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Date :     10-02-2011

Sujets :
Lecture : Mithridate et la sambuque (C. McCULLOUGH) ; Lecture : Boèce, Aristote et le hasard ; Lecture : Tertullien, Théopompe et l'autre univers ; Lecture : Jérôme (saint) à propos des traductions ; ITINERA ELECTRONICA : 8 nouveaux environnements hypertextes : Boèce, Guillaume de Tyr, Jérôme (x 4), Pline l'Ancien, Tertullien ;

Notice :

1. Lecture : Mithridate et la sambuque (C. McCULLOUGH) :

Livre : Colleen McCULLOUGH, La couronne d'herbe
Tome II de la série : Les maîtres de Rome
Titre original : The grass crown (1991)
Traduction française par Jean-Paul MOURLON
Éditions Belfond, Paris, 1992, 656 pp.

Extrait : pp. 506-507:

" ... Fin octobre, Mithridate se sentit enfin assez fort pour attaquer Rhodes. Il avait prévu un assaut de nuit, mais personne dans son état-major n'était assez habile pour s'emparer d'une cité aussi vaste et aussi bien fortifiée que celle-là : ce fut un échec complet. Le roi manquait par ailleurs de la patience nécessaire pour entreprendre un blocus, seul moyen de faire tomber la ville. Ce devrait donc être une attaque frontale, après que la marine rhodienne, retranchée dans le port, eut été envoyée à la poursuite d'un leurre, l'attaque des forces du Pont venant de la mer, avec une sambuque en avant- garde.
Mithridate était tout excité : c'est lui qui avait eu l'idée de la sambuque. Pélopidas et les autres généraux l'avaient jugée brillante et assurée du succès. Rougissant de plaisir, le roi entreprit d'en superviser personnellement la construction. Il prit deux immenses galères sorties des mêmes arsenaux, qu'il accola en les faisant nouer de cordes; un pont immense fut ensuite installé à cheval sur les deux navires; sur le pont furent édifiées deux hautes tours entre lesquelles on plaça un pont-levis, qu'un système compliqué de treuils et de poulies permettait d'élever et d'abaisser à volonté : chaque tour abritait pour cela des centaines d'esclaves. Une haute palissade de planches était fixée au pont par des charnières, sur toute sa longueur; quand il était levé, elle protégeait des projectiles, et une fois qu'il avait atteint sa hauteur maximum – celle des murailles de Rhodes –, elle pouvait être rabattue afin de former une passerelle que les soldats de Mithridate n'auraient qu'à emprunter pour se lancer à l'assaut.
L'attaque commença par un jour paisible de la fin du mois de novembre; la marine de Rhodes avait été attirée vers le nord deux heures plus tôt. Des bâtiments pontiques prirent position pour l'empêcher de rentrer au port où s'avança la flottille de Mithridate, au milieu de laquelle se tenait fièrement la sambuque, remorquée par des dizaines d'embarcations et suivie de nombreux transports de troupe. Au même moment, sur terre, l'armée du roi attaquait les points faibles des fortifications ennemies.
La sambuque fut placée, avec beaucoup de dextérité, contre la muraille du port, derrière laquelle se dressait le temple d'Isis; les troupes s'y rassemblèrent aussitôt et, sans trop souffrir des pierres et des flèches que les défenseurs de la cité faisaient pleuvoir sur elles, s'entassèrent sur le pont. Celui-ci s'éleva, non sans terrifiants grincements. Du haut des fortifications, des centaines de têtes casquées observèrent la scène avec un mélange d'épouvante et de fascination. Mithridate faisait de même depuis sa galère. Se défendre contre les troupes sorties de la sambuque obligerait ses adversaires à négliger le reste des fortifications ; les autres navires pourraient donc se diriger le long de la muraille, qui encerclait la cité, et y jeter des échelles en toute impunité.
Cette fois, cela ne peut pas échouer ! se dit le roi en jetant un regard attendri sur la sambuque. Bientôt le pont serait à hauteur des fortifications; il y lâcherait assez de soldats pour tenir en respect les Rhodiens, le temps qu'il redescende et ramène des ren- forts. Je suis le meilleur!
Mithridate avait malheureusement surestimé ses talents d'ingénieur. A mesure que le pont montait, le centre de gravité se déplaçait : les cordes qui reliaient les deux navires se rompirent avec des claquements semblables à des explosions ; le pont se mit à frémir, les tours à osciller. Ensuite, les deux galères se fendirent par le milieu; l'énorme dispositif s'effondra avec tous ceux – soldats, marins, artificiers, esclaves – qu'il portait, le tout dans un vacarme de craquements et de hurlements, sans compter les fous rires hystériques des défenseurs grimpés sur la muraille, qui ne leur épargnèrent aucune insulte ni lazzi. ..."

