Extrait Latin |
Est praeterea genus apud illos praestabile, gymnosophistae uocantur. Hos ego
maxime admiror, quod homines sunt periti non propagandae uitis nec inoculandae
arboris nec proscindendi soli; non illi norunt aruum colere uel aurum colare uel
equum domare uel taurum subigere uel ouem uel capram tondere uel pascere. Quid
igitur est? unum pro his omnibus norunt: sapientiam percolunt tam magistri senes
quam discipuli iuniores. Nec quicquam aeque penes illos laudo, quam quod
torporem animi et otium oderunt. Igitur ubi mensa posita, priusquam edulia
adponantur, omnes adolescentes ex diuersis locis et officiis ad dapem conueniunt;
magistri perrogant, quod factum a lucis ortu ad illud diei bonum fecerint. Hic alius
se commemorat inter duos arbitrum delectum, sanata simultate, reconciliata gratia,
purgata suspicione amicos ex infensis reddidisse; itidem alius sese parentibus
quaepiam imperantibus oboedisse, et alius aliquid meditatione sua repperisse uel
alterius demonstratione didicisse, - - - denique ceteri commemorant. Qui nihil
habet adferre cur prandeat, inpransus ad opus foras extruditur.
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Traduction française |
Il y a, de plus, une classe qui chez eux jouit de la prééminence : on les nomme les
Gymnosophistes. Ce sont eux que j'admire par dessus tous les autres, parce que ce
sont des hommes habiles, non à propager la vigne, à greffer les arbres, à tracer des
sillons ; ils ne savent point cultiver un champ, couler le vin, dompter un cheval,
soumettre un taureau, tondre ou faire paître une brebis, une chèvre. Eh bien, quoi
donc ? Une science pour eux remplace toutes celles-là : ils cultivent assidûment la
sagesse, maîtres comme disciples, jeunes comme vieux. Ce qui me paraît chez eux
éminemment louable, c'est qu'ils détestent l'engourdissement de l'esprit et l'oisiveté.
C'est pour cela que, quand on a dressé la table, avant que les plats soient servis et
quand tous les jeunes gens ont quitté leurs demeures et leurs différentes occupations
pour le repas, les maîtres leur demandent ce qu'ils ont fait de bien depuis le lever du
soleil jusqu'à cet instant du jour. Alors un premier raconte que, choisi pour arbitre
entre deux personnes, il est parvenu à calmer leur ressentiment, à les rapprocher, à
bannir leurs soupçons et à rendre amis deux hommes qui se détestaient ; un
deuxième, qu'il a obéi à tout ce que ses parents lui ont commandé ; un troisième, que
ses méditations l'ont amené à une découverte, ou bien qu'il l'a apprise par la
démonstration d'un autre ; bref, tous donnent leur explication. Celui qui ne présente
rien pour avoir le droit de dîner est mis à la porte, et on le renvoie travailler sans qu'il
ait pris son repas.
Trad. : V. Bétolaud, Oeuvres complètes d'Apulée. Tome II, Paris, Garnier, 1836 |