Langue |
Grec |
Auteur |
Sophocle |
Références |
Les Trachiniennes, vers 553 - 587 |
Sujet |
Déjanire, épouse d'Hercule, et le philtre d'amour |
Descripteurs |
Déjanire; Hercule; philtre d'amour; Centaure; Nessos; tunique; |
Hypertexte |
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/intro.htm#soph |
Extrait Grec |
ᾗ δ´ ἔχω, φίλαι,
554 λυτήριον λώφημα, τῇδ´ ὑμῖν φράσω.
555 Ἦν μοι παλαιὸν δῶρον ἀρχαίου ποτὲ
556 θηρός, λέβητι χαλκέῳ κεκρυμμένον,
557 ὃ παῖς ἔτ´ οὖσα τοῦ δασυστέρνου παρὰ
558 Νέσσου φθίνοντος ἐκ φονῶν ἀνειλόμην,
559 ὃς τὸν βαθύρρουν ποταμὸν Εὔηνον βροτοὺς
560 μισθοῦ πόρευε χερσίν, οὔτε πομπίμοις
561 κώπαις ἐρέσσων οὔτε λαίφεσιν νεώς.
562 Ὃς κἀμέ, τὸν πατρῷον ἡνίκα στόλον
563 ξὺν Ἡρακλεῖ τὸ πρῶτον εὖνις ἑσπόμην,
564 φέρων ἐπ´ ὤμοις, ἡνίκ´ ἦν μέσῳ πόρῳ,
565 ψαύει ματαίαις χερσίν· ἐκ δ´ ἤϋς´ ἐγώ,
566 χὠ Ζηνὸς εὐθὺς παῖς ἐπιστρέψας χεροῖν
567 ἧκεν κομήτην ἰόν· ἐς δὲ πλεύμονας
568 στέρνων διερροίζησεν· ἐκθνῄσκων δ´ ὁ θὴρ
569 τοσοῦτον εἶπε· «Παῖ γέροντος Οἰνέως,
570 τοσόνδ´ ὀνήσῃ τῶν ἐμῶν, ἐὰν πίθῃ,
571 πορθμῶν, ὁθούνεχ´ ὑστάτην ς´ ἔπεμψ´ ἐγώ·
572 ἐὰν γὰρ ἀμφίθρεπτον αἷμα τῶν ἐμῶν
573 σφαγῶν ἐνέγκῃ χερσὶν ᾗ μελαγχόλους
574 ἔβαψεν ἰοὺς θρέμμα Λερναίας ὕδρας,
575 ἔσται φρενός σοι τοῦτο κηλητήριον
576 τῆς Ἡρακλείας, ὥστε μήτιν´ εἰσιδὼν
577 στέρξει γυναῖκα κεῖνος ἀντὶ σοῦ πλέον.»
578 Τοῦτ´ ἐννοήσας´, ὦ φίλαι, δόμοις γὰρ ἦν
579 κείνου θανόντος ἐγκεκλῃμένον καλῶς,
580 χιτῶνα τόνδ´ ἔβαψα, προσβαλοῦς´ ὅσα
581 ζῶν κεῖνος εἶπε· καὶ πεπείρανται τάδε.
582 Κακὰς δὲ τόλμας μήτ´ ἐπισταίμην ἐγὼ
583 μήτ´ ἐκμάθοιμι, τάς τε τολμώσας στυγῶ.
584 Φίλτροις δ´ ἐάν πως τήνδ´ ὑπερβαλώμεθα
585 τὴν παῖδα καὶ θέλκτροισι τοῖς ἐφ´ Ἡρακλεῖ,
586 μεμηχάνηται τοὔργον, εἴ τι μὴ δοκῶ
587 πράσσειν μάταιον· εἰ δὲ μή, πεπαύσομαι.
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Traduction française |
J'ai trouvé [Déjanire] , mes amies, un autre remède à mon chagrin, et vous allez le
connaître. Je conservais, renfermé dans un coffret d'airain, un présent que m'avait fait
autrefois le Centaure Nessos. J'étais encore presque une enfant lorsque, mortellement
blessé, le vieux monstre au poitrail crépu m'en fit don.
559 D'un bord à l'autre du fleuve Evénos, au cours profond, sans s'aider de rames ni
de voiles, il gagnait sa vie en passant à bras les voyageurs. Je faisais alors mon
premier voyage avec Héraclès, le jeune époux que mon père m'avait choisi. Le
Centaure me prend sur son dos, mais voilà qu'au milieu du passage l'insolent ose
porter les mains sur moi. A mes cris, le fils de Zeus se retourne et lui décoche une
flèche sifflante qui s'enfonce dans sa poitrine jusqu'au poumon. Le monstre agonisant
peut à peine m'adresser quelques mots :
569 « Fille du vieil Oenée, ô ma dernière passagère, cette aventure te portera bonheur
si tu consens à m'écouter. Recueille du sang coagulé de ma blessure, mêlé au noir
venin de l'hydre de Lerne dont la flèche est imprégnée, et tu posséderas un charme
d'amour si puissant sur l'esprit d'Héraclès que jamais il ne chérira aucune
femme plus que toi. » Depuis sa mort, mes amies, je conservais à la maison ce présent
soigneusement enfermé. L'idée m'est venue d'en teindre une tunique en suivant les
instructions du moribond. C'est chose faite. Loin de moi les audaces perfides; puissé-
je n'en être jamais capable! Les femmes qui le sont me font horreur. Si seulement, par
l'effet de ce philtre, j'éclipsais ma jeune rivale en jetant un charme sur Héraclès,
j'aurais atteint mon but. Trouvez-vous mon projet raisonnable ? Sinon, je
l'abandonnerai.
Trad. : M. ARTAUD, Tragédies de Sophocle. Paris, Charpentier, 1859 |
Date : |
16-10-2009 |
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