Extrait Latin |
'qui in plebe' inquit 'Romana tenuissimi pauperrimique erant neque amplius quam
mille quingentum aeris in censum deferebant, "proletarii" appellati sunt, qui uero
nullo aut perquam paruo aere censebantur, "capite censi" uocabantur; extremus
autem census capite censorum aeris fuit trecentis septuaginta quinque. (11) Sed
quoniam res pecuniaque familiaris obsidis uicem pignerisque esse apud
rempublicam uidebatur amorisque in patriam fides quaedam in ea firmamentumque
erat, neque proletarii neque capite censi milites nisi in tumultu maximo scribebantur,
quia familia pecuniaque his aut tenuis aut nulla esset. (12) Proletariorum tamen ordo
honestior aliquanto et re et nomine quam capite censorum fuit: (13) nam et asperis
reipublicae temporibus, cum iuuentutis inopia esset, in militiam tumultuariam
legebantur, armaque is sumptu publico praebebantur, et non capitis censione, sed
prosperiore uocabulo a munere officioque prolis edendae appellati sunt, quod, cum
re familiari parua minus possent rempublicam iuuare, subolis tamen gignendae
copia ciuitatem frequentarent.
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Traduction française |
Les citoyens romains de la dernière classe, nous dit-il aussitôt, ceux qui étaient les
plus pauvres, qui, dans le cens de la république étaient marqués ne posséder que
quinze cents as, étaient appelés prolétaires. Ceux qui n'avaient, ou rien ou presque
rien, étaient nommés capitecenses ; les derniers de cette classe ne possédaient pas
plus de trois cents quatre-vingts as. Or, comme la richesse des possessions était
considérée comme un motif d'attachement à la République, et qu'on la regardait
comme un des liens les plus forts qui unissaient le citoyen à la patrie, jamais, excepté
dans les plus pressants dangers, on n'enrôlait les prolétaires ni les capitecenses, à
cause de l'indigence et de la pauvreté qui étaient ordinairement le partage de leur
condition. Toutefois la condition des prolétaires était meilleure que celle des
capitecenses, car dans les circonstances difficiles de la République, lorsque les
enrôlements étaient précipités et qu'on manquait de jeunesse pour recruter
les armées, on les incorporait dans les légions, et l'état leur fournissait des armes. On
ne les nommait pas prolétaires, d'après la modicité de leurs possessions, mais d'après
leur destination qui était de créer des enfants, ce qu'exprime en effet ce mot. Car ne
pouvant, à cause de leur pauvreté, prendre les armes pour le service de la
République, ils contribuaient à la soutenir en multipliant ses sujets et ses forces.
Trad. : M. Charpentier - M. Blanchet, Oeuvres complètes d'Aulu-Gelle, Deux tomes. Paris, Garnier, 1927 (?) - Bibliothèque latine française n°31 |