Notice : 1. Lecture : Poggio Bracciolini (1380 - 1459), Facétie CXXVII : Du pain ou du vin ? :
Poggio Bracciolini, Facéties, facétie CXXVII :
[127] Facete Dictum Cuiusdam Ioannis Petri Senensis.
Ioannes Petrus, ciuis Senensis, ad facetias et iocos promptus, semel Romae inuitatus ad potum (mane enim et aestas erat) a Bartholomaeo de Bardis; cum plures una conuenissemus, tum potandi, tum uexandi hominis causa, atque esset unicuique, ut moris est, ante potum particula panis oblata, sumptum panem cum alii comederent, solus partem suam seruabat in manu. Rogatus cur et ipse non ederet, ridens: - 'Bartholomaee,' inquit, 'hic tuus panis, ultra omnes quos uiderim, reuerens est ac modestus: nam, cum saepius hunc ad os admouerim, nullo tamen pacto potis sum ut uelit uinum praeire.' Risimus omnes facete dictum eius, qui existimabat cibum non semper in magna praesertim siti praeire oportere.
[127] CXXVII. Mot plaisant de Jean-Pierre de Sienne.
Giovanni Pietro, citoyen de Sienne, toujours prêt à rire et à plaisanter
fut un jour, invité à Rome par Bartolomeo de Bardi, à venir boire
un coup. C'était le matin, en été. Nous rencontrâmes là plusieurs amis,
venus, non tant pour nous rafraîchir, que pour faire enrager notre hôte.
Suivant l'habitude, on offrit à chacun une bouchée de pain ; tous en
prirent et se mirent à manger. Seul Giovanni Pietro conservait son
morceau dans la main. On s'enquit du motif qui l'empêchait de manger:
— « Bartolomeo, dit-il en riant, ton pain est le plus humble et le plus
modeste que j'aie jamais rencontré; plusieurs fois je l'ai approché de
ma bouche ; il s'est obstiné à ne vouloir passer qu'après le vin ».
La boutade de cet homme nous fit rire. Elle prouvait que le manger
ne doit pas toujours précéder le boire, surtout lorsqu'on est très altéré.
2. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) : L'éducation est une habitude contractée de bonne heure :
Francis Bacon, Sermones fidèles, Sermo XXXVII : De l'habitude et de l'éducation :
Certe consuetudo ualidissima, cum a pueritia incipit, haec educationem appellamus, quae nihil aliud est quam a teneris annis imbibita consuetudo. Ita uidere est in linguis ediscendis linguam ipsam magis commode se applicare omnibus expressionibus et sonis, artus quoque magis agiles et flexiles ad omnes posituras motus esse in pueritia aut adolescentia quam postea. Verissimum enim est opsimathes istos nouam plicam non bene admittere, nisi fuerit in nonnullis hominibus quibus animi nondum fixi, sed eosdem apertos ad omnia praecepta conseruarunt, quo continuo emendationem reciperent, id quod rarissimum est.
Les habitudes contractées dès l'age le plus tendre sont sans contredit les plus
fortes. C'est ce que nous appelons l'éducation, qui n'est au fond qu'une
habitude contractée de bonne heure. Par exemple : on sait que les enfants et
les jeunes gens apprennent plus aisément les langues que ne le peuvent les
hommes faits; parce que, dans les deux premiers âges, la langue plus souple
se prète plus aisément aux mouvements et aux inflexions qu'exige la formation
des sons articulés. Par la même raison, les membres ayant plus de souplesse et
d'agilité, dans les jeunes gens, leur corps se forme plus aisément à toutes sortes
d'exercices et de mouvements. Au lieu que ceux qui apprennent plus tard, ont
beaucoup plus de peine â prendre le pli : il faut toutefois en excepter un très petit
nombre d'individus, qui ont soin de laisser leur âme toujours ouverte aux
nouvelles impressions, et de ne point contracter d'habitude dont ils ne puissent
se défaire, afin de pouvoir se perfectionner continuellement.
3. Lecture : Francis Bacon (1561 - 1626) : Le chemin de la fortune est semblable à la voie lactée :
Francis Bacon, Sermones fidèles, Sermo XXXVIII : De la fortune :
Quare si quis limis et adductis oculis aspiciat, uidebit fortunam. Caeca enim licet sit, haud tamen prorsus inuisibilis. Etenim uia fortunae similis est galaxiae in aethere, quae concursus siue coaceruatio complurium stellarum minutarum seorsim inuisibilium sed coniunctim luminosarum. Eodem modo complures uirtutes sunt exiguae et uix in notam incurrentes, siue potius facultates et consuetudines appositae quae fortunatos reddunt. Itali ex ipsis nonnullas notant quales quis minime putaret. Cum hominem innuunt, cui prosperam fortunam spondent, inter caeteras eius qualitates adiicient quod habeat "poco di matto". Neque sane inueniuntur aliae duae qualitates magis ad hanc propitiae, quam si quis habeat modicum ex stulto et non nimium ex honesto. Itaque quibus patria aut principes sui nimio plus chari exstiterunt, iidem nunquam fortunati fuerunt neque profecto esse possunt, quando enim cogitationes suas extra seipsum quis collocauerit uiam suam bene inire nequit.
