Notice : 1. LECTURE : Jean de Salisbury (vers 1115 - 1180) s'interroge à propos de promesses faites :
Jean de Salisbury, Policraticus, III, 11 :
... Sed hoc liberum est his, et saepe conducit, qui aliqua donare consueuerunt. Alioquin promisso gratiae conciliandae non proficit, sed quasi deceptio fraudulenta, illam quae esse uidetur plerumque exstinguit. Tanto quidem ualidius, quo cum prudentiori et grauiori uiro negotium geritur. Simplicitas namque circumuenientium insidiis latius patet, et facilius supplantatur.
Unde ille qui non urbem, sed orbem lasciuis impleuit amoribus, sollicitatorem puellarum et impudicum instruens amatorem, ait: "Promittas facito, quid enim promittere laedit? Pollicitis diues quilibet esse potest".
At philosophus nunquam, aut rarissime, et hoc ex iusta causa asserit conductibile. Si enim promissionis implendae facultas non suppetit, temerarium est promittere quod praestare non potes.
Si enim potestas adfuerit largiendi, nisi uoluntas beneficii producat effectum, promissor non gratiam de promisso, sed de mendacio contrahit maculam. Quod si ex interuallo promissi fidem impleuerit, liberalitatis decor, et beneficii species ipsa fuscatur, eo quod qui distulit, interim uisus est noluisse. Unde uersificator egregius:
"Denigrat meritum dantis mora, nam data raptim
Munera, plus laudis, plusque fauoris habent". ...
... Mais la promesse n'appartient qu'à ceux qui sont en possession d'exercer des libéralités. Dans d'autres personnes elle ne sert de rien à gagner un esprit, au contraire elle étouffe bien souvent la faveur qu'on s'était déjà acquise, et l'éteint d'autant plus vite que celui avec qui l'on traite est homme de plus grande gravité et de plus forte prudence. Pour la simplicité elle est découverte aux embûches de ceux qui la veulent surprendre et se laisse aisément attirer par cette vaine espérance. Pour ce sujet, celui qui a rempli tout le monde de ses lascives amourettes, donne cette instruction aux galants qui assiègent les jeunes filles :
"Promettez librement à toutes vos maîtresses,
Qu'importe, il est aisé d'être riche en promesses".
{Ovide, L'art d'aimer, I, 443-444}
A ce conseil est contraire celui du philosophe, qui nous assure qu'il n'est pas à propos de promettre et que l'on ne le doit faire que rarement et pour un juste sujet; car si le moyen vous manque d'accomplir votre promesse, c'est une témérité de promettre ce que vous ne pouvez tenir, et si vous en avez la puissance sans la volonté, vous passerez pour un menteur et n'acquerrez pas le mérite du bienfait par une simple promesse. Que si vous laissez de l'intervalle entre la promesse et l'accomplissement, la grâce du présent et les
agréments du plaisir s'envieillissent et se flétrissent en quelque façon, parce que celui qui diffère, semble durant ce délai n'avoir pas la volonté de faire ce qu'il a promis. ...
"Le délai du bienfait amoindrit le mérite,
Celui que l'on n'a point promis,
Bien que sa valeur soit petite,
Est plus doux et fait plus d'amis". ...
2. LECTURE : Pétrarque (1304-1374) s'interroge : faut-il craindre de rester sans sépulture après la mort ?
Pétrarque, Entretiens familiers de Pétrarque sur la bonne ou mauvaise fortune ou l’art de vivre heureux, CXXXII, 6 :
... quid (ne semper Italos labores loquar) classis Atheniensium, ante urbem Syracusiam demersa? quale habuit sepulcrum? sileo Salaminam et Marathonem trecentaque milia illic fusa Persarum, etsi alii duplo amplius dicant. Transeo Hebreorum conflictationes, Scytharumque et Amazonidum Arabumque et Parthorum prelia, et Medorum. Pretereo Alexandri Macedonis in Oriente uictorias stragesque illas inermium populorum. Pestes taceo, tales sepe, ut cadauer carum licet abstraxisse parumper, pietas fuerit; incursus quoque serpentum atque immanium beluarum, quarum impetu, Dicearchus docet, ut ait Cicero, quedam hominum genera esse consumpta; tempestates preterea et quotidiana naufragia, nam qui flammis pereunt, non egentes busti dixeris. Omitto furores domesticos intestinamque misericordiam, de qua dictum est:
"bellum ciuile sepulcra
uix ducibus prestare potest",
quod de externo uerius etiam est bello. Nec ruinas urbium sequor, Troie, Hierosolyme, Carthaginis, Corynthi, Numantie ac Sagunti, aliarumque multarum, ubi magna pars ciuium muris oppressa labentibus et sic patrie consepulta est. Mitto denique terremotus, quibus multi sepe mortales, obruti, pro sepulcro totum terre matris uterum habuerunt; quod cum olim nuperque crebrum malum fuerit, diuersis in locis, nusquam tamen quam in Asia insignius, ubi duodecim urbes uno die horrificis terre hiatibus hauste memorantur. Hec tam multa dixerim, ut ridiculum tibi metum eripiam, qui morte magis damnum metuis sepulcri, atque illud huic uni corpusculo deesse fers grauiter, quod tam multis hominum et bellatorum, et, quod fuit indignius, sanctorum insuper millibus defuisse compertum est.
