Parcours :  6

Scénario

Travail de groupes: L'AMOUR A ROME

Objectifs

critères de progression

  1. Objectifs.

Au terme du travail, chaque groupe aura traduit un texte sur le sujet et établi le commentaire de son texte dont il présentera oralement la synthèse à l'ensemble de la classe.

Plus particulièrement: chaque groupe produira…

Un travail écrit

  • 1 traduction de son texte. Cela sous-entend que le texte français doit pouvoir être compris tout de suite par un lecteur étranger à notre cours. Vous devez respecter le texte latin (et si possible son style ) tout en recherchant une lecture aisée.
  • des notes explicites pour les autres élèves.( texte latin aéré avec structure)
  • un commentaire de son texte basé sur la feuille annexe et les questions qui peuvent aider à l'établir que certains trouveront dans leur dossier.
  • Une étude de son auteur.
  • Une synthèse des idées de son texte et des autres documents annexes

Une lecture orale

  • de la traduction
  • de l'auteur et de ses idées ./. texte et extraits, ./. autres documents, ./. genre littéraire, ./. situation de l'époque.

 

2. Critères et consignes de progression en vue de l'évaluation.

traduction: on doit pouvoir comprendre tout de suite le texte;

analyse: les autres devront étudier vos notes; soyez donc attentifs…

commentaire:

  • présentation de l'auteur de son œuvre sur base des feuilles photocopiées et autres éventuellement;
  • se basant sur la feuille de compétence proposée en annexe:

avec un texte : 1-2-3-4-5- + le dernier point (+ questions particulières)

avec des textes: confronter les textes témoins au vôtre, les textes témoins à votre auteur. et faire une synthèse

  • une prise de position personnelle avec argumentation;

3. Evaluation

Connaître 3 textes et matières connexes + synthèse générale que nous aurons établie tous ensemble à la fin du parcours.

Tous les autres points de l'évaluation sont à établir ensemble.

 

Catulle.

Serments, promesses, inquiétude …

 

70. Nulli se dicit mulier mea nubere malle
quam mihi, non si se Iuppiter ipse petat.
dicit: sed mulier cupido quod dicit amanti,
in uento et rapida scribere oportet aqua.

109. Iucundum, mea uita, mihi proponis amorem
hunc nostrum inter nos perpetuumque fore.
di magni, facite ut uere promittere possit,
atque id sincere dicat et ex animo,
ut liceat nobis tota perducere uita
aeternum hoc sanctae foedus amicitiae.

déchirements

 

85. Odi et amo. quare id faciam, fortasse requiris.
nescio, sed fieri sentio et excrucior.

75. Huc est mens deducta tua mea, Lesbia, culpa
atque ita se officio perdidit ipsa suo,
ut iam nec bene uelle queat tibi, si optima fias,
nec desistere amare, omnia si facias.

Dernier message

11. Furius et Aurelius, mes amis, allez dire à mon amie ces quelques mots peu agréables…

….

cum suis uiuat ualeatque moechis,
quos simul complexa tenet trecentos,
nullum amans uere, sed identidem omnium
ilia rumpens;
nec meum respectet, ut ante, amorem,
qui illius culpa cecidit uelut prati
ultimi flos, praetereunte postquam
tactus aratro est.

 

 

8. Pauvre Catulle, cesse de déraisonner,

et ce que tu vois fini, tiens-le pour perdu.

Ils ont brillé, jadis, les soleils éclatants,

lorsque tu venais si souvent là où te conduisait ta belle,

aimée de nous comme nulle ne sera aimée.

Là, c'était mille jeux charmants,

que toi, tu désirais, et qu'elle ne refusait pas.

Oui, ils ont brillé pour toi, ces soleils éclatants.

Maintenant, elle ne veut plus ; toi aussi, faible cœur, cesse de vou loir,

ne poursuis plus celle qui fuit, ne vis point en homme pitoyable,

mais au contraire, d'un cœur obstiné, supporte tout, endure.

