Extrait Grec |
Βούλομαι δ´ ὅμως ἔγωγε ὥσπερ ὁ Κέβης ἐκεῖνος εἰκόνα τινὰ τοῦ τοιούτου βίου
σοι γράψαι, ὅπως εἰς ταύτην ἀποβλέπων εἰδῇς εἴ σοι παριτητέον ἐστὶν εἰς αὐτήν.
ἡδέως μὲν οὖν Ἀπελλοῦ τινος ἢ Παρρασίου ἢ Ἀετίωνος ἢ καὶ Εὐφράνορος ἂν
ἐδεήθην ἐπὶ τὴν γραφήν· ἐπεὶ δὲ ἄπορον νῦν εὑρεῖν τινα οὕτως γενναῖον καὶ
ἀκριβῆ τὴν τέχνην, ψιλὴν ὡς οἷόν τέ σοι ἐπιδείξω τὴν εἰκόνα. Καὶ δὴ γεγράφθω
προπύλαια μὲν ὑψηλὰ καὶ ἐπίχρυσα καὶ μὴ κάτω ἐπὶ τοῦ ἐδάφους, ἀλλ´ ἄνω
τῆς γῆς ἐπὶ λόφου κείμενα, καὶ ἡ ἄνοδος ἐπὶ πολὺ καὶ ἀνάντης καὶ ὄλισθον
ἔχουσα, ὡς πολλάκις ἤδη πρὸς τῷ ἄκρῳ ἔσεσθαι ἐλπίσαντας ἐκτραχηλισθῆναι
διαμαρτόντος τοῦ ποδός. ἔνδον δὲ ὁ Πλοῦτος αὐτὸς καθήσθω χρυσοῦς ὅλος, ὡς
δοκεῖ, πάνυ εὔμορφος καὶ ἐπέραστος. ὁ δὲ ἐραστὴς μόλις ἀνελθὼν καὶ
πλησιάσας τῇ θύρᾳ τεθηπέτω ἀφορῶν εἰς τὸ χρυσίον. παραλαβοῦσα δ´ αὐτὸν
ἡ Ἐλπίς, εὐπρόσωπος καὶ αὕτη καὶ ποικίλα ἀμπεχομένη, εἰσαγέτω σφόδρα
ἐκπεπληγμένον τῇ εἰσόδῳ. τοὐντεῦθεν δὲ ἡ μὲν Ἐλπὶς ἀεὶ προηγείσθω,
διαδεξάμεναι δ´ αὐτὸν ἄλλαι γυναῖκες, Ἀπάτη καὶ Δουλεία, παραδότωσαν τῷ
Πόνῳ, ὁ δὲ πολλὰ τὸν ἄθλιον καταγυμνάσας τελευτῶν ἐγχειρισάτω αὐτὸν τῷ
Γήρᾳ ἤδη ὑπονοσοῦντα καὶ τετραμμένον τὴν χρόαν. ὑστάτη δὲ ἡ Ὕβρις
ἐπιλαβομένη συρέτω πρὸς τὴν Ἀπόγνωσιν. ἡ δὲ Ἐλπὶς τὸ ἀπὸ τούτου ἀφανὴς
ἀποπτέσθω, καὶ μηκέτι καθ´ οὓς εἰσῆλθε τοὺς χρυσοῦς θυρῶνας, ἔκ τινος δὲ
ἀποστρόφου καὶ λεληθυίας ἐξόδου ἐξωθείσθω γυμνὸς προγάστωρ ὠχρὸς γέρων,
τῇ ἑτέρᾳ μὲν τὴν αἰδῶ σκέπων, τῇ δεξιᾷ δὲ αὐτὸς ἑαυτὸν ἄγχων. ἀπαντάτω δ´
ἐξιόντι ἡ Μετάνοια δακρύουσα εἰς οὐδὲν ὄφελος καὶ τὸν ἄθλιον ἐπαπολλύουσα.
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Traduction française |
Dans la veine d'un Cébès, je voudrais toutefois te brosser à mon tour une manière de
tableau dépeignant ce type d'existence, de façon qu'après l'avoir scruté, tu saches si
tu dois t'y vouer. Pour le peindre, j'eus volontiers sollicité le coup de pinceau d'un
Apelle, d'un Parrhasios, d'un Aétion ou de quelque Euphranor, mais puisqu'il
n'existe plus de maîtres de cette trempe et doté d'une telle sûreté dans l'exécution je
me contenterai de t'en tracer une esquisse sommaire, dans la mesure de mes moyens.
Dessinons donc un majestueux portique doré, que nous n'implanterons pas en
terrain plane mais bien perché sur une éminence du relief, à laquelle mène
une montée longue, escarpée et glissante, où bien des grimpeurs ont perdu pied et se
sont brisé le cou alors qu'ils caressaient déjà l'espoir de parvenir au sommet.
Installons à l'intérieur un Ploutos qui ait l'air d'être d'or massif, superbement tourné
et affriolant. Arrivé à proximité de la porte après une rude escalade, que notre
prétendant contemple l'or, tout ébaubi. Une Espérance, d'aussi fraîche frimousse et
revêtue de couleurs chatoyantes, l'introduira, qui n'en revient pas de pareille
admission. Pour la suite, ladite Espérance continuera à le guider mais d'autres
femmes, Tromperie et Servitude, le livreront pour leur part à Labeur, qui, après
l'avoir abondamment éreinté, abandonneront aux mains de Dame Vieillesse le
malheureux désormais chétif et bien pâlot. Et pour terminer, Humiliation vous
l'empoignera et vous le traînera chez Désespérance. Sur ce, Espérance s'envolera loin
de sa vue alors et on le jettera dehors, non plus par ces portes dorées qu'il avait
empruntées à son arrivée, mais par quelque issue dérobée, bien à l'écart, vieillard nu,
ventripotent, blafard, qui, d'une main, se cachera les parties et s'étranglera de l'autre.
Il rencontrera à sa sortie Repentir, lequel versera des larmes bien inutiles, dont il ne
sera que plus accablé.
Trad. : Joseph Longton, Lucien de Samosate : Sur les salariés, BCS, 2008 http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LUCIEN/Gages.htm
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