Témoignages :

  • Végèce, De l'art militaire, IV, 21 :

    ... Sambuca dicitur ad similitudinem citharae; nam quemadmodum in cithara chordae sunt, ita in trabe, quae iuxta turrem ponitur, funes sunt, qui pontem de superiore parte trochleis laxant, ut descendat ad murum, statimque de turri exeunt bellatores et per eum transeuntes moenia urbis inuadunt. Exostra dicitur pons, quem superius exposuimus, quia de turri in murum repente protruditur. Tollenno dicitur, quotiens una trabes in terram praealta defigitur, cui in summo uertice alia transuersa trabes longior dimensa medietate conectitur eo libramento, ut, si unum caput depressis, aliud erigatur. In uno ergo capite cratibus sine tabulatis contexitur machina, in qua pauci conlocantur armati; tunc per funes adtracto depressoque alio capite eleuati inponuntur in murum.

    ... La sambuque tire son nom de sa ressemblance avec certains instruments à cordes, tels, par exemple, que la harpe ; comme ces instruments reçoivent tous leurs sons des cordes dont on les garnit, de même la sambuque est une espèce de pont-levis, dont les cordes font tout le jeu. Tant qu'elle ne sert point, elle est appliquée contre la tour, d'où les cordes, roulant sur des poulies, la baissent par sa traverse la plus élevée ; alors la sambuque, se trouvant posée horizontalement, devient pour l'assiégeant une espèce de pont, sur lequel il passe aisément de la tour sur le mur. Le pont proprement dit est le même dont j'ai déjà donné la description. La bascule est composée de deux poutres, dont l'une, enfoncée profondément en terre par une de ses extrémités, s'élève perpendiculairement hors de terre à une hauteur proportionnée à l'effet qu'on en attend ; au haut de cette poutre on en attache transversalement une autre par son point milieu, y observant si bien l'équilibre pour la liberté du jeu, qu'en appuyant légèrement sur une des extrémités, on l'abaisse, tandis que l'autre s'élève. Sur l'une ou sur l'autre on construit une petite loge de charpente, capable de contenir quelques hommes armés, qu'on élève jusque sur le mur, en abaissant avec des cordes l'extrémité opposée à la loge.

  • Appien d'Alexandrie, Les guerres civiles - La guerre de Mithridate, XXVI - XXVII :

    [26] Τῶν δ' αὐτῶν ἡμερῶν τοῦ πεζοῦ τῷ Μιθριδάτῃ παραπλέοντος ἐπὶ ὁλκάδων καὶ τριήρων, πνεῦμα Καυνικὸν ἐμπεσὸν ἐς αὐτὰς ἐς Ῥόδον παρήνεγκε· καὶ οἱ Ῥόδιοι τάχιστα ἐπαναχθέντες, ἐνοχλουμέναις ὑπὸ τοῦ κλύδωνος ἔτι καὶ διεσπαρμέναις ἐμβαλόντες, ἀνεδήσαντό τινας καὶ διέτρησαν ἑτέρας καὶ ἐνέπρησαν ἄλλας, καὶ ἄνδρας αἰχμαλώτους εἷλον ἐς τετρακοσίους. Ἐφ' οἷς ὁ Μιθριδάτης ἐς ἑτέραν ναυμαχίαν ὁμοῦ καὶ πολιορκίαν ἡτοιμάζετο, σαμβύκην δέ τινα, μηχάνημα μέγιστον, ἐπὶ δύο νεῶν φερόμενον ἐποίει. Αὐτομόλων δ' αὐτῷ λόφον ὑποδειξάντων ἐπιβατόν, ᾗ Ἀταβυρίου Διὸς ἱερὸν ἦν καὶ κολοβὸν τειχίον ἐπ' αὐτοῦ, τὴν στρατιὰν ἐς τὰς ναῦς νυκτὸς ἐπέβησε, καὶ ἑτέροις ἀναδοὺς κλίμακας ἐκέλευσε χωρεῖν ἑκατέρους μετὰ σιωπῆς, μέχρι τινὲς αὐτοῖς πυρσεύσειαν ἐκ τοῦ Ἀταβυρίου, καὶ τότε ἀθρόως, μετὰ βοῆς ὅτι μάλιστα μεγάλης, τοὺς μὲν τοῖς λιμέσιν ἐμπίπτειν, τοὺς δὲ τὰ τείχη βιάζεσθαι. Οἱ μὲν δὴ μετὰ σιγῆς βαθείας προσεπέλαζον, Ῥοδίων δ' οἱ προφύλακες αἰσθόμενοι τῶν γιγνομένων ἐπύρσευσαν, καὶ ἡ στρατιὰ τοῦ Μιθριδάτου, νομίσασα τοῦτο εἶναι τὸν ἐκ τοῦ Ἀταβυρίου πυρσόν, ἐκ βαθείας σιωπῆς ἠλάλαξαν ὁμοῦ πάντες, οἵ τε κλιμακοφόροι καὶ ὁ στόλος ὁ νηίτης. Ῥοδίων δ' αὐτοῖς ἀκαταπλήκτως ἀντανακραγόντων, καὶ ἀθρόως ἀναδραμόντων ἐς τὰ τείχη, οἱ βασιλικοὶ νυκτὸς μὲν οὐδ' ἐπεχείρουν, ἡμέρας δ' ἀπεκρούσθησαν.

