Extrait Grec |
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Traduction française |
Les points remarquables que la côte présente ensuite sont le mont Gallesium,
Colophon, l'une des douze villes ioniennes, et, en avant de Colophon, le bois sacré
d'Apollon Clarios, siège d'un oracle fort ancien.On raconte que le devin Calchas,
comme il revenait de Troie par terre en compagnie d'Amphilochus, fils
d'Amphiaraüs, s'avança jusqu'ici, et qu'ayant trouvé à Claros, dans la personne de
Mopsus, fils de Manto, fille elle-même de Tirésias, un devin plus habile que lui, il en
mourut de chagrin. Voici, autant qu'il m'en souvient, comment Hésiode arrange cette
scène empruntée à la Fable. Calchas avait proposé à Mopsus un problème conçu à
peu près en ces termes : «Une chose m'étonne et pique ma curiosité, tu vois ce figuier
si chargé de fruits, tout petit qu'il est : pourrais-tu me dire le nombre de ses figues ?»
A quoi Mopsus avait répondu : «Elles sont au nombre de dix mille et mesurent juste
un médimne, mais il en reste une en plus qu'avec tout ton art tu ne saurais y faire
entrer». Ainsi avait parlé Mopsus, et la solution, vérifiée, s'était trouvée juste tant
pour le nombre que pour la mesure. Aussitôt le sommeil de la mort comme un nuage
enveloppa Calchas et lui ferma les yeux».Phérécyde, lui, prétend que, dans la
question posée par Calchas, il s'agissait, {non d'un figuier,} mais d'une truie pleine et
du nombre des petits qu'elle portait ; qu'à cette question Mopsus avait répondu
«trois, deux mâles et une femelle», que sa réponse s'était trouvée vraie et que
Calchas en était mort de dépit. Suivant d'autres, Calchas aurait proposé la question
de la truie, et Mopsus celle du figuier ; la réponse de Mopsus aurait été reconnue
exacte, mais non celle de Calchas, qui, de dépit, serait mort sur l'heure, réalisant ainsi
un oracle rendu anciennement. Ledit oracle est rapporté par Sophocle dans la
Revendication d'Hélène, il annonçait à Calchas que sa destinée était de mourir quand
il aurait trouvé son maître dans l'art de la divination. Ajoutons que Sophocle
transporte en Cilicie la lutte des deux devins et la mort de Calchas. Mais nous en
avons dit assez sur ces antiques traditions.
Trad. : Amédée TARDIEU, Géographie de Strabon. Paris, Hachette, 1909 |