Langue |
Latin |
Auteur |
Tertullien |
Références |
Apologétique, 25 |
Sujet |
La grandeur de Rome est-elle due à leurs dieux ? |
Descripteurs |
grandeur; Rome; dieux; |
Hypertexte |
à venir |
Extrait Latin |
(12) Sed quam uanum est fastigium Romani nominis religiositatis meritis
deputare, cum post imperium siue adhuc regnum religio profecerit, age iam, rebus
religio profecerit. Nam, etsi a Numa concepta est curiositas superstitiosa,
nondum tamen aut simulacris aut templis res diuina apud Romanos constabat. (13)
Frugi religio et pauperes ritus et nulla Capitolia certantia ad caelum, sed
temeraria de caespite altaria, et uasa adhuc Samia, et nidor exil(l)is et deus
ipse nusquam. Nondum enim tunc ingenia Graecorum atque Tuscorum fingendis
simulacris urbem inundauerant. Ergo non ante religiosi Romani quam magni,
ideoque non ob hoc magni, quia religiosi.
(14) Atquin quomodo ob religionem magni, quibus magnitudo de irreligiositate
prouenit? Ni fallor enim, omne regnum uel imperium bellis quaeritur et uictoriis
propagatur. Porro bella et uictoriae captis et euersis plurimum urbibus
constant. Id negotium sine deorum iniuria non est; eaedem strages moenium et
templorum, pares caedes ciuium et sacerdotum nec dissimiles rapinae sacrarum
diuitiarum et profanarum. (15) Tot igitur sacrilegia Romanorum quot tropaea, tot
deis quot de gentibus triumphi, tot manubiae quot manent adhuc simulacra
captiuorum deorum.
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Traduction française |
Mais que c'est avec peu de fondement qu'on attribue aux dieux la grandeur de Rome,
comme prix des honneurs qu'ils en ont reçus, puisque ces honneurs sont postérieurs
à sa grandeur ! Car quoique Numa soit le premier auteur de vos superstitions,
néanmoins vous n'aviez de son temps ni statues ni temples; la religion était frugale,
les cérémonies pauvres; il n'y avait pas de Capitole rival de l'Olympe, mais des autels
de gazon dressés à la hâte, des vases d'argiles, une fumée légère; le dieu ne paraissait
nulle part, l'art des Grecs et des Étrusques n'avait pas encore rempli Rome de figures.
En un mot les Romains n'étaient pas religieux avant d'être grands ; ils ne sont donc
pas grands parce qu'ils ont été religieux : et comment le seraient-ils, si l'irréligion a
été la source de leur grandeur? En effet, les royaumes et les empires, si je ne me
trompe, s'établissent par les guerres, s'agrandissent par les victoires; mais les guerres
et les victoires entraînent nécessairement la ruine des villes. Les villes ne peuvent être
ruinées sans que les dieux en souffrent. Les murailles et les temples s'écroulent à la
fois, le sang des prêtres coule mêlé avec celui de leurs concitoyens; les mêmes mains
enlèvent l'or sacré et l'or profane ; ainsi autant de trophées des Romains, autant de
sacrilèges; autant de triomphes sur les peuples, autant de triomphes sur les dieux;
autant de dépouilles ravies à l'ennemi, autant de simulacres des dieux captifs.
Trad. : J.-A.-C. BUCHON, Choix des monuments primitifs de l'église chrétienne, Paris, Delagrave, 1882 |
Date : |
23-10-2006 |
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