Pour quelles raisons Cicéron a-t-il accepté de défendre Murena (coupable) qui était accusé de corruption électorale ?
(crédit: Baptiste Deom, Emilie Maquet)
CIRCONSTANCES POLITIQUES
Prononcé dans une affaire de corruption électorale, durant la 2° quinzaine de novembre 63 av. J.C., entre la 2° et la 3° Catilinaire, ce discours " Pro Murena " se présente comme un épisode de la lutte engagée par Cicéron contre Catilina.
Si Murena était condamné, il fallait recommencer les élections consulaires, ce qui risquait de ramener à Rome, Catilina, candidat évincé, ainsi que les troubles et les violences causées par ses partisans. Catilina risquait d'obtenir le consulat de manière légale.
A cette époque, les candidats usaient souvent de la corruption électorale. Sulpicius, irrité par son échec, et soutenu par Caton, accusa Murena de manœuvres illégales. Celui-ci avait d'ailleurs publiquement annoncé avant les élections qu'il engagerait une action en justice contre celui qui agirait d'une manière illégale, en l'occurrence contre Murena.
POSITION DE CICERON DANS CETTE AFFAIRE
Sa position était délicate :
- Murena était coupable
- Caton, l'un des accusateurs, avait un énorme prestige
- Servius Sulpicius et Caton, ses adversaires au tribunal, étaient ses amis.
- Cicéron était l'auteur d'une " lex Tullia " (loi qui tente de restreindre la corruption électorale) contre la brigue (corruption électorale).
LES RAISONS POUR LESQUELLES CICERON A DEFENDU MURENA
Dans le trouble et le désordre où était la république, Cicéron crut de son devoir de plaider pour Murena car il voyait en lui le seul homme capable de lutter énergiquement contre la conjuration de Catilina et il était de la plus haute importance que la cause des honnêtes gens ne perde pas un tel appui. En effet, alors que Sulpicius Rufus est un juriste (intellectuel), Murena lui est un militaire et donc plus capable de mener à bien une bataille. Celle qui c'est déroulée en 62 et qui avait été pressentie par Cicéron.
Le motif principal pour lequel l'honnête Cicéron a accepté de défendre Murena qui était coupable, c'est un motif politique (pas un motif moral) : Cicéron avait prévu le péril que feraient courir aux partisans de l'ordre et à l'Etat la condamnation de Murena et les nouvelles élections consulaires qui en seraient la conséquence. Si les élections étaient annulées, Catilina pourrait revenir et la guerre civile éclaterait à Rome. Il essaierait de se faire nommer consul. Murena et Silanus, les deux consuls désignés, appartenaient tous les deux au même courant politique que Cicéron et seraient chargés de conclure l'affaire Catilina si Cicéron n'avait pas terminé à la fin de son mandat.
Le peuple avait choisi Murena. C'est donc le devoir du consul de défendre Murena dans le but de faire triompher le souhait du peuple et de faire respecter la démocratie.
Cicéron se concilie la bienveillance de l'auditoire en donnant les raisons qui le font agir : il est consul, c'est donc à lui d'écarter tout péril dont la république est menacée (habileté de Cicéron : il défend Murena car il souhaite que cette élection apporte bonheur et succès).