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Date :     29-11-2013

Sujets :
Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) se demande à qui ? à quoi ? devons-nous les découvertes : aux animaux ? au hasard ? à la raison (des hommes) ? ; Lecture : Poggio Bracciolini (1380 - 1459) : Plaisante histoire d'un vieillard qui porta son âne ; ITINERA ELECTRONICA & textes préparés : Jansenius , Poggio Bracciolini ;

Notice :

1. Lecture : Francis BACON (1561 - 1626) se demande à qui ? à quoi ? devons-nous les découvertes : aux animaux ? au hasard ? à la raison (des hommes) ? :

Francis Bacon, De la dignité et de l'accroissement des sciences, V, 2 :

... Quin et illi qui de primis rerum inuentoribus aut scientiarum originibus uerba fecerunt, casum potius quam artem celebrarunt ; atque animalia bruta, quadrupedes, aues, pisces, serpentes, magis quam homines, tanquam Scientiarum doctores introduxerunt:
"Dictamnum Genitrix Cretaea carpit ab Ida Puberibus caulem foliis, et flore comantem Purpureo: non illa feris incognita capris Gramina, cum tergo uolucres haesere sagittae".
Adeo ut minime mirum sit (cum in more apud antiquos fuerit rerum utilium inuentores consecrare) apud AEgyptios, gentem priscam (cui plurimae Artes initia sua debent), templa plena fuisse simulachris brutorum, hominum uero simulachris prope uacua ;
"Omnigenumque Deum monstra, et latrator Anubis, Contra Neptunum, et Venerem, contraque Mineruam, ..."
Quod si malis, ex traditione Graecorum, Artes potius hominibus ut inuentoribus tribuere ; haudquaquam tamen dixeris Prometheum ad ignis inuentionem contemplationes adhibuisse ; aut cum silicem primo percuteret scintillas expectasse; sed casu in illud incidisse, atque (ut aiunt) furtum Ioui fecisse. Ita ut ad artium inuentionem quod attinet, caprae siluestri pro emplastris, Philomelae pro modulationibus musicis, Ibidi pro lauationibus intestinorum, operculo ollae quod dissiliit pro re tormentaria, denique (ut uerbo dicamus) casui aut cuiuis alteri rei plus debeamus, quam dialecticae. Nec uero multo aliter se habet modus ille inueniendi, quem recte describit Virgilius :
"Ut uarias usus meditando extunderet artes Paulatim".
Non enim alia hic proponitur inueniendi methodus quam cuius bruta ipsa sunt capacia, et quam crebro usurpant; nimirum attentissima circa unam rem sollicitudo, eiusque perpetua exercitatio, quas sui conseruandi necessitas huiusmodi animantibus imponit. Cicero enim uere admodum :
"Usus uni rei deditus, et naturam et artem saepe uincit".
Quare si praedicetur de hominibus,
"— Labor omnis uincit Improbus, et duris urgens in rebus egestas;
etiam de brutis similiter quaeritur,
"Quis expediuit psittaco suum g-Chaire ?"
Coruo quis auctor fuit, ut magna siccitate lapillos immitteret arbori cauae, ubi aquam forte conspexerit, ut surgentem laticem rostro posset attingere ? Quis uiam monstrauit apibus, qui per aerem, tanquam uastum mare, agros floridos, licet multum ab aluearibus dissitos, solent petere, et fauos suos denuo repetere ? Quis formicam docuit, ut grana in colliculo suo reponenda circumroderet prius, ne reposita germinarent et spem suam illuderent? Quod si in uersu illo Virgiliano quis notet uerbum illud "Extundere", quod difficultatem rei, et uerbum illud "Paulatim", quod tarditatem innuit, redibimus unde profecti sumus, ad AEgyptiorum illos Deos ; cum hactenus homines modice rationis facultate, neutiquam uero officio artis, usi sint ad inuenta detegenda.

