Notice : 1. Lecture : Juste-Lipse (1547 - 1606) à propos du culte des jardins chez les anciens :
Juste-Lipse, De la constance, II, 2 :
Iam inter priscos Graecos Romanosque, quot illustria capita tibi
proferam, qui positis aliis curis, soli in hac cura? In illis quidem ;
uno uerbo, plerosque philosophos et sapientes, qui remoti
ab insano foro et urbe, hortorum se spatiis sepibusque
clauserunt. At in istis : Tarquinium regem uideo iam
tum prisca illa Roma, in hortis molliter ambulantem,
et papauerum capita resecantem : Catonem Censorium
agnosco in re hortensi deditum, et de ea serio
scribentem : Lucullum, post Asiaticas uictorias, in
iisdem otiantem : Sullam, abiecta dictatura, suauiter
hic senescentem : et Diocletianum Principem, olera sua
et lactucas ad Salonam, purpurae et omnibus sceptris
praeferentem. Nec abiuit ab hoc meliorum iudicio uulgus,
in quo ipso, simplices omnes et, sine mala ambitione
animas, scio fuisse in hoc cultu. Est enim profecto
arcana quaedam et congenita nobis uis, cuius
intimas caussas non facile reddo, quae ad hanc innoxiam
et ingenuam delectationem trahit non nos tantum, qui propendemus
sed illos ipsos serios et seueros, qui renituntur et irrident.
Chez les anciens Grecs et Romains, combien ne vous citerais-je pas de
personnages illustres qui ont quitté tout autre soin pour se
consacrer entièrement à celui-là seul? Parmi les premiers,
il faudrait ranger ensemble presque tous les philosophes
et les sages qui fuyaient le tumulte insensé
de l'Agora et de la ville, et se renfermaient dans l'enceinte
close de leurs vastes jardins. Quant aux autres,
je vois, dès les temps de l'ancienne Rome, le roi Tarquin
se promenant nonchalamment dans son jardin et
abattant les têtes des pavots; je reconnais Caton l'ancien
livré tout entier à la culture des jardins, et écrivant
avec le plus grand soin un savant traité sur la matière ;
Lucullus qui se repose, après ses victoires d'Asie, dans
les bosquets de ses jardins ; Sylla qui y vieillit doucement
après avoir abdiqué la dictature, et l'empereur
Dioclétien qui préféra ses choux et ses laitues de Salone
au sceptre et à toute la pompe de l'Empire. Le vulgaire
même n'a pas été à cet égard d'un autre sentiment que
l'élite : là encore, je le sais pertinemment, les âmes
simples et sans ambition mauvaise ont, toujours eu le
culte des fleurs. Il n'est pas douteux que nous ayons en
nous une force cachée, née avec nous, dont, je n'expliquerais
pas facilement les causes intimes, et qui entraîne
vers cette jouissance innocente et honorable, non seulement
nous, qui y sommes enclins, mais aussi les hommes sérieux
et sévères qui s'en défendent et s'en moquent.
2. Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) à propos du droit de cité chez les Romains :
Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VIII, 3a :
... Nulla unquam respublica sinus suos ad nouos ciues recipiendos
tam profuse laxauit, quam respublica Romana.
Itaque par erat instituto tam prudenti fortuna,
cum in imperium toto orbe amplissimum succreuerint.
Moris apud eos erat, Ius Ciuitatis prompte elargiri; idque in
supremo gradu; hoc est, non solum Ius Commercii, Ius Connubii,
Ius Haereditatis; uerum etiam Ius Suffragii, et Ius
Petitionis siue Honorum ; hocque rursus non singulis tantum
personis, sed totis familiis, imo ciuitatibus, et nonnunquam integris
nationibus, communicarunt. Huc adde consuetudinem
deducendi Colonias, quibus Romanae stirpes in solum exterum
transplantabantur. Quae duo instituta si simul componas, dices
profecto non Romanos se diffudisse super uniuersum orbem ;
sed contra orbem uniuersum se diffudisse super Romanos; quae
securissima proferendi imperii est ratio. ...
... Jamais république n'ouvrit son sein à de nouveaux citoyens avec autant de facilité
que la république romaine. Aussi sa fortune répondit-elle à une si sage institution,
et la vit-on, s'étendant par degrés, former un empire aussi grand que l'univers entier.
Les Romains étaient dans l'usage de conférer le droit de cité, et cela au plus haut
degré; je veux dire, non pas seulement le droit de commerce, de mariage, d'hérédité,
mais même le droit de suffrage, le droit de pétition, et celui de briguer les honneurs :
et cela encore non pas seulement à tel ou tel individu; mais à des familles, à des
villes, et même à des nations entières. Ajoutez l'usage où ils étaient de tirer du
corps des citoyens de quoi fonder des colonies, à l'aide desquelles la race romaine
se transplantait dans un sol étranger. Or, ces deux moyens, si vous les mettez
ensemble, et concevez bien ce que peut leur concours, vous direz hardiment,
non que les Romains se répandirent sur l'univers entier, mais que l'univers même
se répandit sur les Romains et telle est la plus sûre méthode pour reculer les limites
d'un empire. ...
3. Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) : Un général préfère-t-il disposer d'une armée nombreuse ou d'une armée courageuse ?
Francs Bacon, De le dignité et de l'accroissement des sciences, VIII, 3 :
... Urbes munitae, plena armamentaria, equorum propagines
generosae, currus armati, elephanti, machinas atque tormenta
bellica omnigena, et similia; sunt certe ista uniuersa nihil aliud
quam ouis induta pelle leonina, nisi gens ipsa stirpe sua et ingenio
sit fortis et militaris. Imo, nec numerus ipse copiarum
multum iuuat, ubi milites imbelles sunt et ignaui. Recte enim
Virgilius : "Lupus numerum pecorum non curat".
Exercitus Persarum in campis Arbelae oculis Macedonum, tanquam
uastum hominum pelagus, subiiciebatur ; adeo ut duces Alexandri,
nonnihil ipso spectaculo perculsi, regem interpellarent, atque
ut noctu praelium committeret ei auctores erant; quibus ille,
"Nolo (inquit) suffurari uictoriam".
Ea autem etiam opinione fuit facilior.
Tigranes Armenius, castrametatus in quadam colle cum exercitu
quadringentorum millium, cum spectaret
aciem Romanorum, quae quatuordecim millia non excessit,
contra se tendentem, in dicterio illo suo sibi complacuit : "Ecce
(inquit) hominum pro legatione nimio plus quam oportet, pro
pugna longe minus".
Eosdem tamen, priusquam occubuisset sol, satin multos ad illum
infinita strage profligandum expertus est. Innumera sunt exempla,
quam sit multitudinis cum fortitudine congressus impar. ...
... Des villes fortifiées, des arsenaux pleins, des races généreuses de chevaux,
des chariots armés, des éléphants, des machines de toute espèce. Qu'est-ce au
fond que tout cela, sinon la brebis revêtue de la peau du lion, si la nation
même n'est, et par sa race et par son génie, courageuse et guerrière ? Je dirai
plus : le nombre même des troupes n'y fait pas beaucoup, dès que le soldat est
sans force et sans courage; et c'est avec raison que Virgile a dit: "le loup ne
s'inquiète guère du nombre des brebis". {Cfr. Virgile, Éclogues, VII, 52}
L'armée des Perses campée dans les champs d'Arbelle, sous les yeux des
Macédoniens, leur semblait un vaste océan d'hommes; en sorte que les généraux
d'Alexandre, un peu étonnés de ce spectacle même, tâchaient de l'engager à livrer
la bataille de nuit; non, non, répondit-il, "je ne veux pas dérober la victoire".
{Plutarque, Vie d'Alexandre, XXXI : "οὐ κλέπτω τὴν νίκην," }
Ce fut une opinion semblable à celle de ces généraux, qui rendit plus facile la défaite
de Tigranes. Ce prince étant campé sur une certaine colline avec une armée de quatre
cent mille hommes, et considérant l'armée romaine de quatorze mille tout au
plus, qui marchait contre lui, dit à ses courtisans : "si ce sont-là des ambassadeurs,
c'est beaucoup trop; mais si ce sont des soldats, c'est trop peu", et il se complaisait
dans ce bon mot. Cependant avant le coucher du soleil il éprouva qu'il y en avait
encore assez pour faire de ses gens un carnage effroyable.
Il est une infinité d'exemples qui montrent combien entre la multitude et le
courage le combat est inégal. ...
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A) Environnements hypertextes :
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B) Textes préparés :
- Juste Lipse (Joost Lips ; 1547 - 1606), De la constance, Livre II, ch. 1 à 5;
[Texte latin et traduction française numérisés par nos soins.
Traduction française: Lucien du Bois, Juste Lipse, Traité de la constance. Bruxelles & Leipzig, Merzbach, 1873]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Juste_Lipse/de_constantia_02_01a5.txt français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/Juste_Lipse/de_constantia_02_01a5_fr.txt
- Francis BACON (1561 - 1626), De la dignité et de l'accroissement des sciences, livre VIII, chapitre 3a
[Texte latin et traduction française numérisés par nos soins.
Traduction française : A. LASALLE, Oeuvres de François Bacon. Dijon, L.-N. Frantin. XV volumes (1799-1802). Vol. II.]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv08_ch03a.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv08_ch03a_fr.txt
Jean SCHUMACHER
12 septembre 2014
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