Extrait Grec |
Φιλοτιμίᾳ μὲν οὐδεμιᾷ μὰ τὼ θεὼ
384 λέξους´ ἀνέστην, ὦ γυναῖκες· ἀλλὰ γὰρ
385 βαρέως φέρω τάλαινα πολὺν ἤδη χρόνον,
386 προπηλακιζομένας ὁρῶς´ ἡμᾶς ὑπὸ
387 Εὐριπίδου τοῦ τῆς λαχανοπωλητρίας
388 καὶ πολλὰ καὶ παντοῖ´ ἀκουούσας κακά.
389 Τί γὰρ οὗτος ἡμᾶς οὐκ ἐπισμῇ τῶν κακῶν;
390 Ποῦ δ´ οὐχὶ διαβέβληχ´, ὅπουπερ ἔμβραχυ
391 εἰσὶν θεαταὶ καὶ τραγῳδοὶ καὶ χοροί,
392 τὰς μοιχοτρόπους, τὰς ἀνδρεραστρίας καλῶν,
393 τὰς οἰνοπότιδας, τὰς προδότιδας, τὰς λάλους,
394 τὰς οὐδὲν ὑγιές, τὰς μέγ´ ἀνδράσιν κακόν;
395 Ὥστ´ εὐθὺς εἰσιόντες ἀπὸ τῶν ἰκρίων
396 ὑποβλέπους´ ἡμᾶς σκοποῦνταί τ´ εὐθέως
397 μὴ μοιχὸς ἔνδον ᾖ τις ἀποκεκρυμμένος.
398 Δρᾶσαι δ´ ἔθ´ ἡμῖν οὐδὲν ὧνπερ καὶ πρὸ τοῦ
399 ἔξεστι· τοιαῦθ´ οὗτος ἐδίδαξεν κακὰ
[400] τοὺς ἄνδρας ἡμῶν. Ὥστ´ ἐάν τίς τινα πλέκῃ
401 γυνὴ στέφανον, ἐρᾶν δοκεῖ· κἂν ἐκβάλῃ
402 σκεῦός τι κατὰ τὴν οἰκίαν πλανωμένη,
403 ἁνὴρ ἐρωτᾷ· »Τῷ κατέαγεν ἡ χύτρα;
404 Οὐκ ἔσθ´ ὅπως οὐ τῷ Κορινθίῳ ξένῳ.«
405 Κάμνει κόρη τις, εὐθὺς ἁδελφὸς λέγει·
406 »Τὸ χρῶμα τοῦτό μ´ οὐκ ἀρέσκει τῆς κόρης.«
407 Εἶἑν. Γυνή τις ὑποβαλέσθαι βούλεται
408 ἀποροῦσα παίδων, οὐδὲ τοῦτ´ ἔστιν λαθεῖν.
409 Ἅνδρες γὰρ ἤδη παρακάθηνται πλησίον·
410 πρὸς τοὺς γέροντάς θ´ οἳ πρὸ τοῦ τὰς μείρακας
411 ἤγοντο, διαβέβληκεν, ὥστ´ οὐδεὶς γέρων
412 γαμεῖν ἐθέλει γυναῖκα διὰ τοὔπος τοδί·
413 »Δέσποινα γὰρ γέροντι νυμφίῳ γυνή.«
414 Εἶτα διὰ τοῦτον ταῖς γυναικωνίτισιν
415 σφραγῖδας ἐπιβάλλουσιν ἤδη καὶ μοχλοὺς
416 τηροῦντες ἡμᾶς, καὶ προσέτι Μολοττικοὺς
417 τρέφουσι μορμολυκεῖα τοῖς μοιχοῖς κύνας.
