Extrait Grec |
ὅτι γὰρ οὐκ ἀξιόμαχον λόγων ἰσχὺς ὄψει ἀνταγωνίσασθαι καὶ ὁ Σειρήνων μῦθος
παρατεθεὶς τῷ περὶ τῶν Γοργόνων διδάξειεν ἄν·ἐκεῖναι μὲν γὰρ ἐκήλουν τοὺς
παραπλέοντας μελῳδοῦσαι καὶ κολακεύουσαι τοῖς ᾄσμασιν καὶ
καταπλεύσαντας ἐπὶ πολὺ κατεῖχον, καὶ ὅλως τὸ ἔργον αὐτῶν ἐδεῖτό τινος
διατριβῆς, καί πού τις αὐτὰς καὶ παρέπλευσε καὶ τοῦ μέλους παρήκουσε·
τὸ δὲ τῶν Γοργόνων κάλλος, ἅτε βιαιότατόν τε ὂν καὶ τοῖς καιριωτάτοις τῆς
ψυχῆς ὁμιλοῦν, εὐθὺς ἐξίστη τοὺς ἰδόντας καὶ ἀφώνους ἐποίει, ὡς δὲ ὁ
μῦθος βούλεται καὶ λέγεται, λίθινοι ἐγίγνοντο ὑπὸ θαύματος.
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Traduction française |
En effet, que le charme du langage soit bien loin d'avoir la même puissance que celui
de la vue, c'est ce que prouve aisément la fable des Sirènes comparée à celle des
Gorgones. Les premières séduisaient et retenaient par leurs chants flatteurs les
matelots engagés dans leurs parages, mais il fallait quelque temps pour que le
charme opérât, et jadis un héros passa auprès d'elles sans prêter l'oreille à leurs
accents. La beauté des Gorgones exerçait un empire bien plus terrible, elle pénétrait
jusqu'aux ressorts mêmes de l'âme. Leur vue seule jetait le spectateur hors de lui, le
rendait muet de surprise, et, comme le disent la fable et la tradition, le transformait
en pierre.
Trad. : Lucien de Samosate. Oeuvres complètes de Lucien de Samosate. Trad. nouvelle avec une introd. et des notes par Eugène Talbot. Paris : Hachette, 1912 |