AgoraClass & ITINERA ELECTRONICA


La Galerie d'exposition (le Liber operum)

Numéro d'ordre: 26

AUTEUR: Marie-Catherine de MARNEFFE
Nature du travail: mémoire de licence
Date: 1999-2000
Institution: UCL Louvain-la-Neuve

Titre: La création lexicale en latin. Tendances actuelles de la recherche

Résumé:
L'objet du mémoire fut de présenter une synthèse des résultats actuels en matière de 9 création lexicale en latin. Nous avons opté pour l'analyse approfondie des travaux de deux linguistes souvent cités comme références dans les études récentes de linguistique latine (voire romane) : Guy Serbat et Michèle Fruyt. Notre mémoire est divisé en trois parties : pour chaque sujet traité, nous présentons d'abord les vues de G. Serbat suivies par celles de M. Fruyt. Des conclusions intermédiaires établissent une comparaison et une synthèse des théories abordées. La première partie est consacrée au "mot" : dans un travail tourné vers la création lexicale, il importe de faire le point sur ce concept trop souvent vague. Les travaux des deux linguistes à ce propos se sont révélés complémentaires : G. Serbat offre une définition "pratique" du mot tandis que M. Fruyt dégage la nécessité &une utilisation claire du terme "mot" vu la polysémie dont ce terme est chargé. Elle insiste également sur la délimitation de l'unité lexicale en étudiant le phénomène d'agglutination, dégageant ainsi la notion de "lexie". Il existe dans les langues plusieurs catégories de mot qui nécessitent une classification. En fusionnant les classifications proposées par les deux linguistes, nous en avons proposé une nouvelle. A cette première partie, nous avons joint un appendice sur le statut de la désinence. Nous y avons établi ses différentes fonctions et nous avons examiné son statut par rapport à celui du suffixe. On y conclut que la désinence possède sa spécificité propre en tant que relateur syntaxique tout en partageant avec le suffixe le rôle de créateur lexical. La deuxième partie porte sur les procédés de création lexicale que sont la dérivation et la composition. Les deux premiers chapitres sont consacrés respectivement aux théories de G. Serbat et de M. Fruyt sur un premier procédé de dérivation la suffixation, le chapitre suivant traite de deux autres procédés dérivationnels la préfixation et la parasynthèse (un parasynthétique est formé par l'antéposition et la postposition simultanées d'un préfixe et d'un suffixe), le quatrième chapitre est consacré à la composition. On retiendra surtout la théorie novatrice de G. Serbat qui accorde une plus large importance aux affixes que celle qui leur est ordinairement donnée et qui souligne le pouvoir unificateur du mot. Critiquant la microsyntaxe qui qualifie la base des mots de façon syntaxique, G. Serbat propose un autre statut de la base, celui de notion prégrammaticale. G. Serbat considère alors un suffixé comme la synthèse entre une base (notion prégrammaticale) et un suffixe (catégoriseur syntaxique pourvu ou non d'un signifié sémantique), ara-tor par exemple est analysé comme " être animé doué d'activité (-tor) en rapport avec la notion ara-". Nous avons montré l'avantage d'une telle qualification de la base qui permet une analyse similaire de tous les procédés de création lexicale : suffixation, préfixation, parasynthèse et composition. La théorie de G. Serbat doit toutefois être amendée : la base de certains suffixés (dont les diminutifs, les comparatifs et les superlatifs) ne peut échapper à une catégorisation syntaxique. Lidée de C. Delhay stipulant que les bases, bien que notions, sont cependant associées mémoriellement à des mots figurant des énoncés réels précise la théorie de G Serbat. En ce qui concerne la parasynthèse, G. Serbat limite sa théorie au verbe : elle peut pourtant être étendue à toute une série d'adjectifs latins. L'apport de M. Fruyt à propos des théories de dérivation et de composition se situe davantage en périphérie : elle propose de belles analyses de phénomènes tels la délocutivité et l'emprunt suffixal. La troisième partie, consacrée à la conscience linguistique (c'est-à-dire à l'interprétation que le sujet parlant projette et la réflexion qu'il porte sur la langue a en effet une forte influence sur l'évolution linguistique. Mais pour qu'il y ait réflexion du sujet sur les mots, il faut que ceux-ci soient motivés. Nous avons donc analysé le concept de motivation, puis ceux qui relèvent de l'interprétation synchronique : remotivations, démotivations, analogie et mécoupure. Le locuteur n'est pas non plus sans incidence sur le choix des procédés de dénotation d'une réalité, étudiés dans un second chapitre. Dans un travail qui a pour objet la création lexicale, il importe de tenir compte du rôle effectif du locuteur. En conclusion, nous avons insisté sur la notion de continuum développée par M. Fruyt qui introduit l'idée que tous les faits linguistiques ne sont pas circonscrits de manière nette mais peuvent présenter des situations transitoires, des flottements.

Références ITINERA ELECTRONICA: Parcours 13: La dérivation lexicale

Référénces bibliographiques récentes:

  • LATINTER, 9ième année - 3-4 / décembre 2000, pp. 75-76
  • SERBAT, G., Linguistique latine et linguistique générale, Louvain-la-Neuve, 1988
  • )Structures lexicales du latin. Actes de la table ronde du VIIe Colloque International de Linguistique Latine, éd. M. Fruyt, 1997

Descripteurs:création lexicale; langue latine; G. Serbat; M. Fruyt;


Responsable académique : Alain Meurant     Analyse : Jean Schumacher     Design & réalisation inf. : Boris Maroutaeff
Dernière mise à jour : 5 juillet 2000