Extrait Grec |
429 οὐδὲν τυράννου δυσμενέστερον πόλει,
430 ὅπου τὸ μὲν πρώτιστον οὐκ εἰσὶν νόμοι
431 κοινοί, κρατεῖ δ´ εἷς τὸν νόμον κεκτημένος
432 αὐτὸς παρ´ αὑτῶι· καὶ τόδ´ οὐκέτ´ ἔστ´ ἴσον.
433 γεγραμμένων δὲ τῶν νόμων ὅ τ´ ἀσθενὴς
434 ὁ πλούσιός τε τὴν δίκην ἴσην ἔχει,
435 ἔστιν δ´ ἐνισπεῖν τοῖσιν ἀσθενεστέροις
436 τὸν εὐτυχοῦντα ταὔθ´ ὅταν κλύηι κακῶς,
437 νικᾶι δ´ ὁ μείων τὸν μέγαν δίκαι´ ἔχων.
438 τοὐλεύθερον δ´ ἐκεῖνο· Τίς θέλει πόλει
439 χρηστόν τι βούλευμ´ ἐς μέσον φέρειν ἔχων;
440 καὶ ταῦθ´ ὁ χρήιζων λαμπρός ἐσθ´, ὁ μὴ θέλων
441 σιγᾶι. τί τούτων ἔστ´ ἰσαίτερον πόλει;
442 καὶ μὴν ὅπου γε δῆμος εὐθυντὴς χθονὸς
443 ὑποῦσιν ἀστοῖς ἥδεται νεανίαις·
444 ἀνὴρ δὲ βασιλεὺς ἐχθρὸν ἡγεῖται τόδε,
445 καὶ τοὺς ἀρίστους οὕς τ´ ἂν ἡγῆται φρονεῖν
446 κτείνει, δεδοικὼς τῆς τυραννίδος πέρι.
447 πῶς οὖν ἔτ´ ἂν γένοιτ´ ἂν ἰσχυρὰ πόλις
448 ὅταν τις ὡς λειμῶνος ἠρινοῦ στάχυν
449 τομαῖς ἀφαιρῆι κἀπολωτίζηι νέους;
[450] κτᾶσθαι δὲ πλοῦτον καὶ βίον τί δεῖ τέκνοις
451 ὡς τῶι τυράννωι πλείον´ ἐκμοχθῆι βίον;
452 ἢ παρθενεύειν παῖδας ἐν δόμοις καλῶς,
453 τερπνὰς τυράννοις ἡδονὰς ὅταν θέληι,
454 δάκρυα δ´ ἑτοιμάζουσι; μὴ ζώιην ἔτι
455 εἰ τἀμὰ τέκνα πρὸς βίαν νυμφεύσεται. |
Traduction française |
Rien de plus funeste à l'état qu'un tyran : là d'abord l'autorité des lois n'est plus
générale; lui seul dispose de la loi, et elle n'est plus égale pour tous. Mais les lois
écrites donnent au faible et au puissant des droits égaux ; le dernier des citoyens ose
répondre avec fierté au riche arrogant qui l'insulte ; et le petit, s'il a pour lui la justice,
l'emporte sur le grand. La liberté règne où le héraut demande : « Qui a quelque chose
à proposer pour le bien de l'état ? » Celui qui veut parler se fait connaître ; celui qui
n'a rien à dire garde le silence. Où trouver plus d'égalité que dans un tel état? Partout
où le peuple est le maître, il voit avec plaisir s'élever de vaillants citoyens; mais un roi
voit en eux autant d'ennemis, et il fait périr les plus illustres et les plus sages, par
crainte pour sa tyrannie. Comment un état pourrait-il encore être fort, quand un
maître y moissonne l'audace et la jeunesse, comme on fauche les épis dans un champ
au printemps?
[450] A quoi bon amasser des biens et des richesses pour ses fils, si l'on travaille
seulement à enrichir le tyran? Qui prendra soin d'élever ses filles honnêtement dans
sa maison, pour préparer des voluptés au tyran dès qu'il le voudra, et des larmes à sa
famille? Plutôt mourir que de voir mes filles devenir la proie de la violence !
Trad. : M. ARTAUD, Tragédies d'Euripide. Première série. Paris, Charpentier, 1842
|