    [26] A peu près au même moment les forces terrestres de Mithridate longeaient la côte dans des navires marchands et des trirèmes, et un vent, soufflant de Caunos, les amena à Rhodes. Les Rhodiens aussitôt sortirent pour aller à leur rencontre, les attaquèrent alors qu'elles étaient encore dispersées et souffrant des effets de la tempête, en prirent certains, en défoncèrent et en brûlèrent d'autres, et firent environ 400 prisonniers. Sur quoi Mithridate se prépara à un second combat naval et à un siège en même temps. Il fit construire une sambuque, immense machine pour détruire les murs, et montée sur deux navires. Quelques déserteurs lui montrèrent une colline qu'il était facile d'escalader et où se situait le temple de Zeus Atabyrios, entourée par un mur peu élevé. Il fit embarquer une partie de son armée dans des navires durant la nuit, fit distribuer des échelles à d'autres, et ordonna aux deux parties de se déplacer silencieusement jusqu'à ce qu'elles voient un feu comme signal allumé depuis le temple d'Atabyrios ; et alors de faire le plus de bruit possible, et les uns attaquer le port et les autres le mur. Donc ils s'approchèrent dans un profond silence. Les sentinelles rhodiennes comprirent ce qui se passait et allumèrent un feu. L'armée de Mithridate, croyant que c'était le signal lumineux d'Atabyrios, rompirent le silence et se mirent à crier, aussi bien ceux qui portaient des échelles que le contingent qui se trouvait dans les navires. Les Rhodiens, sans être impressionnés du tout, leur répondirent par des cris et se précipitèrent en foule sur les murs. Les forces du roi ne firent rien durant la nuit, et le jour suivant elles furent repoussées.

    [27] Ἡ σαμβύκη δ' ἐπαχθεῖσα τοῦ τείχους ᾗ τὸ τῆς Ἴσιδος ἱερόν ἐστιν, ἐφόβει μάλιστα, βέλη τε πολλὰ ὁμοῦ καὶ κριοὺς καὶ ἀκόντια ἀφιεῖσα. Στρατιῶταί τε σκάφεσι πολλοῖς αὐτῇ μετὰ κλιμάκων παρέθεον ὡς ἀναβησόμενοι δι' αὐτῆς ἐπὶ τὰ τείχη. Οἱ δὲ Ῥόδιοι καὶ τάδε εὐσταθῶς ὑπέμενον, ἕως τό τε μηχάνημα ὑπὸ βάρους ἐνεδίδου, καὶ φάσμα τῆς Ἴσιδος ἔδοξε πῦρ ἀφιέναι πολὺ κατ' αὐτοῦ. Καὶ ὁ Μιθριδάτης ἀπογνοὺς καὶ τῆσδε τῆς πείρας ἀνεζεύγνυεν ἐκ τῆς Ῥόδου, ...

    [27] Le Rhodiens eurent plus peur de la sambuque, qui s'avançait contre le mur où se trouvait le temple d'Isis. Elle fonctionnait avec des armes de diverses sortes, des béliers et des projectiles. Les soldats portant des échelles dans des petits navires l'entouraient, prêts à escalader le mur avec. Néanmoins les Rhodiens attendirent son attaque de pied ferme. Finalement la sambuque s'effondra sous son propre poids, et on vit Isis apparaître lançant un torrent de feu sur celle-ci. Mithridate désespéra de son entreprise et quitta Rhodes. ...

  • Polybe, L'Histoire, VIII (fragments), 6 :