Adieu, la belle ! Désormais Catulle endure,

il ne te cherchera plus, il ne demandera plus après toi qui ne le veux pas.

Mais toi, tu souffriras, lorsque personne ne viendra demander après toi.

Criminelle, malheur à toi ! quelle vie t'attend !

Qui maintenant viendra te voir ? A qui paraitras-tu belle ?

qui aimeras-tu maintenant ? de qui te dira-t-on l'amante ?

qui embrasseras-tu ? à qui mordras-tu les lèvres ?

- Mais toi, Catulle, bien résolu, endure !

1/Pourquoi écrire des poèmes quand on souffre du mal d'amour? Que peut apporter l'écriture dans une telle situation?

2/Comment dans ces poèmes de "crise amoureuse", progresse la pensée de Catulle? cela vous paraît-il psychologiquement juste?

5. Donne-m'en mille,

donne-m'en cent...

 

Vivons, ma Lesbie, aimons-nous

et soucions-nous comme d'une guigne

de tous les murmures des trop sévères vieillards.

La lumière du soleil peut s'éteindre et renaître ;

mais nous, une fois que s'est éteinte la brève lumière de notre vie,

il nous faut dormir une seule nuit éternelle.

Donne-moi mille baisers, puis cent,

puis mille autres, puis encore cent

et puis mille autres à la file, et puis cent.

Et puis, après en avoir fait plusieurs milliers,

nous embrouillerons leur compte, afin de l'oublier,

et pour éviter qu'un jaloux puisse nous porter malheur

en apprenant qu'il y a eu tant de baisers.

Comment catulle ressent-il la mort?

Voici maintenant un exemple d'épigramme érotique

 

Ipsithilla, ma douce amie,

qui fais ma joie et mes délices,

je voudrais te rendre visite :

invite-moi dans ta chambrette

Ne ferme pas la porte à clef,

et ne t'avise de sortir et d'abandonner ton logis

mais à baiser prépare-toi

neuf fois de suite, et sans tarder:

car j'ai la panse bien remplie,

et tandis que je fais la sieste,

allongé, chez moi, sur le dos,

je perce tunique et manteau !

 

 

 

 

 

 

 

Alfred de Musset

 

 

CHANSON DE FORTUNIO

Si vous croyez que je vais dire

Qui j'ose aimer,

je ne saurais, pour un empire,

Vous la nommer.

Nous allons chanter à la ronde,

Si vous voulez,

Que je l'adore et qu'elle est blonde

Comme les blés.

Je fais ce que sa fantaisie

Veut m'ordonner,

Et je puis, s'il lui faut ma vie,

La lui donner.

Du mal qu'une amour ignorée

Nous fait souffrir,

J'en porte l'âme déchirée

jusqu'à mourir.

Mais j'aime trop pour que je dise

Qui j'ose aimer,

Et je veux mourir pour ma mie

Sans la nommer.

Lettre à G. Sand

Quand je mets à vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un coeur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.

 

 

 

Alphonse de Lamartine, Le lac, extrait

 

" 0 Temps! suspends ton vol et vous, heures propices,

Suspendez votre cours!

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours!

" Assez de malheureux ici-bas vous implorent:

Coulez, coulez pour eux;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent;

Oubliez les heureux.

" Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m'échappe et fuit;

je dis à cette nuit : " Sois plus lente " ; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

" Aimons donc, aimons donc! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons!

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;

Il coule, et nous passons! "

 

 

Tibulle

Elégie I, 1, partim

Le plus "bucolique" des élégiaques avoue aimer avant tout la tranquillité. Il adresse cette élégie à son ami et protecteur Messala Corvinus, qu'il a jadis accompagné lors de deux expéditions militaires en Gaule et en Orient

….

parua seges satis est, noto requiescere lecto 43

si licet et solito membra leuare toro.

Quam iuuat immites uentos audire cubantem 45

et dominam tenero continuisse sinu

aut, gelidas hibernus aquas cum fuderit Auster,

securum somnos igne iuuante sequi !

