Extrait Grec |
Πρὸς δὲ δὴ τούτοις τὸ διὰ στόματος ὂν τοῖς ἀνθρώποις ὁρᾷς ὡς ἐκ πολλῶν ἐτῶν
περιφέρεται θρυλούμενον. » « Τί τοῦτ´; » ἔφη. Κἀκεῖνος ὑπολαβών « Ὡς ἄρα μὴ
γενέσθαι μέν, » ἔφη, « ἄριστον πάντων, τὸ δὲ (115d) τεθνάναι τοῦ ζῆν ἐστι
κρεῖττον. Καὶ πολλοῖς οὕτω παρὰ τοῦ δαιμονίου μεμαρτύρηται. Τοῦτο μὲν ἐκείνῳ
τῷ Μίδᾳ λέγουσι δήπου μετὰ τὴν θήραν ὡς ἔλαβε τὸν Σειληνὸν διερωτῶντι καὶ
πυνθανομένῳ τί ποτ´ ἐστὶ τὸ βέλτιστον τοῖς ἀνθρώποις καὶ τί τὸ πάντων
αἱρετώτατον, τὸ μὲν πρῶτον οὐδὲν ἐθέλειν εἰπεῖν ἀλλὰ σιωπᾶν ἀρρήτως· ἐπειδὴ
δέ ποτε μόγις πᾶσαν μηχανὴν μηχανώμενος προσηγάγετο φθέγξασθαί τι πρὸς
αὐτόν, οὕτως ἀναγκαζόμενον εἰπεῖν, ‘δαίμονος ἐπιπόνου καὶ τύχης χαλεπῆς
ἐφήμερον σπέρμα, τί με βιάζεσθε λέγειν ἃ ὑμῖν (115e) ἄρειον μὴ γνῶναι; Μετ´
ἀγνοίας γὰρ τῶν οἰκείων κακῶν ἀλυπότατος ὁ βίος. Ἀνθρώποις δὲ πάμπαν οὐκ
ἔστι γενέσθαι τὸ πάντων ἄριστον οὐδὲ μετασχεῖν τῆς τοῦ βελτίστου φύσεως
(ἄριστον γὰρ πᾶσι καὶ πάσαις τὸ μὴ γενέσθαι)· τὸ μέντοι μετὰ τοῦτο καὶ πρῶτον
τῶν ἀνθρώπῳ ἀνυστῶν, δεύτερον δέ, τὸ γενομένους ἀποθανεῖν ὡς τάχιστα.’
Δῆλον οὖν ὡς οὔσης κρείττονος τῆς ἐν τῷ τεθνάναι διαγωγῆς ἢ τῆς ἐν τῷ ζῆν,
οὕτως ἀπεφήνατο. »
|
Traduction française |
D'ailleurs vous savez la maxime qui de tous les temps est dans la bouche de tout le
monde. Quelle est-elle ? c'est que le plus grand bien est de ne pas naître, (115d) et que
la mort est préférable à la vie. Les dieux ont souvent confirmé cette maxime par leur
témoignage, et, en particulier, lorsque le roi Midas ayant pris Silène à la chasse, ce
prince lui demanda ce qu'il y avait de meilleur et de plus désirable pour l'homme.
D'abord ce dieu refusa de répondre, et garda un silence obstiné. Enfin Midas ayant
tout mis en œuvre pour le forcer à le rompre, il se fit violence, et proféra ces paroles :
Hommes de condition malheureuse, vous dont l'existence éphémère est sujette à tant
de peines, pourquoi me contraignez-vous de dire ce qu'il vous serait plus utile de ne
pas apprendre? (115e) La vie est moins misérable, quand on ignore les maux qui en
sont l'apanage. Les hommes ne peuvent avoir ce qu'il y a de meilleur, et ne sauraient
participer à la nature la plus parfaite. Le meilleur serait pour eux de n'être pas nés. Le
second bien, après celui-là, et le premier entre ceux dont les hommes sont capables,
c'est de mourir promptement. » Silène, comme on voit, jugeait que la condition des
morts était meilleure que celle des vivants; …
Trad. : abbé RICARD, Oeuvres complètes de Plutarque - Oeuvres morales. T. IV, Paris, Lefèvre, 1844 |