lowolf.gif (829 octets)      Pétr, Sat., 62

 

Erat autem miles, fortis tamquam Orcus... Luna lucebat tanquam meridie. Venimus inter monimenta : homo meus coepit ad stelas facere ; sedeo ego cantabundus et stelas numero. Deinde ut respexi ad comitem, ille exuit se et omnia uestimenta secundum uiam posuit. Mihi anima in naso erat, stabam tanquam mortuus. At ille.. subito lupus factus est, ... ululare coepit et in siluas fugit. ego primitus nesciebam ubi essem, deinde accessi ut uestimenta eius tollerem : ille autem lapidea facta sunt ! Qui periit timore nisi ego ? Gladium tamen strinxi et umbras cecidi, donec ad uillam amicae meae peruenirem...
 
Melissa mea... : «Lupus, inquit, uillam intrauit et omnia pecora tamquam lanius sanguinem misit. Nec tamen derisit si etiam fugit. Seruus enim noster lancea collum eius traiecit». Haec ut audiui,operire oculos amplius non potui sed luce clara. Gaii nostri domum fugi ; et postquam ueni in illum locum in quo lapidea uestimenta erant facta, nihil inueni nisi sanguinem ! Vt uero domum ueni, iacebat miles meus in lecto tanquam bouis, et collum illius medicus curabat. Intellexi illum uersipellem esse, nec postea cum illo panem gustare potui.

 

C'était un militaire fort comme un ogre... La lune éclairait comme en plein jour. Nous arrivons entre les tombeaux ; voilà mon homme qui s'écarte du côté des monuments ; moi, je m'assieds en fredonnant un air, et je compte les colonnes Et puis, en me retournant vers mon compagnon, je le vois qui se déshabille et qui dépose tous ses habits sur les bords de la route J'avais la mort au bout du nez  je ne remuais pas plus qu'un cadavre. ... et aussitôt il se changea en loup... commença à hurler et s'enfuit dans la forêt. Moi, d'abord, je ne savais pas où j'étais ; puis, je m'approchai pour emporter ses habits ; mais ils s'étaient changés en pierre. Si jamais homme dut mourir de frayeur, c'était bien moi. Pourtant je tirai mon épée, et tout le long de la route j'en frappai les ombrees jusqu'au moment où j'arrivai à la ferme de ma maîtresse...

Ma chère Mélissa... me dit : «Un loup est entrée dans la ferme et toutes nos bêtes, il les a saignées comme un boucher. Mais cela lui a coûté cher, bien qu'il ait pu s'échapper : car un de nos esclaves lui a passé sa lance à travers le cou». Quand j'ai entendu cela, il n'a plus été question pour moi de fermer l'oeil, mais le jour venu, je me sauvai chez mon maître Gaius. Et arrivé à l'endroit où les vêtements s'étaient changés en pierre, je n'ai plus trouvé que du sang. Mais, quand je fus rentré chez moi, le militaire gisait dans son lit, soufflant comme un boeuf, et un médecin lui pansait son cou. J'ai compris que c'était un loup-garou  et à partir de ce moment, on m'aurait tué plutôt que de me faire manger un bout de pain avec lui.

(Texte rendu dans la traduction de A. Ernout, Paris, 1971, p. 60-61 [CUF])

 

 

 

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