…

0 quantum est auri pereat potiusque smaragdi,

quam fleat ob nostras ulla puella uias.

Te bellare decet terra, Messalla, marique,

ut domus hostiles praeferat exuuias :

me retinent uinctum formosae uincla puellae, 55

et sedeo duras ianitor ante fores.

Non ego laudari curo, mea Delia : tecum

dum modo sim, quaeso segnis inersque uocer;

te spectem, suprema mihi cum uenerit hora,

te teneam moriens deficiente manu. 60

…

Interea, dum fata sinunt, iungamus amores:

iam ueniet tenebris Mors adoperta caput; 70

iam subrepet iners aetas, nec amare decebit,

dicere nec cano blanditias capite.

Nunc leuis est tractanda Venus, dum frangere postes

non pudet et rixas inseruisse iuuat ;

hic ego dux milesque bonus : vos, signa tubaeque, 75

ite procul, cupidis uulnera ferte uiris,

ferte et opes ; ego composito securus aceruo

dites despiciam despiciamque famem.

 

Aide au commentaire:

  • Montrer que l"otium" amoureux de Tibulle a pour principe: immobilité, sécurité, passivité.
  • Qu'impliquent les campagnes militaires?
  • La profession de foi de Tibulle est-elle hardie, scandaleuse, (cf. politique sociale de l'époque)

Elégie, I, 5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elégie, II, 4, extrait

 

 

Me voici donc en esclavage, je le vois, et sous le joug d'une maîtresse : adieu désormais, belle liberté de mes pères ; mais c'est un esclavage bien dur qui m'est imposé, je suis attaché avec des chaînes et jamais, pour mon malheur, Amour ne desserre les liens, et, pour je ne sais quelle faute ou quelle erreur, il me brûle ; je brûle ! ah ! éloigne, cruelle, tes torches. Oh ! plutôt que de ressentir de pareilles douleurs, que j'aimerais mieux n'être, sur des montagnes glacées, qu'une pierre, n'être qu'une roche dressée, exposée au déchaînement des vents et battue par l'onde vitreuse de la mer qui engloutit les vaisseaux ! Maintenant amer est le jour, et l'ombre de la nuit plus amère encore : c'est que tous les instants, pour moi, sont empoisonnés d'un âcre fiel ; et je n'ai plus rien à attendre ni de mes élégies ni d'Apollon qui m'inspire mes vers : c'est de l'or que ne cesse de réclamer sa main grande ouverte.

Pierre de Ronsard

Quand vous serez bien vieille .... (Sonnets pour Hélène, L. 11, XXIV.)

Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,

Assise auprès du feu, dévidant et filant,

Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant

" Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle! "

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,

Déjà sous le labeur à demi sommeillant,

Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant,

Bénissant votre nom de louange immortelle.

je serai sous la terre et, fantôme sans os,

Par les ombres myrteux je prendrai mon repos;

Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.

Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain:

Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

 

Alphonse de Lamartine,

le lac, extraits

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

jeter l'ancre un seul jour?

" Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m'échappe et fuit;

je dis à cette nuit : " Sois plus lente " ; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

0 lac ! l'année à peine a fini sa carrière,

Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s'asseoir!

" Aimons donc, aimons donc! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons!

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;

Il coule, et nous passons! "

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés

Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,

Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

S'envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur?

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence;

On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace?

Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus?

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos;

Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère

Laissa tomber ces mots

O lac! rochers muets! grottes! forêt obscure!

Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir!

" 0 Temps! suspends ton vol et vous, heures propices,

Suspendez votre cours!

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours!

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,

Tout dise - " Ils ont aimé ! "

 

Properce

Elégie, I, 6, partim

Non ego nunc Hadriae ucreor mare noscere tecum,

Tulle, neque Aegaeo ducere uela salo,

…

sed me complexae remorantur uerba puellae

mutatoque graues saepe colore preces.

…

An mihi sit tanti doctas cognoscere Athenas

atque Asiae ueteres cernere diuitias,

ut mihi deducta faciat convicia puppi

Cynthia et insanis ora notet manibus

…

Multi longinquo periere in amore libenter,

in quorum numero me quoque terra tegat.