... Il y a plus : ceux qui ont parlé des premiers inventeurs en tout genre, et de l'origine des sciences, en ont fait honneur au hasard, plutôt qu'aux hommes, et ont représenté les animaux brutes, quadrupèdes, oiseaux, poissons, reptiles, comme ayant été, plus que les hommnes, nos maîtres dans les sciences.
"La mère des dieux cueille le dictame sur le mont Ida;
Le dictame qui se couvre de feuilles
nouvelles, et qu'on reconnaît au chevelu
de ses feuilles purpurines";
{Virgile, Énéide, XII, v. 412-415}
Cette plante, la chèvre capricieuse sait bien la trouver, lorsque la flèche rapide s'est attachée à son flanc. En sorte que, comme les anciens étaient dans l'usage de consacrer les inventeurs des choses utiles, il n'est nullement étonnant que, chez les Égyptiens, nation ancienne, à qui un grand nombre d'arts doivent leur origine, les temples fussent tout remplis d'effigies d'animaux, et presque vides d'effigies d'hommes.
"Les figures monstrueuses de dieux de toute espèce, et Anubis aboyant, vis-à-vis Neptune, Venus et Minerve".
{Virgile, Énéide, VIII, v. 698-699}
Que si, d'après la tradition des Grecs, vous aimez mieux faire honneur aux hommes de l'invention des arts, encore n'oseriez-vous dire que Prométhée dut à des spéculations la connaissance de la manière d'allumer du feu ; et qu'au moment où il frappait un caillou pour la première fois, il s'attendait à voir jaillir des étincelles. Mais vous avouerez bien qu'il ne dut cette invention qu'au hasard, et que, suivant l'expression des poètes, "il fit un larcin à Jupiter", en sorte que, par rapport à l'invention des arts, c'est à la chèvre sauvage que nous devons celle des emplâtres; au rossignol, celle des modulations de la musique; à la cigogne, celle des lavements ; à ce couvercle de marmite qui sauta en l'air, celle de la poudre à canon; en un mot, c'est au hasard, et à toute autre chose qu'à la dialectique, que nous avons obligation de toutes ces découvertes. Et une méthode d'invention qui ne diffère pas beaucoup de celle dont nous parlons ici, c'est celle dont Virgile donne l'idée, lorsqu'il dit :
"Afin que le long usage, à force de méditer sur un même sujet sans cesse rebattu, inventât les arts peu à peu".
{Virgile, Géorgiques, I, 133}
Car la méthode qu'on nous propose ici , n'est autre que celle dont les brutes mêmes sont capables, et qu'elles emploient fréquemment; je veux dire, une attention soutenue, une perpétuelle sollicitude, un exercice sans relâche par rapport à une seule chose; méthode dont le besoin même de se conserver fait à ces animaux une loi et une nécessité. Ce n'est pas avec moins de vérité que Cicéron dit :
"le long usage d'un homme adonné à une seule chose, peut triompher de la nature et de l'art".
{Cicéron, Plaidoyer pour Balbus, XX}
Si donc on dit de l'homme :
"Il n'est point de diffïculté que ne surmonte le travail opiniâtre, et l'indigence que presse l'aiguillon de la dure nécessité;
{Virgile, Géorgiques, I, 145-146}
On fait aussi, par rapport aux brutes, les questions suivantes :
"Qui a appris au perroquet à dire bonjour"?
{Perse, Satires, Prologue, v. 8}
Quel était le conseiller de ce corbeau qui, durant une grande sécheresse, jetait de petits cailloux dans le creux d'un arbre, où il avait aperçu de l'eau, pour faire monter le niveau à portée de son bec? Qui a montré le chemin aux abeilles qu'on voit traversant les plaines de l'air comme un vaste océan, et parcourant les champs fleuris, quoique fort éloignés de leurs ruches, puis revenant à leurs rayons? Qui a appris à la fourmi à ronger d'abord tout autour le grain qu'elle serre dans son petit magasin; de peur que ce grain, venant à germer, ne trompe ainsi ses espérances ? Que si, dans ce vers de Virgile, nous arrêtons notre attention sur ce mot, "rebattu", qui exprime si bien la difficulté de la chose; et sur cette autre expression, "peu à peu", qui en indique la lenteur, nous reviendrons précisément au point d'où nous sommes partis, c'est-à-dire, à ces dieux des Égyptiens; vu que jusqu'ici les hommes, pour faire des découvertes, n'ont fait que très peu d'usage de leur raison, et n'ont en aucune manière employé, pour les faire, le secours de l'art. ...


2. Lecture : Poggio Bracciolini (1380 - 1459) : Plaisante histoire d'un vieillard qui porta son âne :

Poggio Bracciolini (1380 - 1459), Facéties, Facétie 100 :