418 Καὶ ταῦτα μὲν ξυγγνώσθ´· ἃ δ´ ἦν ἡμῖν πρὸ τοῦ
419 αὐταῖς ταμιεῦσαι καὶ προαιρούσαις λαβεῖν
420 ἄλφιτον, ἔλαιον, οἶνον, οὐδὲ ταῦτ´ ἔτι
421 ἔξεστιν. Οἱ γὰρ ἄνδρες ἤδη κλειδία
422 αὐτοὶ φοροῦσι κρυπτά, κακοηθέστατα,
423 Λακωνίκ´ ἄττα, τρεῖς ἔχοντα γομφίους.
424 Πρὸ τοῦ μὲν οὖν ἦν ἀλλ´ ὑποῖξαι τὴν θύραν
425 ποησαμέναισι δακτύλιον τριωβόλου·
426 νῦν δ´ οὗτος αὐτοὺς ᾡκότριψ Εὐριπίδης
427 ἐδίδαξε θριπήδεστ´ ἔχειν σφραγίδια
428 ἐξαψαμένους. Νῦν οὖν ἐμοὶ τούτῳ δοκεῖ
429 ὄλεθρόν τιν´ ἡμᾶς κυρκανᾶν ἁμωσγέπως,
430 ἢ φαρμάκοισιν ἢ μιᾷ γέ τῳ τέχνῃ,
431-432 ὅπως ἀπολεῖται. |
Traduction française |
Femmes, ce n'est aucune idée d'ambition, j'en atteste les deux Déesses, qui me fait
lever pour prendre la parole; mais l'indignation que j'éprouve, malheureuse, à nous
voir, depuis si longtemps, en butte aux insultes d'Euripide, ce fils d'une marchande
d'herbes, et à ses invectives incessantes et de toute nature. Car quels outrages ne
répand-il pas sur nous? Il nous calomnie partout où se réunissent des spectateurs,
des tragédiens et des chœurs, nous appelant adultères, débauchées, biberonnes,
traîtresses, bavardes, malsaines, grand fléau des hommes. Aussi nos maris, au sortir
des planches du théâtre, nous regardent en dessous, et examinent tout de suite s'il n'y
a pas là quelque amant caché. Il ne nous est plus permis de rien faire comme
autrefois,
[400] tant il a donné de mauvaises idées à nos maris. Ainsi, une femme tresse-t-elle
une couronne, on la croit amoureuse. Renverse-t-elle un vase en allant et venant dans
la maison, le mari demande aussitôt pour qui elle a brisé la poterie : il est probable
que c'est pour l'étranger de Corinthe. Une fille est-elle malade? son père ne manque
pas de dire : « Ce teint-là ne me convient pas pour une fille. » Ce n'est pas tout; une
femme qui n'a pas d'enfants veut en supposer un : elle ne peut pas s'isoler un instant;
les hommes restent là, tout près. Les vieillards, qui naguère épousaient de jeunes
femmes, il les a si bien calomniés, que pas un vieillard aujourd'hui ne veut se marier,
sur la foi de ce vers :
(413) "vieillard qui se marie a pour femme un tyran".
C'est encore à cause de lui que sur les gynécées on applique des cachets et du bois
pour nous garder, et que l'on nourrit des chiens molosses, épouvantail des amants.
Or, cela même est excusable; mais nous n'avons plus, comme autrefois, la liberté de
disposer à notre gré, dans le ménage, de l'orge, de l'huile, du vin : cela nous est
interdit. Les hommes portent toujours sur eux des petites clefs secrètes, tout ce qu'il y
a de plus perfide, venant de Laconie, munies de trois crans. Avant cela, pour ouvrir
une porte, nous usions d'un cachet semblable au leur, du prix d'un triobole; mais
maintenant cette peste d'Euripide les a stylés à faire usage de cachets de bois
vermoulu. Je suis donc d'avis maintenant de nous défaire de notre ennemi d'une
manière quelconque; soit par le poison, soit par tout autre moyen, pourvu qu'il
meure.
Trad. : Eugène TALBOT, Aristophane. Paris, A. Lemerre, 1897 |