    8,6] VΙ. <1> Ὁ δὲ Μάρκος ἑξήκοντα σκάφεσι πεντηρικοῖς ἐποιεῖτο τὸν ἐπίπλουν ἐπὶ τὴν Ἀχραδίνην, ὧν ἕκαστον πλῆρες ἦν ἀνδρῶν ἐχόντων τόξα καὶ σφενδόνας καὶ γρόσφους, δι᾽ ὧν ἔμελλον τοὺς ἀπὸ τῶν ἐπάλξεων μαχομένους ἀναστέλλειν. <2> Ἅμα δὲ τούτοις ὀκτὼ πεντήρεσι, παραλελυμέναις τοὺς ταρσούς, ταῖς μὲν τοὺς δεξιούς, ταῖς δὲ τοὺς εὐωνύμους, καὶ συνεζευγμέναις πρὸς ἀλλήλας σύνδυο κατὰ τοὺς ἐψιλωμένους τοίχους, προσῆγον πρὸς τὸ τεῖχος διὰ τῆς τῶν ἐκτὸς τοίχων εἰρεσίας τὰς λεγομένας σαμβύκας. <3> Τὸ δὲ γένος τῆς κατασκευῆς τῶν εἰρημένων ὀργάνων ἐστὶ τοιοῦτο. <4> Κλίμακα τῷ πλάτει τετράπεδον ἑτοιμάσαντες, ὥστ᾽ ἐξ ἀποβάσεως ἰσοϋψῆ γενέσθαι τῷ τείχει, ταύτης ἑκατέραν τὴν πλευρὰν δρυφακτώσαντες καὶ σκεπάσαντες ὑπερπετέσι θωρακίοις, ἔθηκαν πλαγίαν ἐπὶ τοὺς συμψαύοντας τοίχους τῶν συνεζευγμένων νεῶν, πολὺ προπίπτουσαν τῶν ἐμβόλων. <5> Πρὸς δὲ τοῖς ἱστοῖς ἐκ τῶν ἄνω μερῶν τροχιλίαι προσήρτηντο σὺν κάλοις. <6> Λοιπὸν ὅταν ἐγγίσωσι τῆς χρείας, ἐνδεδεμένων τῶν κάλων εἰς τὴν κορυφὴν τῆς κλίμακος, ἕλκουσι διὰ τῶν τροχιλιῶν τούτους ἑστῶτες ἐν ταῖς πρύμναις. ἕτεροι δὲ παραπλησίως ἐν ταῖς πρώρραις ἐξερείδοντες ταῖς ἀντηρίσιν ἀσφαλίζονται τὴν ἄρσιν τοῦ μηχανήματος. <7> Κἄπειτα διὰ τῆς εἰρεσίας τῆς ἀφ᾽ ἑκατέρου τῶν ἐκτὸς ταρσῶν ἐγγίσαντες τῇ γῇ τὰς ναῦς, πειράζουσι προσερείδειν τῷ τείχει τὸ προειρημένον ὄργανον. <8> Ἐπὶ δὲ τῆς κλίμακος ἄκρας ὑπάρχει πέτευρον ἠσφαλισμένον γέρροις τὰς τρεῖς ἐπιφανείας, ἐφ᾽ οὗ τέτταρες ἄνδρες ἐπιβεβηκότες ἀγωνίζονται, διαμαχόμενοι πρὸς τοὺς εἴργοντας ἀπὸ τῶν ἐπάλξεων τὴν πρόσθεσιν τῆς σαμβύκης. <9> Ἐπὰν δὲ προσερείσαντες ὑπερδέξιοι γένωνται τοῦ τείχους, οὗτοι μὲν τὰ πλάγια τῶν γέρρων παραλύσαντες ἐξ ἑκατέρου τοῦ μέρους ἐπιβαίνουσιν ἐπὶ τὰς ἐπάλξεις ἢ τοὺς πύργους. <10> Οἱ δὲ λοιποὶ διὰ τῆς σαμβύκης ἕπονται τούτοις, ἀσφαλῶς τοῖς κάλοις βεβηκυίας τῆς κλίμακος εἰς ἀμφοτέρας τὰς ναῦς. <11> Εἰκότως δὲ τὸ κατασκεύασμα τῆς προσηγορίας τέτευχε ταύτης. ἐπειδὰν γὰρ ἐξαρθῇ, γίνεται τὸ σχῆμα τῆς νεὼς ταύτης καὶ τῆς κλίμακος ἑνοποιηθὲν παραπλήσιον σαμβύκῃ.

    [8,6] VI. <1> Cependant Marcellus faisait voile vers l'Achradine avec soixante vaisseaux à cinq rangs de rames, pleins de soldats armés de flèches, de frondes et de javelots, afin de balayer les remparts. <2> Ajoutez à cela huit quinquérèmes, dégarnies de leurs rames les unes à droite, les autres à gauche, attachées deux à deux par leurs flancs découverts, et sur lesquels, au moyen des rames maintenues sur les parois extérieures, on approchait des murs des machines nommées sambuques. <3> Voici quelle en était la disposition : <4> après avoir préparé une échelle d'une largeur de quatre pieds, dont la hauteur égale celle des murailles, et protégé les deux côtés de l'échelle par une balustrade de boucliers élevés, les Romains la placent en travers sur les côtés rapprochés des navires ensemble réunis, de manière à ce qu'elle dépasse de beaucoup les éperons. <5> Au sommet des mâts, sur ces mêmes navires, sont adaptées des poulies garnies de câbles. <6> Dès que le moment de s'en servir approche , on attache la tête de l'échelle à ces câbles et aussitôt les hommes placés sur la poupe dressent toute la machine à l'aide des poulies, tandis que d'autres, postés à la proue, la maintiennent par des arcs-boutants à la hauteur nécessaire. <7> Puis les rameurs de droite et de gauche serrant la terre de leurs vaisseaux, on essaye d'appliquer la machine aux murailles. <8> A l'extrémité de l'échelle est une planche garnie de claies des trois côtés, et sur cette planche quatre hommes combattent contre ceux qui, de leurs remparts, s'opposent à ce qu'on y adapte la sambuque. <9> Cette opération une fois faite, les quatre guerriers postés au-dessus de l'ennemi jettent bas les claies des deux côtés et descendent sur les remparts et sur les tours : <10> leurs camarades les suivent à travers la sambuque fortement assujettie par les cordes aux deux vaisseaux. <11> Cette machine doit son nom à la ressemblance que l'échelle dressée en l'air et le vaisseau qui la porte ont dans leur ensemble avec la sambuque.

