Notice : 1. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) cite Sénèque le philosophe : La vie d'un homme sans but, est livrée à la langueur et à l'incertitude :
Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VII, 2 :
... At in actis uitae nostrae et institutis et ambitionibus insignis est
uarietas ; eaque multa cum uoluptate percipitur, dum inchoamus,
progredimur, interquiescimus, regredimur ut uires augeamus,
appropinquamus, denique obtinemus, et huiusmodi ; ut uere
admodum dictum sit, Vita sine proposito languida et uaga est.
Quod simul et prudentibus et stultissimis competit, ut ait Salomon,
"Pro desiderio quaerit cerebrosus, omnibus immiscet se".
Quinetiam uidemus reges potentissimos, ad quorum nutum
quaecunque sensibus grata sunt parari possent, nihilominus
procurasse sibi interdum desideria humilia et inania (quemadmodum
cithara fuit Neroni, gladiatoria Commodo, Antonino
aurigatio, et alia aliis), quae tamen ipsis fuerint omni affluentia
uoluptatum sensualium potiora. Tanto uoluptatem maiorem
affert ut aliquid agamus, quam ut fruamur. ...
... Mais dans les actions de notre vie, dans nos projets, dans nos prétentions, règne une
étonnante variété; et cette variété, l'on y trouve un plaisir infini, tandis qu'on
va ébauchant son ouvrage, le continuant, se reposant de temps à autres, reculant,
pour ainsi dire, pour mieux prendre son élan, approchant du terme; enfin, touchant au
but, et autres choses semblables. En sorte qu'on a grande raison de dire que la vie d'un
homme sans but, est livré à la langueur et à l'incertitude;
{Sénèque, Lettres à Lucilius, XIV, 95, 46}
et c'est ce qui s'applique tout à la fois aux sages et aux fous, comme le dit Salomon:
"l'écervelé tâche de se donner des désirs, et se méle de tout".
{Cfr. Prov. XVIII, 1}
De plus, nous voyons que les monarques les plus puissants, qui n'avaient besoin que
d'un signe pour appeler tout ce qui flatte les sens, avaient soin pourtant de se ménager
de temps en temps certaines petites jouissances frivoles, et au-dessous d'eux. C'était ainsi
que Néron se plaisait à jouer de la guitare; Commode, à faire le gladiateur; Antonin, à conduire
un char; et que d'autres avaient d'autres goûts semblables : jouissances pourtant qu'ils
préféraient à toute l'affluence des voluptés sensuelles qui étaient à leurs ordres, tant il est
vrai que l'action procure des plaisirs plus vifs qu'une jouissance purement passive. ...
2. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) à propos des doctrines des philosophes :
Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VII, 2 :
... Sane doctrinae pleraeque philosophorum uidentur esse paulo
timidiores, et cauere hominibus plusquam natura rerum postulat.
Veluti cum mortis formidinem medendo augent. Etenim
cum nihil aliud fere uitam humanam faciant quam mortis quandam
praeparationem et disciplinam, quomodo fieri possit, ut ille
hostis mirum in modum non uideatur terribilis, contra quem
muniendi nullus sit finis ? Melius poeta (ut inter ethnicos),
"Qui finem uitae extremum inter munera ponat Naturae".
Similiter et in omnibus annisi sunt philosophi animum humanum
reddere nimis uniformem et harmonicum, cum motibus
contrariis et extremis minime assuefaciendo. Cuius causam
arbitror fuisse, quod ipsi uitae se priuatae dedicarunt, a negotiis
et aliorum obsequiis immuni et liberae. Quin potius imitentur
homines prudentiam gemmariorum ; qui, si forte in gemma
inueniatur nubecula aliqua aut glaciecula quae ita posset eximi
ut magnitudini lapidis non nimium detrahatur, eam tollunt;
aliter uero intactam eam relinquunt. Pari ratione, serenitati
animorum ita consulendum est, ut non destruatur magnanimitas. ...
... Certes, la plupart des doctrines des philosophes
nous paraissent trop timides, et prendre, en faveur des hommes, plus de précautions que la
nature ne le veut: par exemple, lorsque, voulant remédier à la crainte de la mort ils ne font que
l'augmenter. Comme ils ne font de la vie humaine qu'une sorte de préparation à sa fin, d'apprentissage de la mort, il est force qu'un ennemi contre lequel on fait tant de préparatifs, paraisse bien terrible et bien redoutable. J'aime mieux ce poète païen qui appelle la fin de la vie,
la dernière des fonctions de la nature. {Juvénal, Satires, X, 358}
C'est ainsi qu'en toutes choses les philosophes se sont efforcés de rendre l'âme humaine trop uniforme et trop harmonique, en ne faisant rien pour l'accoutumer aux mouvements contraires et aux extrêmes. Et la cause de cette méprise nous paraît être qu'ils s étaient consacrés à une vie
privée, à une vie exempte de toute espèce d'affaires et d'assujettissement. Que n'imitaient-ils
la prudence du lapidaire, qui, lorsqu'il trouve dans un diamant quelque petit nuage, quelque
petite bulle qu'il peut enlever sans trop diminuer le volume de la pierre, a soin de l'ôter, et qui,
dans le cas opposé, prend le parti de n'y pas toucher? C'est ainsi qu'il faut pourvoir à la sécurité
des âmes, de manière cependant à ne point détruire la magnanimité.
