Extrait Grec |
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Traduction française |
Ce fut Moïse, en effet, prêtre égyptien, qui, après avoir été préposé au gouvernement
d'une partie de la {basse} Egypte, voulut, par dégoût de l'ordre de choses établi, sortir
d'Egypte, et qui emmena à sa suite en Judée tout un peuple attaché comme lui au
culte du vrai Dieu. Il disait et enseignait que les Egyptiens et les Libyens étaient fous
de prétendre représenter la divinité sous la figure de bêtes féroces ou d'animaux
domestiques, et que les Grecs n'étaient guère plus sages quand ils lui donnaient la
forme et la figure humaine ; que la divinité ne saurait être autre chose que ce qui
nous enserre, nous, la terre et la mer, autre chose par conséquent que ce que {nous
autres stoïciens} appelons le ciel et le monde ou la nature. Quel est l'esprit en pleine
possession de sa raison, disait-il encore, qui eût osé concevoir une image de la
divinité faite d'après tel ou tel modèle humain ? Non, il faut renoncer à tous ces vains
simulacres de la statuaire, et se borner, pour honorer la divinité, à lui dédier une
enceinte et un sanctuaire dignes d'elles, sans vouloir y placer ni statue, ni effigie
d'aucune sorte. Il faut aussi que, dans ces sanctuaires, ceux qui sont sujets à faire
d'heureux songes viennent dormir et provoquer ainsi, pour les autres comme pour
eux-mêmes, les réponses de la divinité, de qui les sages et les justes doivent toujours
attendre quelque manifestation bienveillante sous la forme d'une faveur ou d'un
avertissement sensible, mais les sages et les justes seuls, cette attente étant interdite
aux autres mortels.
Trad. : Amédée TARDIEU, Géographie de Strabon. Paris, Hachette, 1909 |