Liens : Les Catapeltes ; La sambuque (CNRTL) ; Syracuse (siège)


2. Lecture : Boèce, Aristote et le hasard :

Boèce, La Consolation de la Philosophie, V, 1p :

<11> Quid igitur, inquam, nihilne est, quod uel casus uel fortuitum iure appellari queat? An est aliquid, tametsi uulgus lateat, cui uocabula ista conueniant?
<12> Aristoteles meus id, inquit, in Physicis et breui et ueri propinqua ratione definiuit. Quonam, inquam, modo?
<13> Quotiens, ait, aliquid cuiuspiam rei gratia geritur aliudque quibusdam de causis, quam quod intendebatur, obtingit, casus uocatur; ut, si quis colendi agri causa fodiens humum defossi auri pondus inueniat, <14> hoc igitur fortuito quidem creditur accidisse. Verum non de nihilo est, nam proprias causas habet, quarum inprouisus inopinatusque concursus casum uidetur operatus. <15> Nam nisi cultor agri humum foderet, nisi eo loci pecuniam suam depositor obruisset, aurum non esset inuentum. <16> Hae sunt igitur fortuiti causae compendii, quod ex obuiis sibi et confluentibus causis, non ex gerentis intentione prouenit. <17> Neque enim uel qui aurum obruit uel qui agrum exercuit, ut ea pecunia reperiretur, intendit; sed uti dixi, quo ille obruit, hunc fodisse conuenit atque concurrit. <18> Licet igitur definire casum esse inopinatum ex confluentibus causis in his, quae ob aliquid geruntur, euentum. <19> Concurrere uero atque confluere causas facit ordo ille ineuitabili conexione procedens, qui de prouidentiae fonte descendens cuncta suis locis temporibusque disponit.

- Mais n'y a-t-il donc rien, répliquai-je, qu'on puisse appeler de ce nom, quoique le vulgaire ne sache pas bien ce que c'est ? N'y a-t-il rien de fortuit, et qu'on puisse attribuer au hasard ?
- Aristote, me dit-elle, va te répondre pour moi. Il a, dans sa physique, expliqué cette question en peu de mots, et d'une manière qui paraît très conforme à la vérité. Toutes les fois, dit ce grand philosophe, que l'on se propose de faire quelque chose, et que, par des causes inconnues, la chose arrive tout différemment de ce qu'on se proposait, c'est un événement imprévu, que l'on nomme hasard. Par exemple, si quelqu'un, dans le dessein de cultiver son champ, en remue la terre, et y trouve un trésor, cette découverte est regardée comme l'effet seul du hasard. Néanmoins elle a différentes causes, dont le concours l'a produite. Car si le propriétaire du champ l'eût laissé inculte, et si quelque homme riche n'eût eu la fantaisie d'y enfouir son trésor, il n'y aurait jamais été trouvé. Cet événement heureux et inopiné n'est donc fortuit que parce que celui qui a caché son or, et celui qui a cultivé son champ, y ont concouru, sans en avoir l'intention. On peut donc définir le hasard un événement inopiné, produit par différentes causes qui concourent ensemble à ce que l'on faisait par un autre motif et pour une autre fin ; et ce concours est l'effet de l'ordre invariable établi par cette Providence adorable, qui dispose tout avec sagesse, et fait que chaque chose vient dans le temps et dans le lieu qu'elle lui a marqué.


3. Lecture : Tertullien, Théopompe et l'autre univers :

Tertullien, Contre Hermogène, XXV :

... Satis ista de terrae nomine in quo materiam intellegi uoluit; quod nomen unius elementi omnes sciunt natura primum, dehinc scriptura docente, nisi et Sileno illi apud Midam regem adseueranti de alio orbe credendum est auctore Theopompo; sed et deos multos idem refert.

