Extrait Grec |
Εἰ διαμένουσιν αἱ ψυχαί, πῶς αὐτὰς ἐξ ἀιδίου χωρεῖ ὁ ἀήρ; Πῶς δὲ ἡ γῆ χωρεῖ τὰ
τῶν ἐκ τοσούτου αἰῶνος θαπτομένων σώματα; Ὥσπερ γὰρ ἐνθάδε ἡ τούτων
‹μετὰ› ποσήν τινα ἐπιδιαμονὴν μεταβολὴ καὶ διάλυσις χώραν ἄλλοις νεκροῖς
ποιεῖ, οὕτως αἱ εἰς τὸν ἀέρα μεθιστάμεναι ψυχαί, ἐπὶ ποσὸν συμμείνασαι,
μεταβάλλουσι καὶ χέονται καὶ ἐξάπτονται εἰς τὸν τῶν ὅλων σπερματικὸν λόγον
ἀναλαμβανόμεναι καὶ τοῦτον τὸν τρόπον χώραν ταῖς προσσυνοικιζομέναις
παρέχουσι. Τοῦτο δ ἄν τις ἀποκρίναιτο ἐφ ὑποθέσει τοῦ τὰς ψυχὰς διαμένειν.
Χρὴ δὲ μὴ μόνον ἐνθυμεῖσθαι τὸ πλῆθος τῶν θαπτομένων οὑτωσὶ σωμάτων,
ἀλλὰ καὶ τὸ τῶν ἑκάστης ἡμέρας ἐσθιομένων ζῴων ὑφ ἡμῶν τε καὶ τῶν ἄλλων
ζῴων. Ὅσος γὰρ ἀριθμὸς καταναλίσκεται καὶ οὑτωσί πως θάπτεται ἐν τοῖς τῶν
τρεφομένων σώμασι, καὶ ὅμως δέχεται ἡ χώρα αὐτὰ διὰ τὰς ἐξαιματώσεις, διὰ
τὰς εἰς τὸ ἀερῶδες ἢ πυρῶδες ἀλλοιώσεις.
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Traduction française |
Si les âmes subsistent et continuent de vivre, comment, depuis des temps infinis, l’air est-il assez
vaste pour les contenir toutes ? Mais comment la terre contient-elle les corps de tant d’êtres ensevelis
depuis tant de siècles dans son sein ? Eh bien ! de même que, dans la terre, après un séjour plus ou
moins long, la transformation et la dissolution de ces cadavres font de la place à d’autres ; de même,
les âmes, après un certain séjour dans l’air où elles sont transportées, changent, s’épanchent et se
consument, absorbées et reprises dans la raison génératrice de l’univers. De cette manière, elles font
place aux autres, qui viennent habiter les mêmes lieux. Voilà bien ce qu’on peut répondre quand on
soutient le système de la permanence des âmes.Mais il ne faut pas supputer seulement cette foule
innombrable de corps ensevelis dela sorte ; il faut calculer aussi cette autre foule d’animaux que nous
mangeons ou que d’autres animaux dévorent. Quel nombre n’en est pas détruit, et comme enseveli de
cette façon dans les corps de ceux qui s’en nourrissent ! Et pourtant, cet étroit espace les peut
conserver parce qu’ils changent, et qu’elles se transforment en particules de sang, d’air ou de feu.
Trad. : J. Barthélémy Saint-Hilaire, Pensées de Marc-Auréle, Paris, Baillière, 1876 |