Langue |
Latin |
Auteur |
Cicéron |
Références |
De la vieillesse, XIX |
Sujet |
Du temps, quel qu'il soit qu'il nous est donné de vivre, nous devons nous contenter |
Descripteurs |
durée; temps; passé; avenir; jeune homme; vieillard; saison; mois, jours; année; vivre; fleuve; vie; acteur; sage; moisson; récolte; |
Hypertexte |
http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/cicero_vieillesse/lecture/default.htm |
Extrait Latin |
At senex ne quod speret quidem habet. At est eo meliore condicione quam adulescens, quoniam id,
quod ille sperat, hic consecutus est; ille uult diu uiuere, hic diu uixit.
69. Quamquam, O di boni! quid est in hominis natura diu? Da enim summum tempus, exspectemus
Tartessiorum regis aetatem (fuit enim, ut scriptum uideo, Arganthonius quidam Gadibus, qui
octoginta regnauit annos, centum uiginti uixit) -- sed mihi ne diuturnum quidem quicquam uidetur in
quo est aliquid extremum. Cum enim id aduenit, tum illud, quod praeteriit, effluxit; tantum remanet,
quod uirtute et recte factis consecutus sis; horae quidem cedunt et dies et menses et anni, nec
praeteritum tempus umquam reuertitur, nec quid sequatur sciri potest; quod cuique temporis ad
uiuendum datur, eo debet esse contentus.
70. Neque enim histrioni, ut placeat, peragenda fabula est, modo, in quocumque fuerit actu, probetur,
neque sapientibus usque ad 'Plaudite' ueniendum est. Breue enim tempus aetatis satis longum est ad
bene honesteque uiuendum; sin processerit longius, non magis dolendum est, quam agricolae dolent
praeterita uerni temporis suauitate aestatem autumnumque uenisse. Ver enim tamquam
adulescentiam significat ostenditque fructus futuros, reliqua autem tempora demetendis fructibus et
percipiendis accommodata sunt.
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Traduction française |
Le vieillard, insiste-t-on, n'a même pas la possibilité de rien espérer. Il est donc dans une condition
meilleure que le jeune homme puisqu'il a obtenu ce que le jeune homme ne fait qu'espérer; l'un
voudrait vivre, l'autre a vécu longtemps. Et d'ailleurs qu'y a-t-il, dieux bons ! de compatible avec la
nature humaine qui soit de longue durée? Admettons que la vie se prolonge au delà de la durée
commune, qu'on atteigne l'âge du roi du Tartessus (il y a eu d'après des documents écrits un certain
Arganthonius qui a régné quatre-vingts ans à Gadès et a vécu cent vingt ans), je ne puis trouver
longue une vie qui prend fin. Quand vient le dernier moment, le passé, tel un fleuve, s'est écoulé.
Seule demeure la satisfaction que nous devons à notre force morale et à la rectitude de notre vie; quant
aux heures elles s'en vont et ainsi font les jours, les mois, les années et le temps passé ne revient
jamais, de même que jamais aussi l'on en peut savoir ce qui viendra. Du temps quel qu'il soit qu'il
nous est donné de vivre nous devons nous contenter. Il n'est pas nécessaire pour qu'un acteur plaise
au public, qu'il soit en scène jusqu'au dénouement de la pièce, il lui suffit de mériter l'approbation
quand il joue, et de même le sage peut disparaître avant que le rideau tombe. Une vie courte a une
durée suffisante pour être une vie bonne et belle. Si cependant elle se prolonge, il ne faut pas plus s'en
plaindre que l'agriculteur ne se plaint quand, après le printemps souriant vient l'été, puis l'hiver. Le
printemps est la jeunesse de l'année, il est prometteur de fruits, les autres saisons ont pour destination
naturelle la moisson et la récolte.
Trad. : Charles APPUHN, Cicéron, De la vieillesse, De l'amitié, des Devoirs. Paris, Garnier, 1933
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Date : |
16-10-2008 |
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