... J'en ait dit assez sur ce mot "Terre", qui, selon Hermogène, équivaut à Matière. Tout le monde sait, grâce aux enseignements de la nature d'abord et de l'Ecriture ensuite, que c'est là le nom d'un seul élément, à moins que, sur l'autorité de Théopompe, il ne faille ajouter foi à ce Silène, qui assure au roi Midas qu'il existe un autre univers. Mais le même historien rapporte qu'il y a un grand nombre de dieux.

Théopompe au travers de Élien, Histoires diverses, III, 18 :

[3,18] Περιηγεῖταί τινα Θεόπομπος συνουσίαν Μίδου τοῦ Φρυγὸς καὶ Σιληνοῦ. νύμφης δὲ παῖς ὁ Σιληνὸς οὗτος, θεοῦ μὲν ἀφανέστερος τὴν φύσιν, ἀνθρώπου δὲ κρείττων, ἐπεὶ καὶ ἀθάνατος ἦν. πολλὰ μὲν οὖν καὶ ἄλλα ἀλλήλοις διελέχθησαν, καὶ ὑπὲρ τούτων δὲ ὁ Σιληνὸς ἔλεγε πρὸς τὸν Μίδαν. τὴν μὲν Εὐρώπην καὶ τὴν Ἀσίαν καὶ τὴν Λιβύην νήσους εἶναι, ἃς περιρρεῖν κύκλῳ τὸν Ὠκεανόν, ἤπειρον δὲ εἶναι μόνην ἐκείνην τὴν ἔξω τούτου τοῦ κόσμου. καὶ τὸ μὲν μέγεθος αὐτῆς ἄπειρον διηγεῖτο. τρέφειν δὲ τὰ ἄλλα ζῷα μεγάλα, καὶ τοὺς ἀνθρώπους δὲ τῶν ἐνταυθοῖ διπλασίονας τὸ μέγεθος, καὶ χρόνον ζῆν αὐτοὺς οὐχ ὅσον ἡμεῖς, ἀλλὰ καὶ ἐκεῖνον διπλοῦν. καὶ πολλὰς μὲν εἶναι καὶ μεγάλας πόλεις καὶ βίων ἰδιότητας, καὶ νόμους αὐτοῖς τετάχθαι ἐναντίως κειμένους τοῖς παρ´ ἡμῖν νομιζομένοις. δύο δὲ εἶναι πόλεις ἔλεγε μεγέθει μεγίστας, οὐδὲν δὲ ἀλλήλαις ἐοικέναι· καὶ τὴν μὲν ὀνομάζεσθαι Μάχιμον, τὴν δὲ Εὐσεβῆ. τοὺς μὲν οὖν Εὐσεβεῖς ἐν εἰρήνῃ τε διάγειν καὶ πλούτῳ βαθεῖ, καὶ λαμβάνειν τοὺς καρποὺς ἐκ τῆς γῆς χωρὶς ἀρότρων καὶ βοῶν, γεωργεῖν δὲ καὶ σπείρειν οὐδὲν αὐτοῖς ἔργον εἶναι. καὶ διατελοῦσιν (ἦ δ´ ὃς) ὑγιεῖς καὶ ἄνοσοι, καὶ καταστρέφουσι τὸν ἑαυτῶν βίον γελῶντες εὖ μάλα καὶ ἡδόμενοι. οὕτω δὲ ἀναμφιλόγως εἰσὶ δίκαιοι, ὡς μηδὲ τοὺς θεοὺς πολλάκις ἀπαξιοῦν ἐπιφοιτᾶν αὐτοῖς. οἱ δὲ τῆς Μαχίμου πόλεως μαχιμώτατοί τέ εἰσι καὶ αὐτοὶ καὶ γίνονται μεθ´ ὅπλων, καὶ ἀεὶ πολεμοῦσι, καὶ καταστρέφονται τοὺς ὁμόρους, καὶ παμπόλλων ἐθνῶν μία πόλις κρατεῖ αὕτη. εἰσὶ δὲ οἱ οἰκήτορες οὐκ ἐλάττους διακοσίων μυριάδων. ἀποθνήσκουσι δὲ τὸν μὲν ἄλλον χρόνον νοσήσαντες· σπάνιον δὲ τοῦτο, ἐπεὶ τά γε πολλὰ ἐν τοῖς πολέμοις ἢ λίθοις ἢ ξύλοις παιόμενοι· ἄτρωτοι γάρ εἰσι σιδήρῳ. χρυσοῦ δὲ ἔχουσι καὶ ἀργύρου ἀφθονίαν, ὡς ἀτιμότερον εἶναι παρ´ αὐτοῖς τὸν χρυσὸν τοῦ παρ´ ἡμῖν σιδήρου. ἐπιχειρῆσαι δέ ποτε καὶ διαβῆναι τούτους ἐς τάσδε τὰς ἡμεδαπὰς νήσους ἔλεγε, καὶ διαπλεύσαντάς γε τὸν Ὠκεανὸν μυριάσι χιλίαις ἀνθρώπων ἕως Ὑπερβορέων ἀφικέσθαι. καὶ πυθομένους τῶν παρ´ ἡμῖν τούτους εἶναι τοὺς εὐδαιμονεστάτους, καταφρονῆσαι ὡς φαύλως καὶ ταπεινῶς πράττοντας, καὶ διὰ ταῦτα ἀτιμάσαι προελθεῖν περαιτέρω. τὸ δὲ ἔτι θαυμασιώτερον προσετίθει. μέροπάς τινας οὕτω καλουμένους ἀνθρώπους οἰκεῖν παρ´ αὐτοῖς ἔφη πόλεις πολλὰς καὶ μεγάλας, ἐπ´ ἐσχάτῳ δὲ τῆς χώρας αὐτῶν τόπον εἶναι καὶ ὀνομάζεσθαι Ἄνοστον, ἐοικέναι δὲ χάσματι, κατειλῆφθαι δὲ οὔτε ὑπὸ σκότους οὔτε ὑπὸ φωτός, ἀέρα δὲ ἐπικεῖσθαι ἐρυθήματι μεμιγμένον θολερῷ. δύο δὲ ποταμοὺς περὶ τοῦτον τὸν τόπον ῥεῖν, καὶ τὸν μὲν Ἡδονῆς καλεῖσθαι τὸν δὲ Λύπης· καὶ παρ´ ἑκάτερον τούτων ἑστηκέναι δένδρα τὸ μέγεθος πλατάνου μεγάλης. φέρειν δὲ καρποὺς τὰ μὲν παρὰ τὸν τῆς Λύπης ποταμὸν τοιαύτην ἔχοντας τὴν φύσιν. ἐάν τις αὐτῶν ἀπογεύσηται, τοσοῦτον ἐκβάλλει δακρύων, ὥστε κατατήκεσθαι πάντα τὸν ἑαυτοῦ βίον τὸν λοιπὸν θρηνοῦντα, καὶ οὕτω τελευτᾶν. τὰ δὲ ἕτερα τὰ παραπεφυκότα τῷ τῆς Ἡδονῆς ποταμῷ ἀντίπαλον ἐκφέρειν καρπόν. ὃς γὰρ ἂν γεύσηται τούτων, τῶν μὲν ἄλλων τῶν πρότερον ἐπιθυμιῶν παύεται, ἀλλὰ καὶ εἴ του ἤρα καὶ αὐτοῦ λαμβάνει λήθην, καὶ γίνεται κατὰ βραχὺ νεώτερος καὶ τὰς φθανούσας ἡλικίας καὶ τὰς ἤδη διελθούσας ἀναλαμβάνει ὀπίσω. τὸ μὲν γὰρ γῆρας ἀπορρίψας ἐπὶ τὴν ἀκμὴν ὑποστρέφει, εἶτα ἐπὶ τὴν τῶν μειρακίων ἡλικίαν ἀναχωρεῖ, εἶτα παῖς γίνεται, εἶτα βρέφος, καὶ ἐπὶ τούτοις ἐξαναλώθη. καὶ ταῦτα εἴ τῳ πιστὸς ὁ Χῖος λέγων, πεπιστεύσθω· ἐμοὶ δὲ δεινὸς εἶναι δοκεῖ μυθολόγος καὶ ἐν τούτοις καὶ ἐν ἄλλοις δέ.