... Pour peu qu'un homme ait la vue perçante, et regarde autour de lui, tôt ou
tard il apercevra la fortune; car, quoiqu'elle soit aveugle, elle n'est pas
invisible. Le chemin de la fortune est semblable à la voie lactée; c'est un
assemblage de petites étoiles, dont chacune étant séparée des autres, serait
invisible, mais qui, étant réunies, répandent une lumière assez vive : et
pour parler sans figures, c'est un assemblage de facultés et d'habitudes (de
talents et de vertus) déliées et imperceptibles. Parmi ces qualités nécessaires
pour faire fortune, les Italiens en comptent quelques-unes dont on ne se
douterait guére. Selon eux, pour qu'un homme ait toutes les conditions
requises, et soit assuré de réussir de parvenir, il faut qu'il ait un "poco di
matto" (un grain de folie). En effet, il est deux qualités essentielles pour
parvenir; l'une, est d'avoir ce grain de folie, et l'autre, de n'être pas trop
honnête homme. Aussi, ceux qui sont uniquement dévoués à la patrie
ou au souverain, ont rarement de grands succès. Car, tandis qu'un homme,
détournant ses regards de lui-même, les fixe sur un objet étranger à lui,
il perd son chemin, et ne va pas à son propre but. Une fortune très rapide
rend un homme présomptueux, turbulent, et, pour user d'une expression
française, entreprenant ou remuant. Mais une fortune acquise avec peine
augmente son habileté. ...
4. Lecture : Cassiodore (vers 485 - vers 580) à propos de la table royale :
Cassiodore, Variae, XII, 4 :
... Mensae regalis apparatus ditissimus non paruus rei publicae probatur
ornatus, quia tanta dominus possidere creditur, quantis nouitatibus epulatur.
priuati est habere quod locus continet: in principali conuiuio hoc profecto
decet exquiri, quod uisum debeat ammirari. destinet carpam Danuuius, a Rheno
ueniat anchorago, exormiston Sicula quibuslibet laboribus offeratur: Bruttiorum
mare dulces mittat acernias: sapori pisces de diuersis finibus afferantur. sic
decet regem pascere, ut a legatis gentium credatur paene omnia possidere. ...
... Le riche appareil de la table royale ne fait pas peu d'honneur à la république, par cette raison que ceux qui assistent au service à titre de spectateurs ou de convives, sont naturellement portés à supposer que les mets rares et tirés de contrées diverses viennent tous et sans exception des possessions du maître. Servir sur table ce que le pays produit, la chose est bonne pour un simple particulier; mais il n'en saurait être ainsi lorsqu'il s'agit d'un banquet royal. Loin de là, la table d'un roi doit être couverte de plats toujours nouveaux, propres à exciter l'admiration des convives. Qu'on serve en abondance et à tout prix la carpe du Danube, le saumon du Rhin et l'énorme esturgeon Sicilien; qu'on fasse venir du Bruttium et de toute part des poissons savoureux. Il faut qu'un roi mange de sorte que les ambassadeurs des nations croient qu'il possède l'univers presque tout entier. ...
5. ITINERA ELECTRONICA & textes préparés :
- Cassiodore (vers 485 - vers 580), Variae, livre XII (incomplet) [Traductions françaises préparées par Marc Szwajcer]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Cassiodore/variae_12.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Cassiodore/variae_12_fr.txt
- Francis Bacon (1561 - 1626), Sermones fidèles siue interiora rerum, Sermo XXXVII : De l'habitude et de l'éducation [Traduction française numérisée par nos soins, daprès : A. LASALLE, Oeuvres de François Bacon. Dijon, L.-N. Frantin. XV volumes (1799-1802). Vol. XII.
]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/serm_fid_37.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/serm_fid_37_fr.txt
- Francis Bacon (1561 - 1626), Sermones fidèles siue interiora rerum, Sermo XXXVIII : De la fortune [Traduction française numérisée par nos soins, d'après : A. LASALLE, Oeuvres de François Bacon. Dijon, L.-N. Frantin. XV volumes (1799-1802). Vol. XII.
]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/serm_fid_38.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/serm_fid_38_fr.txt
- Francis Bacon (1561 - 1626), Sermones fidèles siue interiora rerum, Sermo XXXIX : De l'usure [Traduction française numérisée par nos soins, d'après : A. LASALLE, Oeuvres de François Bacon. Dijon, L.-N. Frantin. XV volumes (1799-1802). Vol. XII.
]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/serm_fid_39.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/BACON/serm_fid_39_fr.txt
- Poggio Bracciolini (1380 - 1459), Facetiae,facéties CXXI-CXL [Traduction française numérisés par nos soins ; Edition : Les Facéties de Pogge, traduites en français avec le texte latin. Tome II. Isidore Liseaux, Paris 1878]
latin :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Pogge_Le/facetiae_121a140.txt
français :
http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Pogge_Le/facetiae_121a140_fr.txt
Jean Schumacher
31 janvier 2014
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