Langue |
Grec |
Auteur |
Jean Chrysostome |
Références |
Apologie de la vie monastique, III, 9 |
Sujet |
Quels sont les hommes qui troublent le monde et renversent lordre ? |
Descripteurs |
hommes; monde; ordre; gourmandise; sensualité; esclaves; flatteurs; serviteur; dette; vengeance; obéir; charité; passions; demeures somptueuses; tables splendides; richesse; indigence; arpents; motte de terre; concubines; épouses; fléaux; salut; paix; guerre; combat; |
Hypertexte |
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/intro.htm#Jean_Chrys |
Extrait Grec |
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Traduction française |
Quels sont ceux qui troublent le monde et renversent lordre? Sont-ce les hommes
qui vivent sagement et régulièrement; ou bien ceux qui imaginent des moyens
nouveaux et inouïs de flatter leur gourmandise et leur sensualité ? Sont-ce les
hommes qui ont à coeur de protéger les intérêts de tous, ou bien ceux qui se
contentent de faire leurs propres affaires? ceux qui ont des troupes desclaves, qui
traînent après eux des essaims de flatteurs, ou bien ceux qui croient pouvoir se
contenter dun seul serviteur? je ne parle pas ici de la plus haute perfection;
je me borne à celle qui est à la portée de tous. Sont-ce les hommes charitables et doux,
peu soucieux des applaudissements populaires, ou ceux qui exigent les hommages
de leurs frères plus rigoureusement quune dette, et qui exerceront toute sorte de
vengeances sur quiconque ne se sera pas levé en leur présence ne les aura pas salués
le premier, ne se sera pas incliné devant eux et ne leur aura pas rendu tous les
devoirs des esclaves? ceux qui aiment à obéir, ou bien ceux qui désirent des places et
des charges, et qui, pour cela, ne reculent devant aucun travail ni aucune peine? ceux
qui se croient meilleurs que tous les autres, et qui pour cette raison se croient toute
parole et toute action permise, ou bien ceux qui se comptent parmi les derniers et
répriment par ce moyen les tyranniques exigences des passions? ceux qui se
bâtissent de somptueuses demeures, se font servir des tables splendides, ou bien
ceux qui ne désirent rien au delà de la nourriture et du logement nécessaires ? ceux
qui cultivent mille arpents, ou ceux qui ne croient pas même nécessaire de posséder
une motte de terre? ceux qui amassent intérêts sur intérêts, qui prennent pour arriver
à la richesse les voies les plus injustes, ou bien ceux qui prennent sur leur bien pour
soulager lindigence? ceux qui confessent la pauvreté de la nature humaine et leur
propre faiblesse, ou bien ceux qui ne veulent pas même la reconnaître, et qui dans
leur excessive présomption finissent par ne plus se croire des hommes? ceux qui
entretiennent des concubines et souillent la couche dautrui, ou bien ceux
qui gardent la continence même avec leurs épouses ? De ces deux classes dhommes,
les uns sont les fléaux de la société; je les compare aux tumeurs qui gâtent la beauté
du corps, aux vents furieux qui agitent la mer et causent des naufrages. Les autres, au
contraire, comme des phares qui brillent dans la nuit, appellent de tous côtés dans les
abris sûrs et tranquilles les malheureux navigateurs ballotés par les vagues, et à deux
doigts de leur perte. Allumant sur les hauteurs les flambeaux de la sagesse, ils
amènent comme par la main les hommes de bonne volonté dans le port du salut et de
la paix. Nest-ce pas par les premiers quarrivent les révolutions, les guerres et les
combats, le sac des villes, les chaînes, lesclavage, les captivités, les meurtres et les
mille maux de cette vie? Ne sont-ils pas les auteurs non seulement des maux que les
hommes causent aux hommes, mais de tous ceux qui fondent du ciel sur lhumanité,
les sécheresses, les inondations, les tremblements de terre, la ruine et
lengloutissement des villes, les famines, les pestes, tout ce que le ciel enfin déchaîne
contre nous de fléaux.
Trad. : SAINT JEAN CHRYSOSTOME, OEUVRES COMPLÈTES, TRADUITES POUR LA PREMIÈRE FOIS SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1864 |
Date : |
12-06-2009 |
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