Extrait Grec |
Ἀριστόξενος δέ φησι τὴν πυρρίχην ἀπὸ Πυρρίχου Λάκωνος τὸ γένος τὴν
προσηγορίαν λαβεῖν· Λακωνικὸν δ´ εἶναι μέχρι καὶ νῦν ὄνομα τὸν Πύρριχον.
ἐμφανίζει δ´ ἡ ὄρχησις πολεμικὴ οὖσα ὡς Λακεδαιμονίων τὸ εὕρημα. πολεμικοὶ
δ´ εἰσὶν οἱ Λάκωνες, ὧν καὶ οἱ υἱοὶ τὰ ἐμβατήρια μέλη ἀναλαμβάνουσιν, ἅπερ
καὶ ἐνόπλια καλεῖται. καὶ αὐτοὶ δ´ οἱ Λάκωνες ἐν τοῖς πολέμοις τὰ Τυρταίου
ποιήματα ἀπομνημονεύοντες ἔρρυθμον κίνησιν ποιοῦνται. Φιλόχορος δέ φησιν
κρατήσαντας Λακεδαιμονίους Μεσσηνίων διὰ τὴν Τυρταίου στρατηγίαν ἐν ταῖς
στρατείαις ἔθος ποιήσασθαι, ἂν δειπνοποιήσωνται καὶ παιωνίσωσιν, ᾄδειν
καθ´ ἕνα τὰ Τυρταίου· κρίνειν δὲ τὸν πολέμαρχον καὶ ἆθλον διδόναι τῷ νικῶντι
κρέας. ἡ δὲ πυρρίχη παρὰ μὲν τοῖς ἄλλοις Ἕλλησιν οὐκ ἔτι παραμένει·
ἐκλιπούσης δὲ αὐτῆς συμβέβηκε καὶ τοὺς πολέμους καταλυθῆναι. παρὰ μόνοις
δὲ Λακεδαιμονίοις διαμένει προγύμνασμα οὖσα τοῦ πολέμου· ἐκμανθάνουσί τε
πάντες ἐν τῇ Σπάρτῃ ἀπὸ πέντε ἐτῶν πυρριχίζειν. ἡ δὲ καθ´ ἡμᾶς πυρρίχη
Διονυσιακή τις εἶναι δοκεῖ, ἐπιεικεστέρα οὖσα τῆς ἀρχαίας. ἔχουσι γὰρ οἱ
ὀρχούμενοι θύρσους ἀντὶ δοράτων, προίενται δὲ ἐπ´ ἀλλήλους καὶ νάρθηκας καὶ
λαμπάδας φέρουσιν ὀρχοῦνταί τε τὰ περὶ τὸν Διόνυσον καὶ {τὰ περὶ} τοὺς Ἰνδοὺς
ἔτι τε τὰ περὶ τὸν Πενθέα. τακτέον δὲ ἐπὶ τῆς πυρρίχης τὰ κάλλιστα μέλη καὶ
τοὺς ὀρθίους ῥυθμούς.
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Traduction française |
Quant à la pyrrhique, Aristoxène dit qu'elle fut ainsi nommée de certain
Pyrrhique de Laconie ; que d'ailleurs, ce mot est encore un nom lacon. Cette danse
paraît être toute militaire, étant une invention des Lacédémoniens. On soit que les
Laons sont des gens guerriers, et que leurs enfants aiment à apprendre les chansons
embatéries, autrement appelées chansons de l'armure. Les Lacons eux-mêmes
rappellent au combat les poèmes de Tyrtée, et en suivent le rythme pour régler les
mouvements de leur attaque. Si l'on en croit Philochore, les Lacédémoniens s'étant
rendus maîtres des Messéniens, sous la conduite de Tyrtée, établirent pour loi que
toutes les fois qu'ils seraient à souper, et qu'ils chanteraient des pæans dans leurs
expéditions militaires, ils chanteraient aussi les uns après les autres des vers de ce
poète ; et que le général donnerait de la viande pour prix: à celui qui aurait le mieux
chanté. Cette danse pyrrhique n'est plus en usage en Grèce que chez les
Lacédémoniens ; mais si elle est tombée en désuétude, il en est aussi résulté que les
guerres ont enfin cessé. Elle n'est même plus, chez les Lacédémoniens qui l'ont
conservée, que comme une espèce de prélude militaire pour la guerre ; car tous leurs
enfants apprennent à danser la pyrrhique, dès l'âge de cinq ans. Mais notre
pyrrhique actuelle a plutôt l'air d'une danse bachique ; car les mouvements en sont
bien moins vifs que ceux de l'ancienne. Les danseurs ont à présent des demi-piques,
au lieu de thyrses; ils se les jettent les uns aux autres : ils ont aussi des férules, des
torches; et ils figurent dans leurs danses les exploits de Bacchus, son expédition aux
Indes, et la mort de Penthée. On ne peut adapter à cette danse que de très beaux vers
et des tons fort élevés.
Trad. : Lefebvre de Villebrune, Banquet des savans par Athénée. Paris, Lamy, 1789
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