Langue |
Latin |
Auteur |
Pétrarque |
Références |
Affrica, I, v. 285-311 |
Sujet |
Songe de Scipion : Exhortation de Publius Cornelius SCIPION, mort en 212 av. J-Chr. et père de Scipion l'Africain |
Descripteurs |
Scipion; guerres puniques; Carthage; Espagne; Hasdrubal; |
Hypertexte |
http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm |
Extrait Latin |
285 "Hac uia praeclari, miles, patet ardua leti.
I duce me, quem saepe alias maiore profecto es
Fortuna, nunquam fama meliore secutus!
Non acies ferri, facies non obuia Mortis
Terreat: exiguo decus ingens sanguine Mauors
290 Obicit et caros illustrat caede nepotes.
Nosce genus, patriamque libens amplectere sortem.
Ignauum fortemque mori - ne tangere damno -
Naturae lex una iubet. Breue tempus utrique:
Iam, licet et terrae pelagique pericula cessent,
295 Ultro aderit suspecta dies. Hoc fortibus unum
Contigit, ut laeti morerentur; cetera flendo
Turba perit lacrimasque metu diffundit inertes.
Hora breuis longae testis uenit ultima uitae.
Ergo age, si Latio quicquam de sanguine restat,
[1,300] Morte palam facito; nam dum Fortuna sinebat,
Vicimus et nostris exibant funera dextris.
At modo corporibus, - cedunt quando omnia retro -
Sit satis obstruxisse uiam. Per pectora nostra
Perque truces oculos uultusque in morte tremendos
305 Transcendant! talem libet his opponere montem,
His claustris uallare aditus! Sciat horrida ueros
Barbaries cecidisse uiros, et pallida quamquam,
Haud spernenda tamen Romana cadauera calcet!
Accelera, bene nata cohors - in limine Mors est
310 Inuidiosa bonis - Romanas semper ad aras
Cum lacrimis recolenda piis et ture perenni!"
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Traduction française |
«Ici, soldats, vous est ouverte la route ardue d'un beau trépas. Suivez-moi. Je
vous ai souvent conduits ailleurs avec plus de bonheur, il est vrai, mais jamais avec
plus de gloire. Que la pointe du fer, que la mort que vous verrez en face ne vous
effraye point. Mars offre pour un peu de sang une grande gloire, et il illustre par leur
mort ses chers petits-fils. Connaissez votre origine et épousez de bon coeur le sort
de votre patrie. Ne regrettez point le sacrifice de votre vie. La même loi de la nature
veut que le brave et le lâche meurent, tous deux ont peu de temps à vivre; fût-on
exempté de tous les périls de la terre et de la mer, le jour fatal viendra de lui-même.
Les braves seuls savent mourir avec joie; le vulgaire périt en sanglotant et répand par
crainte des larmespusillanimes. La dernière heure, court témoin d'une longue vie, est
venue. Allons, courage, s'il reste en vous quelques gouttes du sang latin,
[1,300] montrez-le par votre mort. Tant que la fortune l'a permis, nous avons été
vainqueurs et nos mains lançaient le trépas ; mais maintenant que tout nous est
contraire, qu'il nous suffise de barrer la route avec nos corps. L'ennemi montera par-
dessus nos poitrines, par-dessus nos yeux menaçants et nos visages terribles dans la
mort. Voilà la montagne qu'il faut lui opposer, c'est par de telles barrières qu'il
faut fermer le passage. Ils sauront, ces affreux barbares, que là sont tombés des
hommes de coeur, et, en foulant aux pieds les cadavres romains, ils reconnaîtront
que, quoique pâles, ils ne sont point à mépriser. En avant, généreuse cohorte! à la
portenous attend une mort enviée des bons, et qui, sur les autels romains, sera
toujours célébrée par de pieuses larmes et un encens éternel."
Trad. : Victor DEVELAY, Pétrarque, L'Afrique. Paris, Librairie des Bibliophiles, 1882 |
Date : |
19-06-2007 |
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