Langue |
Latin |
Auteur |
Augustin |
Références |
La cité de Dieu, II, 21 |
Sujet |
Cicéron craint que de son temps la république ait cessé d'exister : Que reste-t-il, en effet, des moeurs antiques par qui elle subsistait? |
Descripteurs |
moeurs antiques; Cicéron; république; |
Hypertexte |
http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm#augustin |
Extrait Latin |
Quando ergo res publica Romana talis erat, qualem illam describit Sallustius, non
iam pessima ac flagitiosissima, sicut ipse ait, sed omnino nulla erat secundum istam
rationem, quam disputatio de re publica inter magnos eius tum principes habita
patefecit.
Sicut etiam ipse Tullius non Scipionis nec cuiusquam alterius, sed suo sermone
loquens in principio quinti libri commemorato prius Enni poetae uersu, quo dixerat:
"Moribus antiquis res stat Romana uirisque." Quem quidem ille uersum, inquit, uel
breuitate uel ueritate tamquam ex oraculo quodam mihi esse effatus uidetur. Nam
neque uiri, nisi ita morata ciuitas fuisset, neque mores, nisi hi uiri praefuissent, aut
fundare aut tam diu tenere potuissent tantam et tam uaste lateque imperantem rem
publicam. Itaque ante nostram memoriam et mos ipse patrius praestantes uiros
adhibebat, et ueterem morem ac maiorum instituta retinebant excellentes uiri. Nostra
uero aetas cum rem publicam sicut picturam accepisset egregiam, sed euanescentem
uetustate, non modo eam coloribus isdem quibus fuerat renouare neglexit, sed ne id
quidem curauit, ut formam saltem eius et extrema tamquam liniamenta seruaret.
Quid enim manet ex antiquis moribus, quibus ille dixit rem stare Romanam, quos ita
obliuione obsoletos uidemus, ut non modo non colantur, sed iam ignorentur? Nam
de uiris quid dicam? Mores enim ipsi interierunt uirorum penuria, cuius tanti mali
non modo reddenda ratio nobis, sed etiam tamquam reis capitis quodam modo
dicenda causa est. Nostris enim uitiis, non casu aliquo, rem publicam uerbo
retinemus, re ipsa uero iam pridem amisimus.
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Traduction française |
Ainsi donc, cette république romaine que Salluste décrit, elle n'est point vicieuse ni
corrompue, elle a cessé d'être, suivant l'arrêt qui ressort de cette conférence entre les
plus grands citoyens du temps. Et Cicéron en achève la preuve quand, au début du
cinquième livre [de la république] , parlant non plus au nom de Scipion ni d'un autre,
mais au sien propre, il cite ce vers d'Ennius : "Rome subsiste par ses
moeurs et ses hommes antiques," et s'écrie : « Quelle brièveté, quelle vérité
dans ce vers ! c'est un oracle que je crois entendre. Ces hommes, en effet, sans la vertu
publique, la vertu publique sansces hommes, eussent été impuissants à fonder ou
maintenir tant d'années une si juste et si vaste domination. Aussi, avant notre âge,
la morale du pays élevait au pouvoir les hommes éminents, et ces hommes gardaient
les vieilles moeurs et les institutions des ancêtres.
Mais notre siècle, recevant la république comme un magnifique tableau altéré déjà
par le temps, a non seulement négligé d'en raviver la couleur, il n'a pas même songé
à sauver le dessin et les derniers contours. Car que reste-il de ces moeurs antiques
par qui, dit le poète, subsistait la république? ces moeurs, aujourd'hui tombées dans
une telle désuétude, que non seulement la pratique, mais la connaissance même en
est perdue! Pour les hommes, qu'en dire? N'est-ce point par disette d'hommes que les
moeurs ont péri? Désastre qu'il ne suffit pas d'expliquer, mais dont il faut nous
défendre comme d'un crime capital ; car ce n'est point par malheur, c'est par
immoralité que nous n'a vous plus que le nom de la république, dont la réalité est dès
longtemps perdue."
Trad. : L. Moreau, La Cité de Dieu de Saint Augustin. Tome premier, Paris, Lecoffre, 1853 |
Date : |
04-07-2006 |
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