[3,18] Entretien de Midas et de Silène. Si l'on en croit Théopompe, Midas, roi de Phrygie, s'entretint un jour avec Silène (Silène était fils d'une nymphe, et à ce titre, quoiqu'il fût par sa naissance d'un ordre inférieur aux dieux, comme eux néanmoins il était immortel, et fort au-dessus de la condition des hommes). Après s'être entretenu de différentes choses, Silène dit à Midas: "L'Europe, l'Asie et la Libye sont des îles que les flots de l'Océan baignent de tous côtés : hors de l'enceinte de ce monde il n'existe qu'un seul continent, dont l'étendue est immense. Il produit de très grands animaux et des hommes d'une taille deux fois plus haute que ne sont ceux de nos climats : aussi leur vie n'est-elle pas bornée au même espace de temps que la nôtre; ils vivent deux fois plus longtemps. Ils ont plusieurs grandes villes, gouvernées suivant des usages qui leur sont propres; leurs lois forment un contraste parfait avec les nôtres. Entre ces villes, il y en a deux d'une prodigieuse étendue, et qui ne se ressemblent en rien. L'une se nomme Machimos (la Guerrière), et l'autre Eusébie (la Pieuse). Les habitants d'Eusébie passent leurs jours dans la paix et dans l'abondance : la terre leur prodigue ses fruits, sans qu'ils aient besoin de charrues ni de boeufs; il serait superflu de labourer et de semer. Après une vie qui a été constamment exempte de maladies, ils meurent gaiement et en riant. Au reste, leur vie est si pure, que souvent les dieux ne dédaignent pas de les visiter. À l'égard des habitants de Machimos, ils sont très belliqueux : toujours armés, toujours en guerre, ils travaillent sans cesse à étendre leurs limites. C'est par là que leur ville est parvenue à commander à plusieurs nations; on n'y compte pas moins de deux millions de citoyens. Les exemples de gens morts de maladie y sont très rares. Tous meurent à la guerre, non par le fer (le fer ne peut rien sur eux), mais assommés à coups de pierres ou à coups de bâton. Ils ont une si grande quantité d'or et d'argent, qu'ils en font moins de cas que nous n'en faisons du fer. Autrefois, continua Silène, ils voulurent pénétrer dans nos îles; et après avoir traversé l'Océan avec dix millions d'hommes, ils arrivèrent chez les Hyperboréens : mais ce peuple parut à leurs yeux si vil et si méprisable, qu'ayant appris que c'était néanmoins la plus heureuse nation de nos climats, ils dédaignèrent de passer outre." Ce que Silène ajouta est beaucoup plus étonnant encore : "Dans ce pays, dit-il, des hommes qu'on distingue par le nom de Méropes, sont maîtres de plusieurs grandes villes : sur les confins du territoire qu'ils habitent est un lieu appelé Anoste (sans retour), qui ressemble à un gouffre, et n'est ni éclairé, ni ténébreux; l'air qui forme son atmosphère, est mêlé d'un rouge obscur. Deux fleuves coulent aux environs; le fleuve Plaisir, et le fleuve Chagrin, c'est ainsi qu'on les nomme : leurs bords sont couverts d'arbres, de la hauteur d'un grand platane. Ceux qui croissent sur les bords du fleuve Chagrin, produisent des fruits d'une telle qualité, que quiconque en a goûté, verse tant de larmes qu'il s'épuise, et meurt enfin, après avoir passé ses jours dans la douleur. Les arbres qui ombragent l'autre fleuve, portent des fruits d'une qualité toute différente : celui qui en mange, sent tout à coup son âme débarrassée des passions qui l'agitaient; s'il a aimé, il en perd le souvenir. Il rajeunit par degrés, en repassant par tous les âges de la vie, qu'il avait laissés derrière lui : de la vieillesse il revient à l'âge mur, de celui-ci à l'adolescence, ensuite à la puberté; il finit par devenir enfant; puis il meurt." Ceux qui regardent Théopompe de Chio comme un écrivain digne de foi, peuvent croire ce récit : pour moi, dans cette histoire et dans plusieurs autres, je ne vois qu'un faiseur de contes.


