Extrait Latin |
Sed aduersus Hannibalem ducem quis melius quam Africani frater crearetur, cum
uincere Poenos opus Scipionum esset? 2 Creatur igitur consul Lucius Scipio, eique
datur legatus frater Africanus, ut intellegeret Antiochus non maiorem fiduciam se in
Hannibale uicto quam Romanos in uictore Scipione habere. 3 Traicientibus in Asiam
Scipionibus exercitum iam utrubique profligatum bellum nuntiatum est, uictumque
Antiochum terrestri, Hannibalem nauali bello inuenerunt. 4 Primo igitur aduentu
eorum legatos pacem petentes Antiochus ad eos mittit peculiare donum Africano
ferentes filium ipsius, quem rex paruo nauigio traicientem ceperat. 5 Sed Africanus
priuata beneficia a rebus publicis secreta dixit, aliaque esse patris officia, alia patriae
iura, quae non liberis tantum, uerum etiam uitae ipsi praeponantur. 6 Proinde
gratum se munus accipere priuatoque inpendio munificentiae regis responsurum.
Quod ad bellum pacemque pertineat, nihil neque gratiae dari neque de iure patriae
decidi posse respondit. 7 Nam neque de redimendo filio umquam tractauit nec
senatum de eo agere permisit, sed, ut dignum maiestate eius erat, armis se
recepturum dixerat.
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Traduction française |
Mais quel autre méritait mieux, que le frère de l'Africain, d'être nommé pour
combattre Annibal ? Vaincre les Carthaginois, n'était-ce pas le destin des Scipions ?
Lucius Scipion fut donc proclamé consul (en 190 av. J.-Chr.) : on lui donna pour
lieutenant l'Africain, son frère, afin de montrer à Antiochus que les talents d'Annibal
vaincu ne devaient pas lui inspirer plus d'espoir, que n'en donnaient aux Romains
ceux de Scipion, son vainqueur. Les Scipions faisaient passer leur armée en Asie,
quand ils apprirent que la guerre était terminée sur tous les points, et en effet, ils
trouvèrent Antiochus battue sur terre, et Annibal sur mer. Ils reçurent, dès leur
arrivée, des députés d'Antiochus qui venaient demander la paix, en offrant à
l'Africain, en don particulier, la liberté de son fils, qui, traversant la mer sur un petit
navire, état tombé entre les mains du roi. Mais Scipion répondit que les services
privés étaient bien distincts des intérêts publics ; que les devoirs de père cédaient aux
droits de la patrie, à laquelle tout citoyen doit immoler ses enfants et sa vie ; que,
plein de reconnaissance pour le présent qu'il recevait du roi, il saurait, comme
particulier, répondre à cette générosité ; mais que, pour la paix et la guerre, il ne
pouvait rien donner à la faveur, rien sacrifier des droits de sa patrie. Jamais il n'avait
traité de la rançon de son fils, jamais il n'avait voulu que le sénat en délibérât ; il
s'était borné à dire, avec une fierté digne de son nom, que les armes lui rendraient
son fils.
Trad. : Histoire universelle de Justin EXTRAITE DE TROGUE POMPÉE, TRADUCTION NOUVELLE, PAR JULES PIERROT, ET PAR E. BOITARD. PARIS, C. L. F. PANCKOUCKE, M DCCC XXXIII .
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