Parcours :  14

REALIA

 

Le vocabulaire du pouvoir dans les deux préfaces de Tacite:


Bibliographie et documentation:

  • R. LENAERS, Tacite, Le drame d'un empire, Dessain, Liège, 1966. (DE)
  • G. HACQUARD et al., Guide romain antique, Hachette, Paris, 1968. (GRA)
  • M. DEMAT et J. LALOUP, A la découverte du monde gréco-romain (tome 1), H. Dessain, Liège-Paris, 1966. ( MGR1)
  • M. DEMAT et J. LALOUP, A la découverte du monde gréco-romain (tome 2), H. Dessain, Liège-Paris, 1968. ( MGR2)

A. Annales, I, 1:

  • reges : les rois de Rome entre 753 et 509 ACN : Romulus, Numa Pompilius, Tullus Hostilius, Ancus Martius, Tarquin l'ancien, Servius Tullius, Tarquin le Superbe (GRA, pp. 36-38). Ils sont associés au verbe " avoir " (habuere = habuerunt), ce qui insiste sur le type de pouvoir qu'ils ont : ils sont propriétaires du territoire et des sujets sur lesquels ils règnent. Quand Brutus chassera l'Etrusque Superbe (= arrogant, violent), le mot deviendra comme tabou, synonyme de pouvoir autoritaire intolérable pour un Romain acquis aux charmes de la République.
  • consulatum: Les 2 consuls sont les premiers magistrats de la République romaine : il convoquent et président le Sénat, les Assemblées populaires et nomment les fonctionnaires de l'Etat. Ils assurent également le commandement des légions composant l'armée. Enfin, ils négocient les traités de paix et les alliances étrangères. Ils exercent leur fonction collégialement, à tour de rôle, de mois en mois, et donnent leur nom à l'année de leur mandat (= éponymie). NB : Le consulat est la dernière étape du cursus honorum. Les trois degrés précédents sont : questeur , édile et préteur.
  • instituit: Le verbe signifie " commencer " et fait aussi allusion à un statut, une constitution, c'est-à-dire les lois fondamentales qui régissent un Etat. C'est donc un terme noble, chargé d'une connotation positive, qui évoque un processus démocratique, progressif (les lois s'élaborent petit à petit), comme ce fut le cas sous la République.
  • dictaturae: La dictature est une magistrature exceptionnelle, créée pour faire face à une situation de crise (en politique intérieure ou extérieure). Lorsque le Sénat proclame l'état d'exception, un dictateur est désigné par un des consuls, parmi les anciens consuls (à partir de 320), pour une durée de 6 mois, avec pleins pouvoirs, comme un roi. Les pouvoirs des autres magistrats sont alors suspendus, sauf ceux des tribuns de la plèbe. Le dictateur se choisit ensuite un Maître de Cavalerie comme chef d'Etat-Major . Après 202, le Sénat ne demande plus la désignation de dictateurs et se bornera à renforcer temporairement les pouvoirs des consuls.
  • potestas: Pouvoir administratif dont jouissent tous les magistrats : édicter des règlements, infliger des amendes et prendre différentes mesures d'organisation (police, pompiers, voirie…). En outre, ils peuvent " faire des ordonnances, convoquer le peuple, saisir des gages, prendre les auspices et dissoudre les comices. " (MGR1, p. 94).
  • consulare ius: en chantier (voir MGR2 p. 129)
  • dominatio: La domination, la puissance souveraine. En relation avec le mot dominus, qui évoque le pouvoir du maître (de maison = domus), c'est-à-dire du pater familias, le père de famille. Son pouvoir nous apparaît exorbitant : il "reconnaît" ses enfants en les soulevant de terre, sinon, ceux-ci sont voués à la mort par "exposition" : c'est notamment le cas des enfants difformes ; il est ministre du culte domestique et transmet à son fils (éventuellement un garçon adopté - cf. Alix l'intrépide, BD de Jacques Martin -, pour assurer la pérennité du culte familial, Lares et Pénates) les prières et toutes les pratiques de la religion familiale ; la Loi des XII tables lui permet de mettre à mort ou de vendre ses enfants…
    Le mot domination évoque donc pour un Romain un pouvoir très fort !
  • potentia: en chantier
  • arma: Puissance s'appuyant sur l'armée (DE). Ce mot fait donc allusion à un pouvoir de type militaire, pareil à celui qu'exercent les généraux après un coup d'état. En effet, normalement l'armée est soumise au pouvoir civil ("Cedant arma togae", "Que les armes s'effacent devant la toge", écrit Cicéron). En général, c'est un pouvoir strict qui ne supporte guère la discussion et la contestation (les opposants sont souvent supprimés).
    Note de rappel :
    L'armement d'un légionnaire comporte des armes défensives et offensives. Les armes défensives sont : le casque de métal (cassis) ou de cuir (galea), la cuirasse en cuir avec écailles de métal (lorica), les jambières (ocreae) et le bouclier rectangulaire (scutum) en bois, couvert de cuir avec une bosse sur laquelle les flèches ricochaient. Les armes offensives : le glaive (gladius), la lance (hasta), la flèche (sagitta) et le javelot (pilum), arme favorite des Romains qui était une arme de jet d'un mètre, à hampe de bois et pointe de métal. Sa portée variait de 30 à 60 mètres.
  • principis / principatum: Princeps signifie "premier citoyen de l'Etat" (primus + caput) et évoque donc une présidence. Ce mot est actuellement connoté positivement puisqu'il fait pour nous allusion à un système républicain. Peut-être a-t-il été choisi par les empereurs pour ne pas effaroucher les Romains qui craignaient plus que tout le retour d'un pouvoir de type royal (cfr. ci-dessus). C'est peut-être pour cela que Tacite dit "nomine principis" (= sous le nom de premier), suggérant qu'il s'agit d'une étiquette mais qu'en réalité l'imperium est un pouvoir fort, davantage comparable à celui du dominus (cf. plus haut) ou du rex qu'aux prérogatives des magistrats supérieurs (cf. ci-dessous).
    Au début, l'Empire sera caractérisé par le pouvoir double (dyarchie) du princeps et du Sénat. Dès le "règne" de Tibère, le pouvoir du Sénat diminuera au point de devenir purement honorifique.
  • imperium: L'imperium est un pouvoir de type gouvernemental ( par rapport à la simple potestas: cfr ci-dessus) aux niveaux politique, judiciaire et militaire, propre aux consuls, aux préteurs et aux dictateurs. Il est symbolisé par la présence de licteurs (lictores) qui, armés de faisceaux (fasces), accompagnent le magistrat en fonction et symbolise leur droit de vie ou de mort. (MGR1 p. 94).

B. Histoires, I, 1:
- consules : voir supra (consulatum)
- potentiam : voir supra (potentia)
- rei publicae : en chantier
- dominantes : voir supra (dominatio)
- principatum : voir supra (principis)
- imperium : voir supra


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Dernière mise à jour : 29/10/1999