Langue |
Grec |
Auteur |
Maxme de Tyr |
Références |
Dissertations, XLI, 5 |
Sujet |
Si Dieu est l'auteur des biens, d'où viennent les maux ? |
Descripteurs |
Dieu; hommes; biens; maux; corps; âme; char; cocher; coursier; immortalité; mort; animaux; raison; intelligence; lois; justice; sociabilité; condition humaine; rênes; luxure; ivrognerie; incontinence; |
Hypertexte |
http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/intro.htm#Maxime_de_tyr |
Extrait Grec |
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pa?t?dap??.
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Traduction française |
Car, puisqu'il fallait que la terre fût créée susceptible de produire des fruits, de
nourrir des animaux, et de fournir à la subsistance des nombreuses espèces d'êtres
qui la peuplent, et que, d'un autre côté, elle recelât dans son sein le germe des maux,
il fallut que ces germes, expulsés du ciel, subissent ici-bas des combinaisons avec les
choses terrestres. Après avoir donné l'existence aux nombreuses et diverses espèces
d'animaux, Dieu les distribua d'abord en deux classes principales, dont la première
fut destinée à offrir beaucoup de variétés dans la manière de s'alimenter et de vivre,
dans sa structure corporelle, à être destituée d'intelligence et de raison, à s'entre-
dévorer, à n'avoir aucune notion de Dieu, à n'être point susceptible de vertu, à ne
connaître d'autre besoin que celui d'une pâture éphémère, à ne vivre sous d'autres
lois que sous l'empire des sensations, à posséder une certaine mesure de forces
physiques, mais incapable de toute fonction rationnelle : et la seconde, celle de
l'espèce humaine, fut destinée à être homogène, susceptible d'identité de lois et
d'unité, faible en ce qui concerne le corps, d'une force à toute épreuve, sous le
rapport des facultés intellectuelles, capable de la connaissance de Dieu, des formes
politiques, appropriée aux douceurs de la sociabilité, amie de la justice, des lois, et
sensible à l'amitié. Il fallait donc que cette espèce fût supérieure à toutes les autres.
Mais, en même temps, elle devait être, je pense, inférieure à Dieu, sans néanmoins
que cette infériorité fût fondée sur ce qu'elle était sujette à la mort. Car ce que le
vulgaire des hommes appelle mort, cela même est le commencement de l'immortalité
; c'est la naissance dans la vie à venir, après que les corps ont été dissous par le temps
et par l'effet des lois physiques auxquelles ils sont soumis ; et lorsque l'âme retourne
au même lieu, et à la même existence, qu'elle avait auparavant. Le moyen que Dieu
imagina de rendre la condition de l'homme inférieure à la sienne, fut d'attacher l'âme
à un corps de terre, comme un cocher à un char ; et après avoir abandonné les rênes
aux mains du cocher, il le laissa se diriger dans la carrière, muni de sa part de la force
nécessaire pour se bien conduire, mais revêtu, en même temps, du pouvoir de se
perdre. Lorsque l'âme est montée sur le char, et qu'elle s'est emparée des rênes, si elle
est destinée à la félicité et au bonheur, elle n'oublie point que c'est Dieu qui l'a placée
sur ce char, que c'est lui qui lui en confie la conduite ; aussi elle tient les rênes avec
attention; elle conserve la direction du char; elle réprime les écarts des coursiers. Or,
ceux-ci ont des affections différentes. Ils veulent aller, l'un d'un côté, l'autre de
l'autre. L'un est enclin à l'intempérance, à la gourmandise, à la lubricité. L'autre est
fougueux, emporté, téméraire. Celui-ci est sans vigueur et sans énergie. Celui-là
est servile, bas et rampant. Le char, ainsi livré à des impulsions contraires, met le
cocher dans l'embarras. Si les chevaux lui forcent la main, et qu'ils se rendent maîtres
de lui, l'essieu est emporté dans la direction que lui donne celui des chevaux qui
prend le dessus. Tantôt entraîné par celui que les passions brutales dominent, le char
se précipite, avec le cocher, dans la luxure, dans l'ivrognerie, dans l'incontinence, et
autres infâmes et impures jouissances de cette nature. Tantôt entraîné par celui
qu'emporte une aveugle fougue, il est jeté au travers de tous les genres de maux.
Trad. : J. J. COMBES-DOUNOUS, Dissertations de Maxime de Tyr. Paris, Bossange, 1802 |
Date : |
24-07-2008 |
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