Traduction française |
§ 18. Mais il est une opinion soutenue par quelques Pythagoriciens, qui n'est pas fort
exacte : ils prétendent qu'il y a des animaux qui se nourrissent d'odeurs. D'abord
nous voyons que toute nourriture doit être composée, car les êtres qui se
nourrissent ne sont pas simples eux-mêmes; et voilà pourquoi il se forme des résidus
des aliments, soit dans les êtres eux-mêmes, soit en dehors, comme dans les
végétaux. De plus, l'eau toute seule et sans mélange est incapable de nourrir, car il
faut toujours que la matière qui doit être assimilée ait une sorte de solidité corporelle
; à bien plus forte raison ne peut-on, avec quelque apparence, supposer que l'air
puisse prendre un corps. Ajoutons que tous les animaux ont un organe qui
reçoit la nourriture, et d'où le corps la tire pour se l'assimiler ; mais l'organe qui
perçoit l'odeur est placée dans la tête, et l'odeur entre avec l'exhalaison aériforme de
sorte qu'elle va au lieu même qui sert à respirer. § 19. Il est donc évident que
l'odorable, en tant qu'odorable, ne contribue en rien à l'alimentation. Mais il n'est pas
moins clair qu'il contribue à la santé comme le prouve la sensation même, et comme
le prouve aussi ce que nous venons de dire. Par conséquent, le rôle que la saveur joue
dans la nourriture, pour les êtres quand ils se nourrissent, l'odeur (445c) le remplit
pour la santé.
Trad. : J. Barthélémy Saint Hilaire, La Psychologie d'Aristote. Opuscules. Paris, Dumont, 1847
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