Extrait Latin |
nihil quo stat loco stabit, omnia sternet abducetque secum uetustas. Nec hominibus solum (quota
enim ista fortuitae potentiae portio est?), sed locis, sed regionibus, sed mundi partibus ludet. Totos
supprimet montes et alibi rupes in altum nouas exprimet; maria sorbebit, flumina auertet et
commercio gentium rupto societatem generis humani coetumque dissoluet; alibi hiatibus uastis
subducet urbes, tremoribus quatiet et ex infimo pestilentiae halitus mittet et inundationibus quicquid
habitatur obducet necabitque omne animal orbe submerso et ignibus uastis torrebit incendetque
mortalia. Et cum tempus aduenerit, quo se mundus renouaturus extinguat, uiribus ista se suis caedent
et sidera sideribus incurrent et omni flagrante materia uno igni quicquid nunc ex disposito lucet
ardebit.
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Traduction française |
sache que rien de ce qui est n'est fait pour demeurer. Le temps doit tout abattre et tout emporter
avec lui: il se jouera, non seulement des hommes, débris si chétifs de son capricieux empire, mais des
lieux, des contrées entières, des grandes divisions du globe, balaiera des montagnes, en fera surgir de
nouvelles; absorbera les mers, déplacera le cours des fleuves, et rompant les communications des
peuples, dissoudra les sociétés et la grande famille des humains. Le sol, au loin entrouvert, engloutira
les villes, ou les renversera par ses ébranlements; de ses flancs s'exhalera la peste; l'inondation
couvrira les terres habitées, et fera périr sous ses flots tout ce qui respire; une vaste conflagration
viendra dévorer et réduire en cendres ce qu'auront épargné les eaux. Et lorsque arrivera le jour où le
monde doit s'éteindre pour se renouveler, lui-même se brisera par ses propres forces; les astres
heurteront les astres, toute matière s'embrasera, et ces grands corps de lumière, qui brillent dans un si
bel ordre, ne formeront plus que la flamme d'un même incendie.
Trad. : Oeuvres complètes de Sénèque le Philosophe publiées par Charles du Rozoir, Paris, Panckoucke, 1832 |