Non ego sum laudi, non natus idoneus armis:

hanc me militiam fata subire uolunt.

Elégie I, 14 (7-16)

non tamen ista meo ualeant contendere amori :

nescit Amor magnis cedere divitiis.

Nam siue optatam mecum trahit illa quietem

seu facili totum ducit amore diem,

tum mihi Pactoli ueniunt sub tecta liquores

et legitur Rubris gemma sub aequoribus ;

tum mihi cessuros spondent mea gaudia reges ;

quae maneant, dum me fata perire uolent !

Nam quis diuitiis aduerso gaudet Amore ?

nulla mihi tristi praemia sint Venere.

 

Elégie, I, 19 (1-4)

Non ego nunc tristis uereor, mea Cynthia, Manis

nec moror extremo debita fata rogo ;

sed ne forte tuo careat mihi funus amore,

hic timor est ipsis durior exsequiis.

Elégie, I, 8, extrait

Ce fut Cynthie qui la première, de ses jolis yeux, fit ma conquête et mon malheur;

mon cœur était encore vierge;

Je dus alors baisser le regard, perdre ma morgue et mon assurance ;

ma tête sous ses pieds l'Amour me fit sentir son poids,

l'Amour, ô honte ! qui m'apprit à haïr les filles vertueuses et à vivre sans loi.

Voici toute une année déjà que dure ma folie …

 

Elégie, I, 18, extraits

Ici assurément les lieux sont déserts et silencieux et propices aux plaintes ;

personne dans ces bocages rien que le souffle du Zéphyr.

Ici l'on peut impunément étaler ses souffrances cachées, s'il est vrai que des rochers solitaires ne sauraient être indiscrets.

Quelle est donc la cause première de tes dédains, ô ma Cynthie ?

…

Vous pourrez l'attester, Ô vous, arbres confidents des amours,

hêtres et pins chers au dieu d'Arcadie.

Ah ! que de fois mes paroles résonnent sous vos tendres ombrages !

que de fois le nom de Cynthie est écrit sur votre écorce !

Tous les tourments injustes que tu inventas pour moi ?

mais ta porte, ta silencieuse porte, est seule à les connaître.

Je m'étais habitué à tout subir en tremblant, ses actes comme ses ordres, la superbe !

sans me plaindre, sans crier ma souffrance.

M'en voici récompensé avec les divines fontaines et les roches glacées

et les sentiers sauvages pour me reposer, dur repos !

Tout ce que je puis raconter, toutes mes plaintes, me voici contraint,

dans ma solitude peuplée de leurs cris, de le dire aux oiseaux.

Mais sois ce que tu voudras ; les bois n'en résonneront pas moins du cri de " Cynthie "

et les rochers déserts eux-mêmes seront remplis de ton nom.

 

Elégie, II, 17, extrait

Moi que naguère les gens disaient heureux,

moi dont ils enviaient et admiraient le bonheur,

aujourd'hui c'est à peine si je suis reçu, à mon tour, un jour sur dix ;

aujourd'hui, scélérate, je n'ai plus qu'à me jeter du haut d'un roc,

qu'à m'empoisonner avec quelque poudre ;

je n'ai même plus la ressource de dormir dans les carrefours sous la clarté froide de la lune ou de lancer quelques mots par les fentes d'une porte.

Malgré cela, je me garderai de changer de maîtresse

et elle pleurera quand elle verra que, moi, je suis fidèle.

 

 

 

Elégie, II, 15

Oh ! nuit heureuse, oh toi, lit qui es si cher à mon coeur,

et fus toi-même heureux de mes propres délices !

Que de mots échangés, d'abord, sous la lampe allumée,

puis quels ébats fougueux quand nous !'eûmes éteinte!

Tantôt, dans cette lutte, elle m'affrontait les seins nus,

tantôt de sa tunique elle parait mes coups.

