Langue |
Latin |
Auteur |
Augustin |
Références |
La cité de Dieu, II, 20 |
Sujet |
Description ? Caricature ? : Ce qui fait la honte d'une (de la) République (romaine) |
Descripteurs |
république; honte; Sardanapale; richesse; prodigalités; pauvre; riche; oisiveté; clientèle; plaisirs; vertu; moeurs; volupté; lois; juges; courtisane; concubine; palais; festins; vomitoire; lupanar; |
Hypertexte |
http://agoraclass.fltr.ucl.ac.be/concordances/intro.htm#augustin |
Extrait Latin |
Tantum stet, inquiunt, tantum floreat copiis referta, uictoriis gloriosa, uel, quod est
felicius, pace secura sit.
Et quid ad nos? Immo id ad nos magis pertinet, si diuitias quisque augeat semper,
quae cotidianis effusionibus suppetant, per quas sibi etiam infirmiores subdat
quisque potentior. Obsequantur diuitibus pauperes causa saturitatis atque ut
eorum patrociniis quieta inertia perfruantur, diuites pauperibus ad clientelas
et ad ministerium sui fastus abutantur. Populi plaudant non consultoribus
utilitatum suarum, sed largitoribus uoluptatum. Non dura iubeantur, non
prohibeantur inpura. Reges non curent quam bonis, sed quam subditis regnent.
Prouinciae regibus non tamquam rectoribus morum, sed tamquam rerum dominatoribus
et deliciarum suarum prouisoribus seruiant, eosque non sinceriter honorent, sed
(nequiter ac) seruiliter timeant. Quid alienae uineae potius quam quid suae
uitae quisque noceat, legibus aduertatur. Nullus ducatur ad iudicem, nisi qui
alienae rei domui saluti uel cuiquam inuito fuerit inportunus aut noxius;
ceterum de suis uel cum suis uel cum quibusque uolentibus faciat quisqu e quod
libet. Abundent publica scorta uel propter omnes, quibus frui placuerit, uel
propter eos maxime, qui habere priuata non possunt. Exstruantur amplissimae
atque ornatissimae domus, opipara conuiuia frequententur, ubi cuique libuerit et
potuerit, diu noctuque ludatur bibatur, uomatur diffluatur. Saltationes undique
concrepent, theatra inhonestae laetitiae uocibus atque omni genere siue
crudelissimae siue turpissimae uoluptatis exaestuent.
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Traduction française |
Qu'elle [la république] soit debout, disent-ils, florissante par la force de ses armées,
par l'éclat de ses victoires, ou, mieux encore, par la sécurité et la paix :
il suffit; que nous importe? ou plutôt, il nous importe que chacun augmente ses
richesses pour suffire aux prodigalités journalières, pour réduire le faible à la merci
du puissant; que le besoin soumette le pauvre au riche, et que lepatronage de l'un
assure à l'autre une tranquille oisiveté; que les riches abusent des pauvres,
instruments d'une fastueuse clientèle; que les peuples applaudissent, non pas aux
ministres de leurs intérêts, mais aux pourvoyeurs de leurs plaisirs; que rien
de pénible ne soit ordonné, rien d'impur défendu; que les rois ne s'inquiètent pas de
la vertu, mais de l'obéissance de leurs sujets; que les sujets obéissent aux rois, non
comme directeurs de leurs moeurs, mais comme arbitres de leur fortune, comme
intendants de leurs voluptés, et que cet hommage trompeur ne soit que le criminel et
servile tribut de la crainte; que les lois protégent plutôt la vigne que l'innocence de
l'homme; que nul ne comparaisse devant le juge, s'il n'a entrepris sur le bien ou
la vie d'autrui, s'il n'a été malfaisant et nuisible; mais que des siens, avec les siens,
avec quiconque le voudra souffrir, il soit permis de tout faire ; que les courtisanes
abondent, au gré de qui veut jouir, et de qui surtout ne peut entretenir de concubine!
Partout des palais somptueux! partout de splendides festins! partout, à votre
fantaisie, où vous pourrez, jour et nuit, fêtez le jeu, la table, le vomitoire, le lupanar!
Partout le bruit de la danse! partout que le théâtre frémisse des clameurs d'une
joie dissolue et des émotions de toute volupté cruelle ou infâme!
Trad. : L. Moreau, La Cité de Dieu de Saint Augustin. Tome premier, Paris, Lecoffre, 1853 |
Date : |
04-07-2006 |
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