Extrait Grec |
ἐτύγχανον δὲ τῆς ἐλευθερίας οἱ μὲν πλεῖστοι προῖκα διὰ καλοκἀγαθίαν· καὶ
κράτιστος ἀπαλλαγῆς δεσποτῶν τρόπος οὗτος ἦν· ὀλίγοι δέ τινες λύτρα
κατατιθέντες ἐξ ὁσίων καὶ δικαίων ἐργασιῶν συναχθέντα.
ἀλλ´ οὐκ ἐν τοῖς καθ´ ἡμᾶς χρόνοις οὕτω ταῦτ´ ἔχει, ἀλλ´ εἰς τοσαύτην σύγχυσιν
ἥκει τὰ πράγματα καὶ τὰ καλὰ τῆς Ῥωμαίων πόλεως οὕτως ἄτιμα καὶ ῥυπαρὰ
γέγονεν, ὥσθ´ οἱ μὲν ἀπὸ λῃστείας καὶ τοιχωρυχίας καὶ πορνείας καὶ παντὸς
ἄλλου πονηροῦ πόρου χρηματισάμενοι τούτων ὠνοῦνται τῶν χρημάτων
τὴν ἐλευθερίαν καὶ εὐθύς εἰσι Ῥωμαῖοι· οἱ δὲ συνίστορες καὶ συνεργοὶ τοῖς
δεσπόταις γενόμενοι φαρμακειῶν καὶ ἀνδροφονιῶν καὶ τῶν εἰς θεοὺς ἢ τὸ
κοινὸν ἀδικημάτων ταύτας φέρονται παρ´ αὐτῶν τὰς χάριτας· οἱ δ´ ἵνα τὸν
δημοσίᾳ διδόμενον σῖτον λαμβάνοντες κατὰ μῆνα καὶ εἴ τις ἄλλη παρὰ τῶν
ἡγουμένων γίγνοιτο τοῖς ἀπόροις τῶν πολιτῶν φιλανθρωπία φέρωσι τοῖς
δεδωκόσι τὴν ἐλευθερίαν· οἱ δὲ διὰ κουφότητα τῶν δεσποτῶν καὶ κενὴν
δοξοκοπίαν. ἔγωγ´ οὖν ἐπίσταμαί τινας ἅπασι τοῖς δούλοις συγκεχωρηκότας
εἶναι ἐλευθέροις μετὰ τὰς ἑαυτῶν τελευτάς, ἵνα χρηστοὶ καλῶνται νεκροὶ καὶ
πολλοὶ ταῖς κλίναις αὐτῶν ἐκκομιζομέναις παρακολουθῶσι τοὺς πίλους ἔχοντες
ἐπὶ ταῖς κεφαλαῖς·
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Traduction française |
LA plupart de ces esclaves [à lépoque de Servius Tullius] étaient affranchis
gratuitement, en considération de leur probité, et c'était-là la manière la plus
honorable de recouvrer sa liberté. D'autres, mais en petit nombre, s'affranchissaient
de l'esclavage en donnant à leurs maîtres une somme d'argent qu'ils avaient
acquis par des voies justes et légitimes.
MAIS aujourd'hui les choses sont entièrement changées. Tout est dans un si grand
désordre, la probité des Romains a tellement dégénéré, ils sont si peu sensibles au
déshonneur et même l'l'infamie, que les esclaves se rachètent de l'argent qu'ils ont
gagné par des votes illégitimes. Les brigandages, les violences, la prostitution, et
mille autres crimes sont les moyens qu'ils emploient pour sortir de la servitude, et
aussitôt ils deviennent citoyens Romains. Les uns reçoivent la liberté de leurs maîtres
comme une récompense, parce qu'ils ont été complices de leurs abominations, de
leurs homicides, empoisonnements et autres attentats contre les dieux et contre la
république. Les autres ne se sont affranchir que pour recevoir le blé, que le public
distribue chaque mois, et les autres libéralités que les grands font aux pauvres, afin
de les donner à ceux de qui ils tiennent la liberté. D'autres enfin ne sont délivrés de
l'esclavage que par la légèreté de leurs maîtres, qui cherchent par là à se faire
honneur. J'en sais qui par leur testament ont affranchi tous leurs esclaves, afin de
passer après leur mort pour de bons maîtres, et que leur pompe funèbre fut suivie
d'un nombreux cortège d'affranchis qui portassent des chapeaux sur leur tête, pour
marquer la générosité et la douceur de leurs libérateurs.
Trad. : M. BELLANGER, Les Antiquités romaines de Denys d'Halicarnasse. Tome I. Paris, Lottin, 1723 |