Lorsqu' enfin je dormis, d' un baiser sur les yeux la belle

me réveilla, disant: " Quel vilain paresseux! "

Et nos bras à nouveau se sont noués et dénoués,

tandis que mes baisers s'attardaient sur ses lèvres.

Mais s'aimer sans se voir, n'est-ce pas profaner Vénus ?

Sache que dans !'amour les yeux sont les vrais guides.

Pâris se consuma d'amour pour la fille de Sparte,

quand nue elle sortit du lit de Ménélas;

et c'est nu qu'Endymion, dit-on, séduisit Séléné,

qui, se donnant à lui, elle-même était nue.

Si donc tu t'obstines, méchante, à coucher habillée,

ton vêtement, c'est sûr, je le déchirerai;

et s'il arrive que plus loin la colère m'emporte,

tes bras conserveront la marque de mes mains...

Quand de nos couronnes de fleurs les pétales se fanent,

nous les voyons trotter dans le vin de nos coupes;

et nous, les amants pleins d'espoir, sommes pareils à eux:

peut-être que demain clora notre destin.

Alphonse de Lamartine,

le lac, extraits

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

jeter l'ancre un seul jour?

" Aimons donc, aimons donc! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons!

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;

Il coule, et nous passons! "

0 lac ! l'année à peine a fini sa carrière,

Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s'asseoir!

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,

Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

S'envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur?

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés

Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.

Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace?

Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus?

Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence;

On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

O lac! rochers muets! grottes! forêt obscure!

Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir!

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos;

Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère

Laissa tomber ces mots

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux!

" 0 Temps! suspends ton vol et vous, heures propices,

Suspendez votre cours!

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours!

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l'astre au front d' argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés !

" Mais je demande en vain quelques moments encore,

Le temps m'échappe et fuit;

je dis à cette nuit : " Sois plus lente " ; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,

Tout dise - " Ils ont aimé ! "

 

Pline

Ep. III, 16, partim

C. PLINIUS NEPOTI SUO S. L'attitude d'Arria

Aegrotabat Caecina Paetus maritus eius, aegrotabat et filius, uterque mortifere, ut videbatur. Filius decessit eximia pulchritudine pari verecundia, et parentibus non minus ob alia carus quam quod filius erat. Huic illa ita funus paravit, ita duxit exsequias, ut ignoraret maritus; quin immo quotiens cubiculum eius intraret, vivere filium atque etiam commodiorem esse simulabat, ac persaepe interroganti, quid ageret puer, respondebat; 'Bene quievit, libenter cibum sumpsit.' Deinde, cum diu cohibitae lacrimae vincerent prorumperentque, egrediebatur; tunc se dolori dabat; satiata siccis oculis composito vultu redibat, tamquam orbitatem foris reliquisset. Praeclarum quidem illud eiusdem, ferrum stringere, perfodere pectus, extrahere pugionem, porrigere marito, addere vocem immortalem ac paene divinam: 'Paete, non dolet.' Sed tamen ista facienti, ista dicenti, gloria et aeternitas ante oculos erant; quo maius est sine praemio aeternitatis, sine praemio gloriae, abdere lacrimas operire luctum, amissoque filio matrem adhuc agere.

 

EP. VI, 7

C. PLINIUS CALPURNIAE SUAE S. Pline, veuf à 40 ans se remarie et écrit à sa jeune femme calpurnia

(1) Scribis te absentia mea non mediocriter affici unumque habere solacium, quod pro me libellos meos teneas, saepe etiam in vestigio meo colloces. (2) Gratum est quod nos requiris, gratum quod his fomentis acquiescis; invicem ego epistulas tuas lectito atque identidem in manus quasi novas sumo. (3) Sed eo magis ad desiderium tui accendor:

nam cuius litterae tantum habent suavitatis, huius sermonibus quantum dulcedinis inest! Tu tamen quam frequentissime scribe, licet hoc ita me delectet ut torqueat. Vale.

