Langue |
Grec |
Auteur |
Denys d'Halicarnasse |
Références |
Mémoires sur les anciens orateurs, III (Démosthène), 30 |
Sujet |
Denys d'Halicarnasse cite Platon [Ménexène, p. 246d sqq.] au travers d'adieux et de dernières volontés de guerriers d'Athènes prêts à mourir au combat |
Descripteurs |
Plato; Ménexène; guerriers; adieux; dernières volontés; honneur; mort; infamie; pères; aieux; mémoire; trépas; richesses; beauté; science; sagesse; enfants; gloire; vertu; ancêtres; père; mère; chagrin; destin; larmes; regrets; famille; deuil; |
Hypertexte |
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/intro.htm#Denys_hal |
Extrait Grec |
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???, ? ???e?? ?a? pa?de? t?? te?e?t?s??t??, ??e???? t´ ?p?s??pt?? ?µ??
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Traduction française |
Enfants, vos pères furent généreux, le moment présent l'atteste! Nous avons préféré
un glorieux trépas, plutôt que d'attirer la honte sur vous et sur nos descendants ;
plutôt que de ternir la mémoire de nos pères, et de tous nos aïeux, bien persuadés
que la vie est un fardeau pour l'homme qui déshonore sa famille, et qu'il n'a plus de
droits à la protection des hommes et des dieux, ni sur la terre, ni dans les enfers après
sa mort. Gardez le souvenir de nos dernières paroles : dans toute votre conduite,
attachez-vous à la vertu; sans elle, richesses, talents, tout n'est que vice et ignominie.
Les richesses ne donnent point la gloire à celui qui les possède, s'il est lâche; c'est
pour d'autres qu'il amasse, et non pour lui. La beauté et la force, chez l'homme
timide et lâche, loin de lui procurer de l'éclat, ne servent qu'à le mettre en spectacle et
à rendre sa lâcheté plus manifeste. La science, sans la justice et les autres vertus, n'est
plus la sagesse, mais une industrie malfaisante. Ainsi, pour premier et pour dernier
effort, mettez tous vos soins à élever votre gloire au-dessus de la nôtre et de celle de
vos ancêtres. Sachez que si nous vous surpassons en vertu, cette supériorité sera pour
nous une honte; tandis que si nous sommes vaincus par vous, notre défaite fera notre
bonheur. Dans cette noble lutte, nous serons vaincus et vous serez vainqueurs, si
vous ne faites point un mauvais usage de la gloire de vos ancêtres ; si vous ne la
dissipez point. Souvenez-vous que pour l'homme qui veut être quelque chose, rien
n'est plus honteux que de croire avoir droit aux honneurs, non par son propre mérite,
mais par celui de ses aïeux. La gloire des ancêtres est pour les descendants un noble
et précieux trésor ; mais épuiser ce dépôt de fortune et d'illustration, ne pas le
transmettre à sa postérité, faute d'une possession et d'une
gloire personnelle, c'est le comble de l'infamie et de la lâcheté. Si vous êtes dociles à
nos conseils, vous descendrez, toujours chers à vos pères, vers leurs ombres chéries,
quand le jour fatal sera venu pour vous. Mais si vous les méprisez, si vous vous
déshonorez par une lâcheté indigne, ne vous attendez pas à trouver auprès de nous
un accueil bienveillant. - Voilà les adieux que nous adressons à nos enfants. - Quant à
nos pères et à nos mères, il faut les consoler, les exhorter à supporter leur condition
avec courage, au lieu de s'affliger avec eux. Le malheur présent leur coûtera assez de
larmes : attachez-vous donc à guérir leur plaie. Pour calmer leur chagrin, répétez
sans cesse que les dieux ont exaucé leurs voeux les plus ardents. Ils ne désiraient pas
que leurs enfants fussent immortels, mais vertueux et célèbres : cette faveur, la plus
grande de toutes, ils l'ont obtenue. Mais dans cette vie, tout n'arrive pas à l'homme,
au gré de ses désirs. C'est en soutenant avec courage les assauts de la fortune qu'ils
seront regardés comme les véritables pères d'enfants généreux, et qu'ils paraîtront
tels eux-mêmes. S'ils cèdent aux coups du sort, on les croira indignes de nous avoir
donné le jour, ou ils feront accuser d'imposture ceux qui célébreront notre mémoire.
Ils doivent prévenir ce double malheur et se montrer nos plus éloquents
panégyristes, en prouvant par leurs actions qu'ils sont vraiment les pères de citoyens
courageux. Cet ancien proverbe rien de trop est plein de sagesse. L'homme qui a
dans ses mains ou près de lui tout ce qui peut le conduire au bonheur, et dont la
condition ne flotte pas incertaine, au gré des caprices d'autrui, jouit du destin le plus
désirable. Toujours sage, courageux et prudent, il voit du même oeil sa famille ou sa
fortune croître, dépérir; et il reste fidèle à cette maxime. Il ne se réjouit pas, il ne
s'afflige pas à l'excès; parce qu'il ne dépend jamais que de sa volonté. Telle est la
conduite que nous attendons de nos pères et que nous leur recommandons. Nous-
mêmes, nous leur donnons aujourd'hui l'exemple : sans trop nous plaindre, sans trop
nous effrayer, nous subirons la mort, s'il le faut. Nous conjurons nos pères et nos
mères de passer le reste de leurs jours dans les mêmes sentiments : qu'ils sachent que
ce n'est ni par des larmes, ni par des regrets qu'ils peuvent honorer notre mémoire. Si
les morts ont quelque sentiment de ce qui se passe sur la terre, ils ne sauraient nous
plaire en se livrant à une trop vive affliction, et en succombant sous le poids de leurs
maux. Pour nous être agréable, leur douleur doit être douce et modérée. La fin la
plus glorieuse pour l'homme est celle qui termine notre carrière; et nous devons
attendre des éloges plutôt que des larmes. Qu'ils prennent soin de nos épouses et de
nos enfants; qu'ils les nourrissent, qu'ils en fassent l'objet de toutes leurs affections.
Alors notre famille oubliera ses malheurs, et la vie sera pour elle plus honorable et
plus heureuse qu'elle ne l'a été pour nous. Telles sont les volontés dernières que nous
vous chargeons d'apporter à nos familles. Quant à notre patrie, nous la conjurons de
prendre soin de nos pères et de nos enfants, de former ceux-ci à la vertu et de nourrir
honorablement la vieillesse des autres : nous sommes certains qu'elle en prendrait
soin, quand même nous ne lui adresserions pas cette prière. Pères et enfants de ces
généreux citoyens, telles sont les paroles qu'ils nous chargèrent de vous transmettre :
je vous les rapporte avec la plus grande fidélité.
Trad. : E. GROS, Denys d'Halicarnasse, Mémoires sur les anciens orateurs. Tome III, Paris, Brunot-Labbe, 1826 |
Date : |
24-08-2009 |
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