognita Caesar, quod tantum ciuitati Haeduae dignitatis tribuebat, coercendum atque deterrendum quibuscumque rebus posset Dumnorigem statuebat ;

quod : construction à deux étages dont le second élément est le quod qui ouvre le § 2. Le verbe principal, statuebat, voit s'articuler autour de lui deux infinitives et autant de causales .

  dignitas, atis : signifie ici « l'importance ».

  coercendum, deterrendum : sous-entendre esse derrière ces adjectifs verbaux, ce qui les inclut dans une proposition infinitive introduite par statuebat et leur donne une fonction d'attributs qui les colore d'une idée d'obligation


[2]  quod longius eius amentiam progredi uidebat, prospiciendum ne quid sibi ac rei publicae nocere posset.

longius : sous-entendre quam par erat

prospiciendum : à mettre sur le même plan que coercendum atque deterrendum du § 1, il dépend donc lui aussi de statuebat.

quid : quis/qui équivalent à aliquis s'emploient derrière si, nisi, ne, non num, an

sibi ac rei publicae : « à lui-même (César) et aux intérêts de l'état romain ».


[3]  Itaque dies circiter XXV in eo loco commoratus, quod chorus uentus nauigationem impediebat, qui magnam partem omnis temporis in his locis flare consueuit, dabat operam ut in officio Dumnorigem contineret, nihilo tamen setius omnia eius consilia cognosceret :  

commorari, or, commoratus sum : « s'attarder, séjourner, s'arrêter ». Commoratus a ici le sens d'un participe présent. Ceci peut s'expliquer en considérant que la forme est est sous-entendue Commoratus équivaudrait donc ainsi à commoratus est : « au cours des vingt-cinq jours qu'il resta...., il (César) s'occupait ».

chorus uentus : uentus, i en apposition à chorus. Cette construction est très fréquente avec les noms géographiques : (ex. : mare Oceanus [Caes., BG, III, 7, 2] ou mons Cebenna [Caes., BG, VII, 56, 2]). Le cas le plus répandu est celui de flumen, toujours placé devant le nom propre qu'il caractérise. Il est néanmoins possible, ce qui ici est le cas, que le nom propre précède le nom commun.

magnam partem omnis temporis : « pendant la plus grande partie de l'année ». Expression rare que l'on peut rapprocher de spatia omnis temporis (Caes., BG, VI, 18, 2). Magnam est un accusatif de temps marquant la durée.

nihilo setius ( = secius) : « néanmoins ».


[4]  tandem idoneam nactus tempestatem milites equitesque conscendere naues iubet.

milites : à traduire ici par «fantassins» en opposition à equites « les cavaliers ».


[5]  At omnium inpeditis animis Dumnorix cum equitibus Haeduorum a castris insciente Caesare domum discedere coepit.

inpedire : « embarrasser, gêner, entraver ». Ne marque pas l'embarras des Romains, mais le fait que leur esprit était occupé ailleurs, qu'ils ne prêtaient pas attention aux agissements de Dumnorix.

  discedere coepit : comme souvent, ce type de formule constitue une périphrase où coepit n'est pas rendu en français (« il prit le chemin de... »).


[6]   Qua re nuntiata Caesar intermissa profectione atque omnibus rebus postpositis magnam partem equitatus ad eum insequendum mittit retrahique imperat

qua re nuntiata ... intermissa profectione : il n'est pas rare que César juxtapose, sans user de conjonction, deux ablatifs absolus : le premier exprime alors les circonstances, le temps ou la cause des faits relatés par le second. Ainsi par exemple  :

« priores, quod abesse a periculo uiderentur, neque ulla necessitate neque imperio continerentur, exaudito clamore perturbatis ordinibus omnes in fuga sibi praesidium ponerent » (Caes., BG, II, 11, 5).

« Interim milites legionum duarum quae in nouissimo agmine praesidio impedimentis fuerant proelio nuntiato cursu incitato in summo colle ab hostibus conspiciebantur » (Caes., BG, II, 26, 3).

« His rebus gestis omni Gallia pacata tanta huius belli ad barbaros opinio perlata est, uti ab iis nationibus quae trans Rhenum incolerent mitterentur legati ad Caesarem » (Caes., BG, II, 35, 1).

postponere, o, posui, positum : à rendre ici par «négliger». L'emploi de ce mot comme synonyme de posthabere est plutôt rare.

retrahi imperat : cf. supra


[7] si uim faciat neque pareat, interfici iubet, nihil hunc se absente pro sano facturum arbitratus, qui praesentis imperium neglexisset.

 pro sano : «comme un homme sensé»; sanus, a, um étant alors pris substantivement.

qui ... neglexisset : cf. supra.


[8]  Ille autem reuocatus resistere ac se manu defendere suorumque fidem inplorare coepit saepe clamitans liberum se liberaeque esse ciuitatis.

manu : « les armes à la main », ce qu'annonçait déjà la proposition si uim faciat du § 7.

clamitans : a ici une force intensive et non fréquentative («criant à haute voix»), ce qui efface un possible pléonasme avec saepe.


[9]  Illi, ut erat imperatum, circumsistunt hominem atque interficiunt : at equites Haedui ad Caesarem omnes reuertuntur.  

hominem : ce terme représente l'équivalent déjà nommé (ici Dumnorix). En l'occurrence, César lui donne un sens plus marqué, très proche du français «l'homme» pour mettre en exergue le caractère de la personne dont il est question. Autres attestations de cet usage : 

« quae res et cibi genere et cotidiana exercitatione et libertate uitae, quod a pueris nullo officio aut disciplina adsuefacti nihil omnino contra uoluntatem faciunt, et uires alit et immani corporum magnitudine homines efficit» (Caes., BG, IV, 1, 9).

« Conprobat hominis consilium Fortuna et, cum unum omnes peterent, in ipso fluminis uado deprehensus Indutiomarus interficitur » (Caes., BG, V, 58, 6).