3. : Francis Bacon (1561 - 1626) à propos du Basilikon doron :
Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, VII, 2 :
... In hoc genere librorum piaculum foret non meminisse (honoris
causa) excellentissimi illius operis, a Maiestate tua elucubrati,
"De Ofiîcio Regis" {Basilikon doron}. Scriptum enim hoc plurimos intra
se cumnlauit ac recondidit thesauros, tam conspicuos quam occultos,
Theologiae, Ethicae, et Politicae, insigni cum aspersione
aliarum artium; estque meo iudicio, inter scripta quae mihi
perlegere contigerit, praecipue sanum et solidum. Non illud
ullo loco aut inuentionis feruore aestuat, aut indiligentiae frigore
torpet aut dormitat; non uertigine aliquando corripitur, unde
in ordine suo seruando confundatur aut excidat; non digressionibus
distrahitur, ut illa quae nihil ad rhombum sunt expatiatione
aliqua flexuosa complectatur ; non odoramentorum aut
pigmentorum fucis adulteratur, qualibus illi utuntur qui lectorum
potius delectationi quam argumenti naturae inseruiunt;
ante omnia uero, spiritu ualet istud opus non minus quam corpore ;
utpote quod et cum ueritate optime consentiat et ad
usum sit accommodatissimum. Quinetiam uitio illo, de quo
paulo ante diximus (quod si in alio quopiam, in rege certe et
scripto de maiestate regia tolerandum fuerit) omnino caret;
nempe, quod culmen et fastigium regium non immodice aut inuidiose
extollat. Siquidem Maiestas tua regem non depinxit
aliquem Assyriae aut Persiae gloria et externo fastu nitentem et
coruscantem ; sed uere Mosem aut Dauidem, pastores scilicet
populi sui. Neque uero unquam memoria excidet dictum
quoddam uere regium, quod in lite grauieaima terminanda
Maiestas tua, pro sacro illo quo praeditus es spiritu, ad populos
regendos pronunciauit; nimirum, "Reges iuxta leges regnorum
suorum gubernacula tractare, quemadmodum et Deus iuxta leges
naturae ; et aeque raro praerogatiuam illam suam quae leges transcendit
ab illis usurpandam, ac a Deo uidemus usurpari potestatem
miracula patrandi". ...
... Mais, en parlant des livres de ce genre, ce serait une sort de sacrilège que de ne point se rappeller
cet excellent ouvrage, fruit des veilles de Votre Majesté, sur les devoirs d'un roi.
{WIKIPEDIA : "Le Basilikon Doron est un manuel d’instruction écrit par le roi Jacques VI d’Écosse (18 juin 1566 - 27 mars 1625) pour son fils le prince Henry Stuart (1594-1612). Publié une première fois à sept exemplaires à Édimbourg en 1599, il fut réédité en 1603 à Londres, où il se vendit par milliers".}
Cet écrit renferme en lui-même une infinité de trésors, soit visibles, soit cachés, de la théologie, de la morale et de la politique, avec une forte teinte des autres arts. C'est, à mon sentiment, de tous les
écrits que j'ai pu lire, un des plus sains et des plus solides. En aucun endroit il ne se sent trop de l'effervescence de l'invention, ni de cette espèce de sommeil ou d'engourdissement où jette une froide exactitude. On n'y voit point l'auteur, saisi d'une sorte de vertige, perdre de vue le plan
qu'il s'était fait et s'en écarter. Il n'est point coupé par ces digressions, à l'aide desquelles un écrivain, par une sorte d'écarts tortueux, s'efforce de faire entrer dans son plan ce qui ne s'y encadre pas;
il n'est point non plus brillanté par des ornements recherchés, et tels que ceux dont fait usage un écrivain plus jaloux de donner du plaisir au lecteur, que de s'attacher à l'esprit de son sujet.
Or, avant tout, je puis dire que cet ouvrage a autant d'âme que de corps, vu qu'il est tout-à-la-fois conforme à la vérité, et très bien approprié à la pratique. II y a plus : il est tout-à-fait exempt
de ce défaut dont nous parlions il n'y a qu'un moment ; défaut qui serait, plus que dans tout autre, supportable dans un roi et dans un écrit sur la majesté royale; je veux dire qu'il n'exalte point
excessivement, et d'une manière qui puisse éveiller l'envie, l'autorité et la prérogative royale.
Car, ce roi que Votre Majesté a si bien peint, ce n'est point un roi d'Assyrie ou un roi de Perse, tout
éclatant d'un luxe et d'un faste étranger à sa personne; mais c'est véritablement un Moyse, un David, un de ces rois pasteurs de leurs peuples ; et ce que je n'oublierai jamais, c'est cette parole vraiment royale que prononça Votre Majesté dans un procès très grave, qu'il s'agissait de terminer : Votre Majesté, inspirée par cet esprit sacré dont elle est douée pour le gouvernement des peuples, parla ainsi : "les rois doivent gouverner les peuples conformément aux lois de leurs états, comme Dieu gouverne les créatures ...aux lois de la nature; et ils doivent user aussi rarement
de cette prérogative qui les met au-dessus des lois, que Dieu use de ce pouvoir qu'il a d'opérer des miracles".
3. ITINERA ELECTRONICA : environnements hypertextes & textes préparés :
A) Environnements hypertextes :
B) Textes préparés :
- Francis Bacon (1561 - 1626), De la dignité et de l'accroissement des sciences, livre VII, ch. 2 [Texte latin et traduction française numérisés par nos soins]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv07_ch02.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/AClassFTP/Textes/Bacon/de_dign_augm_sc_lv07_ch02_fr.txt
- Helmold von Bosau (vers 1120 - après 1177), Chronica Slavorum, Livre I, ch. 1 à 20 [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle ; Traduction française numérisée et mise en pages par Marc Szwajcer; Traduction française : J-Fr. MICHAUD, Bibliothèque des Croisades, 3e partie, Paris, Ponthieu, 1829.]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/HELMOLD_BOSAU/chronica_slavorum_01_01a20.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/aclassftp/Textes/HELMOLD_BOSAU/chronica_slavorum_01_01a20_fr.txt
Jean Schumacher
08 mai 2014
|