Car celle qui met tant de gentillesse dans une lettre, quelle douceur met-elle dans sa conversation ! Pourtant écris-moi le plus souvent possible, bien que cela me donne une joie mêlée de souffrance (me réjouisse de telle manière que cependant , je souffre). Adieu

  1. Pline, Ep. VI, 4

C(aius) Pline salue sa chère Calpurnia.

Jamais je ne me suis davantage plaint de mes occupations qui ne m'ont pas permis de t'accompagner au moment où tu partais en convalescence en Campanie ou de te rejoindre immédiatement après ton départ. Car c'est maintenant surtout que je désirerais être avec toi pour vérifier de mes yeux quelle amélioration tu as apportée à tes forces et à la santé de ton corps affaibli, et savoir enfin si tu as traversé sans mal les plaisirs de ton voyage et le luxe de la région. Quant à moi, même si tu étais en bonne santé, je serais toujours inquiet en ton absence (je ne regretterais pas ton absence sans inquiétude) ; car on est inquiet et anxieux quand parfois on n'a aucune nouvelle de l'être qu'on aime passionnément. Mais maintenant c'est ton absence, jointe à ta faiblesse, qui m'épouvante en me donnant des inquiétudes vagues et diverses. Je crains tout, j'imagine tout et, comme il est naturel chez les gens inquiets, je me figure surtout les choses dont j'ai le plus horreur. Aussi je te demande avec assez d'insistance de t'occuper chaque jour de mes craintes par une ou même deux lettres. Car je serai plus tranquille en les lisant, et j'aurai peur aussitôt après les avoir lues. Adieu.

Aide au commentaire:

  • Quelle image pouvons-nous nous faire de l'union de Pline et de Calpurnia ?
  • Quel est le ton général de cette lettre? Comparez avec la 1ère fournie p. 13 ?

 

  1. Apulée, Amour et Psyché, extrait
  2. Plaintes amères des 2 sœurs aînées de Psyché, jalouses du merveilleux mariage qu" a fait celle-ci

    " Pour mon malheur, le sort m'a donné un mari d'abord plus âgé que mon père, et puis plus chauve qu'une courge et plus petit qu'un enfant, qui garde toute la maison fermée avec des verrous et des chaînes !

    - Et moi, je supporte un mari plié et courbé par la goutte, je passe le plus clair de mon temps à frictionner ses doigts tordus et aussi durs que de la pierre, à brûler mes mains si délicates avec des baumes puants, des compresses sales et des cataplasmes fétides, tenant le rôle, non d'une épouse, mais d'une infirmière ! "

     

  3. Inscription funéraire du 2ème s. PC

Pomptilla: Moi, romaine, que Philippe a aimée et qui l'ai jusqu'à maintenant soutenu dans sa pénible maladie, je repose ici, immortalisée par cette stèle gravée de ses mains; Les dieux ont entendu mes prières et m'ont accordé de donner ma vie en échange de la sienne. Va dire la nouvelle, Renommée, nous sommes méritants.

Philippe: Tandis que Pomptilla pleurait avec tristesse sur la maladie de son mari, elle fit le vœu de mourir elle-même à sa place.

O dieux, si prompts à réaliser les vœux funestes, à entendre les prières !

les deux époux parlent maintenant d'une seule voix, la mort les a réunis.

Nous avons vécu unis deux fois 21 ans, une fidélité unique nous a donné beaucoup de joies et bien que Pomptilla ait été accueillie avant moi au fleuve de l'oubli, après m'avoir dit:" Vis, toi, Philippe, à ma place, maintenant un repos éternel et les silences du funeste Pluton nous ont dressé cette demeure pour notre piété à tous les 2.

Térence

Phormion, 1008-1035

Même chez les couples mariés, amour ne rime pas avec toujours. Dans son Phormion, Térence met en scène un vieillard, Chrémès, qui a mené longtemps une double vie. Laissant de temps en temps sa femme légitime à Athènes, sous prétexte d'affaires urgentes, il allait rejoindre sa maîtresse, dont il avait eu une fille, dans l'île de Lemnos. Mais voilà que cette maîtresse meurt et que l'épouse légitime, Nausistrata, apprend brutalement toute la vérité de la bouche du parasite Phormion.

