AgoraClass & ITINERA ELECTRONICA


La Galerie d'exposition (le Liber operum)

Numéro d'ordre: 7

AUTEUR: Sarah LALIEUX
Nature du travail: mémoire de licence
Date: 1999-2000
Institution: UCL Louvain-la-Neuve

Titre: Antigone, de la solitude à la solidarité

Résumé:
Dans le cadre de ce mémoire, nous nous proposons d'étudier la figure d'Antigone dans les oeuvres de Sophocle et d'Henry Bauchau, auteur belge contemporain. Nous désirons approcher ce personnage à travers différents thèmes, dans ses relations vécues avec les personnages essentiels.
Dans un chapitre préliminaire, nous présenterons le personnage mythique et littéraire d'Antigone dans l'Antiquité : nous verrons que Sophocle fut le véritable créateur de ce personnage. Nous verrons ensuite l'importance du personnage aux yeux d'Henry Bauchau, personnage présent depuis longtemps dans son imagînaire jusqu'à prendre vie dans ses écrits. Nous présenterons rapidement les épisodes principaux de l'histoire d'Antigone, en établissant le parallélisme entre les événements communs et en marquant les différences, c'està-dire les omissions ou les innovations opérées par H. Bauchau par rapport à Sophocle. Bauchau comble le hiatus entre Oedipe Roi et Oedipe à Colone, et apporte des différences fondamentales lors des épisodes coinmuns.
Dans un premier chapitre, nous étudierons le thème du conflit entre Antigone et Ismène d'abord chez Sophocle. Nous verrons qu'il nait d'une part de l'absence de solidarité d'Ismène au moment de l'édit de Créon et de l'intention d'Antigone d'ensevelir Polynice, d'autre part de la solidarité tardive d'Ismène lors de la condamnation d'Antigone. Dans les deux cas, les deux soeurs se séparent et se retrouvent dans la solitude la plus totale. Henry Bauchau reprend également le thème du conflit mais le traite différemment. Il oppose les deux soeurs au moment du retour d'Antigone à Thèbes alors que la guerre fratricide n'a pas encore commencé. Antigone se bat pour sauver la paix et Ismène s'oppose à ce qu'elle considère comme de vaines espérances. Néanmoins, elle apporte une aide concrète à Antigone. Si elle s'oppose à sa soeur en un conflit de principes, elle lui accorde par contre une solidarité en actes.
Dans un second chapitre, nous étudierons la complicité retrouvée des deux soeurs. Chez H. Bauchau, le conflit aboutit à une compréhension mutuelle et à une complicité totale au coeur même de la guerre. Leur union sera quasi fusionnelle devant la mort de leurs frères, et leur colère semblable à l'écoute de l'édit. Cependant, Antigone ne permettra pas qu' Ismène sacrifie sa vie. Ismène devra la laisser partir contre son gré. Au moment du procès, elle tentera de la défendre, mais de nouveau Antigone l'empêchera de prendre des risques. Au moment de la condamnation, les deux soeurs sont séparées physiquement mais restent profondément unies. Revenant à l'oeuvre sophocléenne nous chercherons une entente et une complicité comparables d'Antigone et d'Ismène. Nous quitterons Thèbes pour les retrouver auprès d'Oedipe à Colone. Dans Oedipe à Colone, Ismène se montre aussi courageuse qu' Antigone, Antigone aussi douce qu' Ismène. Les deux soeurs communient avec Oedipe avant qu'il ne meure. Sophocle avait donc annoncé la solidarité des deux soeurs.
Dans un troisième et dernier chapitre, nous étudierons le thème de la solitude d'Antigone. Nous verrons lue, chez Sophocle, Antigone montre en plein jour la souffrance qui est en elle : souffrance due à sa solitude tu seuil de la mort et aux regrets de ne pas avoir connu l'amour, le mariage et la maternité. Revenant à H. Bauchau, nous verrons que la solitude d'Antigone était exprimée avant sa marche vers la mort. Malgré la solilarité des siens, Antigone se sent abattue et abandonnée lorsqu'elle n'est pas accompagnée de la présence de l' autre, surtout de celle d'Ismène. D'un autre côté, il y a des moments où elle doit accepter cette solitude pour pouvoir aller vers les autres. Emmenée sur la route de la mort, Antigone n'est pas vraiment seule. Elle y retrouve Ismène ainsi que la foule, admirable de compassion. Les gardes deviennent également des êtres senibles et attentifs à sa douleur. C'est Antigone qui doit forcer tous ces êtres à la laisser partir vers la mort, et ontre leur gré. Antigone se retrouve seule dans la grotte qui doit la voir mourir. Refusant de céder au désespoir et de laisser gagner la solitude, elle part dans un monde imaginaire ou elle retrouve les visages et les voix les êtres qui lui sont chers. Elle est alors transfigurée dans le chant d'Io, épouse d'un ami d'errances et mère le ses enfants. Grâce à elle Antigone acquiert la certitude qu'elle survivra, bien mieux qu'elle n'a existé. Elle meurt apaisée et non désespérée.
Au terme de ce parcours, nous verrons donc combien solitude, conflit et solidarité sont des thèmes prégnants dans l'histoire d'Antigone, tout en ayant un sens et une portée différents dans chaque oeuvre. Dans notre conclusion, nous répondrons à cette question : Antigone, solitude ou solidarité ?
Références ITINERA ELECTRONICA:

Référénces bibliographiques récentes:

  • LATINTER, 8ième année - 3-4 / décembre 1999, pp. 56-57
  • Watthée-Delmotte, M. : "L'Antigone d'Henry Bauchau : un déplacement du modèle sophocléen", in : PLOUVIER, P. (éd.) : Le tragique et le mal, actes du colloque Les lectures tragiques du Mal : une approche psychanalytique - Louvain novembre 1996, sous la direction de G. Michaux, Montpellier : Centre d'Etudes Freudiennes (Univ. Paul Valéry) 1997 (Dires ; 20), p. 105-116.

    Descripteurs:Antigone; Sophocle; Bauchau; Oedipe; tragédie;


Responsable académique : Alain Meurant     Analyse : Jean Schumacher     Design & réalisation inf. : Boris Maroutaeff
Dernière mise à jour : 2 juillet 2001