... Enfin, pour ne pas
toujours parler des travaux glorieux des Italiens, quel sépulcre eut la flotte des Athéniens
étant engloutie des vagues devant la ville de Syracuse ? Je laisse à part Salamine et
Marathon et deux mille Perses qui y furent défaits, quoique d'autres ne se contentent pas
d'en doubler le nombre. Je passe sous silence les guerres des Juifs et les combats des
Scythes et des Amazones, des Arabes, des Parthes et de Mèdes. Je ne dis rien
des victoires qu'Alexandre de Macédoine emporta dans l'Orient, de de ces furieux carnages
de tant de peuples désarmés. J'omets encore les ravages de la peste, qui est quelquefois si
cruelle, qu'on prend pour un grand devoir de piété d'avoir un peu mis à l'écart le corps
mort d'une personne qu'on aimait. Je ne parlerai point non plus des incursions des serpents et des bêtes monstrueuses, par l'effort desquelles quelques espèces d'hommes ont été
entièrement consommés, ainsi que Dicéarque, au rapport de Cicéron, nous l'enseigne.
Je ne ferai aucune mention des tempêtes et des naufrages ordinaires, car pour ceux qui
périssent dans les flammes, tu aurais tort de dire qu'ils aient besoin de bûcher ou faute de
tombeau. Je laisserai à part les fureurs domestiques et les discordes intestines, qui ont fait
dire que "la guerre civile peut à peine donner sépulture aux chefs",
{Lucain, La Pharsale, IX, 235}
ce qui est encore plus vrai de la guerre externe.
Je ne particulariserai point la ruine des villes de Troie, de Jérusalem, de Carthage, de
Corinthe, de Numance, de Sagonte, et de beaucoup d'autres, où la plupart des habitants
furent accablés le la chute des murailles et ainsi ensevelis avec leur patrie. Je laisse enfin les
tremblements de terre dont plusieurs personnes, ayant été surprises avec effroi, ont eu pour
tombeau tout le ventre de notre commune mère qui est la terre même. Ce mal a été jadis
fort fréquent en divers endroits et l'était encore naguère ; mais l'accident le plus
remarquable qu'il ait causé se vit en Asie, où l'on dit que douze ville furent englouties en
un même jour dans les gouffres effroyables de la terre.
3. ITINERA ELECTRONICA
: Environnements hypertextes & Textes préparés :
A) Environnements hypertextes :
Semaine de relâche
B) Textes préparés :
- Jean des Salisbury (vers 1115 - 1180), Policraticus, Livre III, chap. 10
Traduction française encodée par nos soins en adaptant l’orthographie.
Traduction française : François Eudes de Mézeray, Les vanitez de la cour. Paris, Quinet, 1639
.
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Jean_de_Salisbury/policraticus_03_10.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Jean_de_Salisbury/policraticus_03_10_fr.txt
- Jean des Salisbury (vers 1115 - 1180), Policraticus, Livre III, chap. 11
Traduction française encodée par nos soins en adaptant l’orthographie.
Traduction française : François Eudes de Mézeray, Les vanitez de la cour. Paris, Quinet, 1639
.
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Jean_de_Salisbury/policraticus_03_11.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Jean_de_Salisbury/policraticus_03_11_fr.txt
- Pétrarque (1304-1374), Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, ch.132: De la sépulture
Traduction française numérisée par nos soins en adaptant l’orthographie.
Traduction française : Entretiens familiers de Pétrarque sur la bonne ou mauvaise fortune ou l’art de vivre heureux. Tomme second. Paris, Trabouillet , 1673
.
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch132.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Petrarque/de_remediis_fortunae_ch132_fr.txt
Jean Schumacher
25 novembre 2016 |