Langue |
Grec |
Auteur |
Hésiode |
Références |
Les travaux et les jours, vers 106-201 |
Sujet |
Le mythe des cinq races (âges) du mode |
Descripteurs |
âge d'or; âge d'argent; âge d'airain; l'âge des héros; l'âge de fer; |
Hypertexte |
http://remacle.org/bloodwolf/poetes/falc/hesiode/travaux.htm |
Extrait Grec |
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Traduction française |
Si tu le veux, je te ferai un autre récit plein de sagesse et d'utilité ; toi, recueille-le au
fond de ta mémoire.
L'âge d'or
Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble, dabord les célestes habitants de
l'Olympe créèrent l'âge d'or (8) pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de
Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient
libres d'inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeait
point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la même vigueur, et loin de
tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux et chers
aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous
les biens naissaient autour d'eux. La terre fertile produisait d'elle-même d'abondants
trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux
amis. Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces hommes,
appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des
mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises actions, et, enveloppés d'un
nuage (9), parcourent toute la terre en répandant la richesse : telle est la royale
prérogative qu'ils ont obtenue.
L'âge d'argent
Ensuite les habitants de l'Olympe produisirent une seconde race bien inférieure à la
première, l'âge d'argent (10) qui ne ressemblait à l'âge d'or ni pour la force du corps ni
pour l'intelligence. Nourri par les soins de sa mère, l'enfant, toujours inepte, croissait,
durant cent ans, dans la maison natale. Parvenu au terme de la puberté et de
l'adolescence, il ne vivait qu'un petit nombre d'années, accablé de ces douleurs, triste
fruit de sa stupidité, car alors les hommes ne pouvaient s'abstenir de l'injustice ; ils ne
voulaient pas adorer les dieux ni leur offrir des sacrifices sur leurs pieux autels, comme
doivent le faire les mortels divisés par tribus. Bientôt Jupiter, fils de Saturne, les
anéantit, courroucé de ce qu'ils refusaient leurs hommages aux dieux habitans de
l'Olympe. Quand la terre eut dans son sein renfermé leurs dépouilles, on les nomma les
mortels bienheureux ; ces génies terrestres n'occupent que le second rang, mais le
respect accompagne aussi leur mémoire.
L'âge d'airain
Le père des dieux créa une troisième génération d'hommes doués de la parole, l'âge
d'airain, qui ne ressemblait en rien à lâge d'argent.
Robustes comme le frêne, ces hommes, violents et terribles, ne se plaisaient qu'aux
injures et aux sanglants travaux de Mars ; ils ne se nourrissaient pas des fruits de la
terre, et leur coeur impitoyable avait la dureté de l'acier. Leur force était immense,
indomptable, et des bras invincibles s'allongeaient de leurs épaules sur leurs membres
nerveux. Ils portaient des armes d'airain ; lairain composait leurs maisons ; ils ne
travaillaient que l'airain, car le fer noir n'existait pas encore. Égorgés par leurs propres
mains, ils descendirent dans la ténébreuse demeure du froid Pluton sans laisser un nom
après eux. Malgré leur force redoutable, la sombre Mort les saisit et ils quittèrent la
brillante lumière du soleil.
L'âge des Héros
Quand la terre eut aussi renfermé leur dépouille dans son sein, Jupiter, fils de Saturne,
créa sur cette terre fertile une quatrième race plus juste et plus vertueuse (11), la
céleste race de ces Héros que l'âge précédent nomma les demi-dieux dans limmense
univers. La guerre fatale et les combats meurtriers les moissonnèrent tous, les uns
lorsque, devant Thèbes aux sept portes (12), sur la terre de Cadmus, ils se disputèrent
les troupeaux d'Oedipe (13) ; les autres lorsque, franchissant sur leurs navires la vaste
étendue de la mer, armés pour Hélène aux beaux cheveux, ils parvinrent jusqu'à Troie,
où la mort les enveloppa de ses ombres. Le puissant fils de Saturne, leur donnant une
nourriture et une demeure différentes de celles des autres hommes, les plaça aux confins
de la terre. Ces Héros fortunés, exempts de toute inquiétude, habitent les îles des
bienheureux (14) par delà l'océan aux gouffres profonds, et trois fois par an la terre
féconde leur prodigue des fruits brillants et délicieux.
L'âge de fer
Plût aux dieux que je ne vécusse pas au milieu de la cinquième génération ! Que ne
suis-je mort avant ! que ne puis-je naître après ! C'est l'âge de fer (15) qui règne
maintenant. Les hommes ne cesseront ni de travailler et de souffrir pendant le jour ni de
se corrompre pendant la nuit ; les dieux leur enverront de terribles calamités. Toutefois
quelques biens se mêleront à tant de maux. Jupiter détruira celte race d'hommes doués
de la parole lorsque presque dès leur naissance leurs cheveux blanchiront. Le père ne
sera plus uni à son fils, ni le fils à son père, ni l'hôte à son hôte, ni l'ami à son ami ; le
frère, comme auparavant, ne sera plus chéri de son frère ; les enfants mépriseront la
vieillesse de leurs parents. Les cruels ! ils les accableront d'injurieux reproches sans
redouter la vengeance divine. Dans leur coupable brutalité, ils ne rendront pas à leurs
pères les soins que leur enfance aura reçus : l'un ravagera la cité de l'autre ; on ne
respectera ni la foi des serments, ni la justice, ni la vertu ; on honorera de préférence
l'homme vicieux et insolent ; l'équité et la pudeur ne seront plus en usage ; le méchant
outragera le mortel vertueux par des discours pleins d'astuce auxquels il joindra le
parjure. L'Envie au visage odieux, ce monstre qui répand la calomnie et se réjouit du
mal, poursuivra sans relâche les hommes infortunés. Alors, promptes à fuir la terre
immense pour l'Olympe, la Pudeur et Némésis (16), enveloppant leurs corps gracieux de
leurs robes blanches, s'envoleront vers les célestes tribus et abandonneront les humains
; il ne restera plus aux mortels que les chagrins dévorants, et leurs maux seront
irrémédiables.
Trad. : OEUVRES DHÉSIODE. TRADUITES PAR Anne BIGNAN (1795-1861), 1847.
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Date : |
20-05-2009 |
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