Extrait Grec |
Οἶδα ἐγὼ αἱρέσει τινὶ ἐντυχών, καὶ ὁ ταύτης προϊστάμενος διὰ τῆς χρήσεως
ἔφασκεν τῆς ἡδονῆς ἡδονῇ μάχεσθαι, αὐτομολῶν πρὸς ἡδονὴν διὰ προσποιητοῦ
μάχης ὁ γενναῖος οὗτος γνωστικός (ἔφασκε γὰρ δὴ αὑτὸν καὶ γνωστικὸν εἶναι),
ἐπεὶ οὐδὲ μέγα ἔλεγεν τὸ ἀπέχεσθαι ἡδονῆς μὴ πεπειραμένον, ἐν αὐτῇ δὲ
γενόμενον μὴ κρατεῖσθαι, ὅθεν γυμνάζεσθαι δι´ αὐτῆς ἐν αὐτῇ. Ἐλάνθανεν δὲ
ἑαυτὸν κατασοφιζόμενος ὁ ἄθλιος τῇ φιληδόνῳ τέχνῃ. Ταύτῃ δηλονότι τῇ δόξῃ
καὶ Ἀρίστιππος ὁ Κυρηναῖος προσέβαλλεν τοῦ τὴν ἀλήθειαν αὐχοῦντος
σοφιστοῦ. Ὀνειδιζόμενος γοῦν ἐπὶ τῷ συνεχῶς ὁμιλεῖν τῇ ἑταίρᾳ τῇ Κορινθίᾳ,
« Ἔχω γὰρ» ἔλεγεν «Λαΐδα καὶ οὐκ ἔχομαι ὑπ´ αὐτῆς.» Τοιοῦτοι δὲ καὶ οἱ
φάσκοντες ἑαυτοὺς Νικολάῳ ἕπεσθαι, ἀπομνημόνευμά τι τἀνδρὸς φέροντες ἐκ
παρατροπῆς τὸ «δεῖν παραχρῆσθαι τῇ σαρκί». Ἀλλ´ ὁ μὲν γενναῖος κολούειν
δεῖν ἐδήλου τάς τε ἡδονὰς τάς τε ἐπιθυμίας καὶ τῇ ἀσκήσει ταύτῃ καταμαραίνειν
τὰς τῆς σαρκὸς ὁρμάς τε καὶ ἐπιθέσεις. Οἳ δὲ εἰς ἡδονὴν τράγων δίκην
ἐκχυθέντες, οἷον ἐφυβρίζοντες τῷ σώματι, καθηδυπαθοῦσιν, οὐκ εἰδότες ὅτι τὸ
μὲν ῥακοῦται φύσει ῥευστὸν ὄν, ἡ ψυχὴ δὲ αὐτῶν ἐν βορβόρῳ κακίας
κατορώρυκται, δόγμα ἡδονῆς αὐτῆς, οὐχὶ δὲ ἀνδρὸς ἀποστολικοῦ
μεταδιωκόντων. Τίνι γὰρ οὗτοι Σαρδαναπάλλου διαφέρουσιν;
Οὗ τὸν βίον δηλοῖ τὸ ἐπίγραμμα·
ταῦτ´ ἔχω ὅσς´ ἔφαγον καὶ ἐφύβρισα καὶ μετ´ ἔρωτος
τέρπν´ ἔπαθον, τὰ δὲ πολλὰ καὶ ὄλβια κεῖνα λέλειπται.
καὶ γὰρ ἐγὼ σποδός εἰμι, Νίνου μεγάλης βασιλεύσας.
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Traduction française |
Je [Clément d’Alex.] le sais, je rencontre ici sur ma route une hérésie dont le chef
prétendait combattre la volupté par l'usage de la volupté. Combat simulé, par lequel
cet illustre gnostique passait réellement sous les bannières de l'ennemi ;
car il se disait gnostique. Ecoutez-le ! « Rien de grand à s'abstenir de la volupté, sans
l'avoir expérimentée ; le sublime, c'est d'en user sans être vaincu par elle. » De là son
mot ordinaire : «Je m'exerce par la volupté contre la volupté. «L'imprudent ! il se
séduisait lui-même par les artifices de la passion. Aristide de Cyrène a embrassé la
même opinion que ce sophiste qui se vante de posséder la vérité. Quelqu'un lui
faisant honte de ses relations avec une courtisane de Corinthe :
« Je possède Laïs, répondit-il, Lais ne me possède pas. » Telles sont aussi les opinions
de ceux qui prétendent suivre Nicolas, dont ils rapportent cet aphorisme, mais en le
détournant de son vrai sens : « Il faut abuser de la chair. »
Cet illustre fidèle voulait dire qu'attentifs à mutiler nos voluptés et nos désirs, nous
devons par cet exercice mortifier la chair, en éteindre les appétits et les ardeurs
soudaines. Ses prétendus sectateurs, au contraire, se ruant sur la volupté avec
l'emportement du bouc , et en quelque sorte insultant au corps, dépensent leur vie en
plaisirs, sans songer que le corps, caduc de sa nature , s'use et tombe en lambeaux.
Mais leur âme est enfouie dans le bourbier du vice, attachée aux dogmes de la
volupté plutôt qu'à ceux de l'homme apostolique. En quoi diffèrent-ils, je vous prie,
de Sardanapale, dont cette inscription caractérise la vie :
« Mes débauches de table, mes débauches d'amour, je les possède ; mais hélas ! mes
mille voluptés gisent laissées derrière moi.
De celui qui a régné sur la grande Ninive, que reste-t-il ? un peu de cendre. »
Trad. : Antoine Eugène de Genoude, Les Pères de l'Église, t. V, Paris, 1839
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