Extrait Grec |
Διὰ ταύτην γοῦν τὴν διηπατημένην καὶ ψευδῆ δόξαν πάντα καταμέμφονται
θάνατον. Ἐὰν μὲν (117b) γὰρ ἐν ἀποδημίᾳ τις ὢν ἀποθάνῃ, στένουσιν
ἐπιλέγοντες·Δύσμορος, οὐδ´ ἄρα τῷ γε πατὴρ καὶ πότνια μήτηρ
ὄσσε καθαιρήσουσιν·ἐὰν δ´ ἐπὶ τῆς οἰκείας πατρίδος παρόντων τῶν γονέων,
ὀδύρονται ὡς ἐξαρπασθέντος ἐκ τῶν χειρῶν καὶ τὴν ἐν ὀφθαλμοῖς ὀδύνην αὐτοῖς
ἀφέντος. Ἐὰν δ´ ἄφωνος μηδὲν προσειπὼν περὶ μηδενός, κλαίοντες λέγουσιν·
Οὐδέ τί μοι εἶπας πυκινὸν ἔπος, οὗ τέ κεν αἰεί (117c) μεμνῄμην.Ἐὰν
προσομιλήσας τι, τοῦτ´ ἀεὶ πρόχειρον ἔχουσιν ὥσπερ ὑπέκκαυμα τῆς λύπης. Ἐὰν
ταχέως, ὀδύρονται λέγοντες « Ἀνηρπάσθη. » Ἐὰν μακρῶς, μέμφονται ὅτι
καταφθινήσας καὶ τιμωρηθεὶς ἀπέθανε. Πᾶσα πρόφασις ἱκανὴ πρὸς τὸ τὰς
λύπας καὶ τοὺς θρήνους συνεγείρειν.
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Traduction française |
C'est cette fausse et trompeuse opinion qui fait qu'on se plaint de la mort, de quelque
manière qu'elle arrive. (117b) Un homme est-il mort loin de son pays, on dit en
gémissant : Infortuné ! ses yeux, en quittant la lumière, Par de tendres parents n'ont
point été fermés.Meurt–il dans sa patrie, entre les bras de ses parents, on gémit de ce
qu'il a été ainsi enlevé et qu'il ne reste de lui que le triste souvenir de l'avoir perdu.
Expire–t-il en silence, sans avoir rien dit de mémorable, on s'écrie en pleurant :
Tu n'as point proféré quelque sage maxime, (117c) Dont j'eusse à conserver l'utile
souvenir! A–t–il dit quelques mots avant de mourir, ou se les rappelle sans cesse
pour servir d'aliment à la douleur. Sa mort a-t-elle été prompte, hélas! dit-on, comme
il nous a été ravi ! Si elle a été lente, on se plaint de ce qu'il a souffert longtemps;
enfin, on se fait un prétexte de tout pour s'abandonner à la douleur et aux larmes.
Trad. : abbé RICARD, Oeuvres complètes de Plutarque - Oeuvres morales. T. IV, Paris, Lefèvre, 1844 |