{Nausistrata} pro di immortales, facinus miserandum et malum!
{Phormio} hoc actumst.

{Nausistrata}révoltée an quicquam hodiest factum indignius?
qui mi(hi), ubi ad uxores ventumst, tum fiunt senes!

(se tournant vers son beau-frère)
Demipho, te appello: nam cum hoc ipso distaedet loqui.
Haecine erant itiones crebrae et mansiones diutinae
Lemni? Haecine erat ea quae nostros minuit fructus vilitas?
{Demipho}prudent ego, Nausistrata, esse in hac re culpam meritum non nego;
sed ea quin sit ignoscenda.

{Phormio} verba fiunt mortuo.

{Demipho}convaincu nam neque neglegentia tua neque odio id fecit tuo.
vinolentus fere abhinc annos quindecim mulierculam
eam compressit unde haec natast; neque postilla umquam attigit.
ea mortem obiit; e medio abiit, qui fuit in re hac, scrupulus.
Quam ob rem te oro, ut alia facta tua sunt, aequo animo hoc feras.

{Nausistrata}abattue quid ego aequo animo? cupio misera in hac re iam defungi;
sed quid sperem? aetate porro minus (istum) peccaturum (esse) putem?
Jam tum erat senex, senectus si verecundos facit.
An mea forma atque aetas nunc magis expetendast, Demipho?
quid mi hic adfers quam ob rem exspectem aut sperem porro non (id) fore?

At meo merito credo. Quid ego nunc commemorem, Demipho,
singulatim qualis ego in hunc fuerim?

{Demipho}assez sec novi aeque omnia tecum.

{Nausistrata} Meritone hoc meo videtur factum?

{Demipho} Minime gentium.
ignosce: orat confitetur purgat: quid vis amplius?

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Comment Nausistrata réagit-elle à la nouvelle, selon le droit romain, elle est légalement désarmée; Caton l'Ancien écrit en effet: "Si tu surprenais ta femme en flagrant délit d'adultère, tu pourrais la tuer impunément, mais si c'était toi qui la trompais, elle n'oserait pas te toucher, et d'ailleurs, la loi le lui interdirait."

Pour mieux comprendre le premier reproche de Nausistrata, voici quelques paroles d'une autre épouse trompée dans une pièce de Plaute:

"Celui-ci, fatigué par l'ouvrage qu'il abat au dehors, ne vient me trouver qu'à la nuit: il laboure le domaine des autres mais laisse inculte le sien."

  1. Pline, Ep. VI, 4
  2. C(aius) Pline salue sa chère Calpurnia.

    Jamais je ne me suis davantage plaint de mes occupations qui ne m'ont pas permis de t'accompagner au moment où tu partais en convalescence en Campanie ou de te rejoindre immédiatement après ton départ. Car c'est maintenant surtout que je désirerais être avec toi pour vérifier de mes yeux quelle amélioration tu as apportée à tes forces et à la santé de ton corps affaibli, et savoir enfin si tu as traversé sans mal les plaisirs de ton voyage et le luxe de la région. Quant à moi, même si tu étais en bonne santé, je serais toujours inquiet en ton absence (je ne regretterais pas ton absence sans inquiétude) ; car on est inquiet et anxieux quand parfois on n'a aucune nouvelle de l'être qu'on aime passionnément. Mais maintenant c'est ton absence, jointe à ta faiblesse, qui m'épouvante en me donnant des inquiétudes vagues et diverses. Je crains tout, j'imagine tout et, comme il est naturel chez les gens inquiets, je me figure surtout les choses dont j'ai le plus horreur. Aussi je te demande avec assez d'insistance de t'occuper chaque jour de mes craintes par une ou même deux lettres. Car je serai plus tranquille en les lisant, et j'aurai peur aussitôt après les avoir lues. Adieu.

    Aide au commentaire:

    Quelle image pouvons-nous nous faire de l'union de Pline et de Calpurnia ?