[100] Facetissimum De Sene Quodam Qui Portauit Asinum Super Se.
Dicebatur inter Secretarios Pontificis, eos, qui ad uulgi opinionem uiuerent, miserrima premi seruitute, cum nequaquam possibile esset, cum diuersa sentirent, placere omnibus, diuersis diuersa probantibus. Tum quidam ad eam sententiam fabulam retulit, quam nuper in Alemannia scriptam pictamque uidisset. Senem ait fuisse, qui cum adolescentulo filio, praecedente absque onere asello quem uenditurus erat, ad mercatum proficiscebatur. Praetereuntibus uiam quidam in agris operas facientes senem culparunt, quod asellum nihil ferentem neque pater, neque filius ascendisset, sed uacuum onere sineret, cum alter senectute, alter aetate tenera uehiculo egeret. Tum senex adolescentem asino imposuit, ipse pedibus iter faciens. Hoc alii conspicientes increparunt stultitiam senis quod, adolescente qui ualidior esset super asinum posito, ipse aetate confectus pedes asellum sequeretur. Immutato consilio atque adolescente deposito, ipse asinum ascendit. Paulum uero progressus, audiuit alios se culpantes, quod paruulum filium, nulla ratione aetatis habita, tanquam seruum post se traheret, ipse asello, qui pater erat, insidens. His uerbis permotus, filium asello secum superimposuit. Hoc pacto iter sequens, interrogatus inde ab aliis, an suus esset asellus, cum annuisset, castigatus est uerbis, quod eius tanquam alieni nullam curam haberet, minime apti ad tantum onus, cum satis unus ad ferendum esse debuisset. Hic homo perturbatus tot uariis sententiis, cum neque uacuo asello, neque ambobus, neque altero superimpositis absque calumnia progredi posset, tandem asellum pedibus iunctis ligauit, atque baculo suspensum, suo filiique collo superpositum, ad mercatum deferre coepit. Omnibus propter nouitatem spectaculi ad risum effusis, ac stultitiam amborum, maxime uero patris, increpantibus, indignatus ille, supra ripam fluminis consistens, ligatum asinum in flumen deiecit, atque ita amisso asino domum rediit. Ita bonus uir, dum omnibus parere cupit, nemini satisfaciens, asellum perdidit.

Traduction :
"Les Facéties de Pogge, traduites en français avec le texte latin". Isidore LISEAUX (Liseux ?), 1878

[100] C. PLAISANTE HISTOIRE D'UN VIEILLARD QUI PORTA SON ÂNE.
On disait, dans une réunion des secrétaires du Pape, que se régler sur l'opinion du vulgaire c'est se soumettre à l'esclavage le plus rude, car chacun pense à sa manière; l'un veut ceci, l'autre veut cela, et plaire à tout le monde à la fois est chose impossible. Comme preuve du fait, quelqu'un nous conta une histoire qu'il aurait vue, en Allemagne, reproduite par la plume et par le pinceau : « Un vieillard, » dit-il, «était parti avec son fils pour aller vendre son âne au marché : la bête cheminait devant eux, sans aucun fardeau. Des paysans qui travaillaient dans les champs les virent passer et reprochèrent au vieillard de laisser son âne sans aucune charge : Pourquoi ni le père ni le fils n'étaient-ils montés sur lui, quand tous deux en auraient eu besoin, l'un a cause de son grand âge et l'autre à cause de sa jeunesse? Le vieillard mit son fils sur le baudet et continua sa route à pied. Nouvelle rencontre, nouveaux reproches : Quelle stupidité que celle de ce bonhomme tout épuisé de vieillesse, qui fait monter sur la bête son fils, plus robuste que lui, et les suit à pied ! Le père changea d'avis : il fit descendre le jeune homme et prit sa place. Mais, après un peu de chemin, il s'entendit encore blâmer : Quoi ! sans pitié pour l'âge de son fils, il le trainait à sa suite comme un laquais, et c'était lui, le père, qui trônait sur son âne ! Emu par ces reproches, le vieillard fit monter son fils avec lui. Il continuait la route en ce nouvel équipage, lorsque d'autres passants lui demandèrent si l'âne était à lui : « Certainement, » répondit-il; on lui reprocha alors de n'en pas avoir plus de soin que s'il appartenait à un autre : la malheureuse bête n'était pas capable de porter un si lourd fardeau, et c'était bien assez pour elle d'un seul homme. Notre vieillard perdait la tête à entendre des avis si divers : que l'âne fut sans cavalier, qu'il en eut un, qu'il en eut deux, c'était un nouveau blâme à chaque pas ; enfin, il attacha les pieds du baudet, le suspendit à un biton, en prit un bout, donna l'autre à son fils, et tous deux se dirigèrent vers le marché en portant l'âne sur leurs épaules. A ce spectacle nouveau, les passants pouffaient de rire et se moquaient à coeur joie de la bêtise du fils et plus encore de celle du père. Furieux, le vieillard, qui s'était arrêté sur le bord d'une rivière, jeta son âne à l'eau, attaché comme il était, et rentra chez lui. Pour avoir voulu contenter tout le monde, et n'ayant satisfait personne, le bonhomme perdit son âne. »


3. ITINERA ELECTRONICA & textes préparés :

  • Jansenius (Cornelius Jansen ; 1585-1638), Lettre dédicace (de l'Augustinus) au pape Urbain VIII [Texte latin et traduction française numérisés par nos soins d'après l'édition de 1666]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Jansenius/lettre_urbain_VIII.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Jansenius/lettre_urbain_VIII_fr.txt

  • Poggio Bracciolini (1380 - 1459), Facéties, LXXXI - C
    [Traduction française numérisée par nos soins]
    latin :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Pogge_Le/facetiae_81a100.txt
    français :
    http://pot-pourri.fltr.ucl.ac.be/files/Aclassftp/textes/Pogge_Le/facetiae_81a100_fr.txt


Jean Schumacher
29 novembre 2013


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002