     

  3. Apulée, Amour et Psyché, extrait
  4. Plaintes amères des 2 sœurs aînées de Psyché, jalouses du merveilleux mariage qu" a fait celle-ci

    " Pour mon malheur, le sort m'a donné un mari d'abord plus âgé que mon père, et puis plus chauve qu'une courge et plus petit qu'un enfant, qui garde toute la maison fermée avec des verrous et des chaînes !

    - Et moi, je supporte un mari plié et courbé par la goutte, je passe le plus clair de mon temps à frictionner ses doigts tordus et aussi durs que de la pierre, à brûler mes mains si délicates avec des baumes puants, des compresses sales et des cataplasmes fétides, tenant le rôle, non d'une épouse, mais d'une infirmière ! "

     

  5. Inscription funéraire du 2ème s. PC

Pomptilla: Moi, romaine, que Philippe a aimée et qui l'ai jusqu'à maintenant soutenu dans sa pénible maladie, je repose ici, immortalisée par cette stèle gravée de ses mains; Les dieux ont entendu mes prières et m'ont accordé de donner ma vie en échange de la sienne. Va dire la nouvelle, Renommée, nous sommes méritants.

Philippe: Tandis que Pomptilla pleurait avec tristesse sur la maladie de son mari, elle fit le vœu de mourir elle-même à sa place.

O dieux, si prompts à réaliser les vœux funestes, à entendre les prières !

les deux époux parlent maintenant d'une seule voix, la mort les a réunis.

Nous avons vécu unis deux fois 21 ans, une fidélité unique nous a donné beaucoup de joies et bien que Pomptilla ait été accueillie avant moi au fleuve de l'oubli, après m'avoir dit:" Vis, toi, Philippe, à ma place, maintenant un repos éternel et les silences du funeste Pluton nous ont dressé cette demeure pour notre piété à tous les 2.

Saint-Jérôme, lettre

Saint-Jérôme, répond à une jeune veuve qui l'avait consulté sur le fait de se remarier ou pas. Cette jeune veuve appartenait à la gens Furia, une des plus nobles familles de Rome

 

Les difficultés du mariage, tu les as apprises dans le mariage lui-même, et tu en as été saturée jusqu'à la nausée comme de la chair des cailles (= comme les Hébreux de la chair des cailles). Ton gosier a senti la bile la plus amère, tu as rendu des aliments aigres et malsains, tu as soulagé ton estomac brûlant : pourquoi absorber de nouveau ce qui t'a fait du mal, tel le chien revenant à sa vomissure, et le porc à la fange où il se vautre ? Même les animaux stupides et les oiseaux migrateurs ne retombent pas dans les mêmes pièges et les mêmes filets !

Peut-être crains-tu que les Furii n'aient pas de descendants (litt. : que la descendance des Furii ne fasse défaut), et que ton père n'ait pas, grâce à toi, un marmot pour ramper sur sa poitrine et badigeonner sa nuque de caca ? Ton père s'affligera, mais le Christ se réjouira ; ta famille se lamentera, mais les anges se féliciteront. Que ton père fasse ce qu'il veut de sa fortune ! Tu n'appartiens pas à celui dont tu es née, mais à celui dont tu es renée, et qui t'a rachetée à grand prix : au prix de son sang.

Méfie-toi des nourrices, des bonnes d'enfants et des animaux ivrognes du même genre, qui ne pensent qu'à se remplir le ventre à tes dépens ! Ils ne te donnent pas des conseils qui te soient utiles, mais qui leur soient utiles à eux, et, souvent, ils glapissent : " Te déchireras-tu en t'affligeant dans la solitude, tout au long de ta jeunesse, et ne connaitras-tu ni les tendres enfants, ni les récompenses de Vénus (= les plaisirs de l'amour) ? "

 

 

Responsable académique : Alain Meurant     Analyse : Jean Schumacher     Design & réalisation inf. : Boris Maroutaeff
Dernière mise à jour : 21/09/1999