4. Lecture : Jérôme (saint) à propos des traductions :

Jérôme (saint), Sur les devoirs d'un traducteur, ch. V (Lettre LVII) :

Ego enim non solum fateor, sed libera uoce profiteor, me in interpretatione Graecorum, absque Scripturis sanctis, ubi et uerborum ordo mysterium est, non uerbum e uerbo, sed sensum exprimere de sensu. Habeoque huius rei magistrum Tullium, qui Protagoram Platonis, et Oeconomicon Xenophontis et Aeschinis ac Demosthenis duas contra se orationes pulcherrimas transtulit. Quanta in illis praetermiserit, quanta addiderit, quanta mutauerit, ut proprietates alterius linguae, suis proprietatibus explicaret, non est huius temporis dicere. Sufficit mihi ipsius translatoris (Ciceronis) auctoritas, qui ita in Prologo earumdem orationum locutus est: «Putaui mihi suscipiendum laborem utilem studiosis, mihi quidem ipsi non necessarium. Conuerti enim ex Atticis duorum eloquentissimorum nobilissimas orationes, inter seque contrarias, Aeschinis et Demosthenis: nec conuerti, ut interpres, sed ut Orator, sententiis iisdem et earum formis, tam figuris quam uerbis ad nostram consuetudinem aptis. In quibus non uerbum pro uerbo necesse habui reddere: sed genus omne uerborum uimque seruaui. Non enim me annumerare ea lectori putaui oportere, sed tanquam appendere. Rursum in calce sermonis: Quorum ego, ait, orationes, si, ut spero, ita expressero, uirtutibus utens illorum omnibus, id est sententiis, et earum figuris, et rerum ordine: uerba persequens eatenus, ut ea non abhorreant amore nostro. Quae si e Graecis omnia conuersa non erunt: tamen ut generis eiusdem sint, elaborauimus.» Sed et Horatius uir acutus et doctus, hoc idem in Arte Poetica erudito interpreti praecipit: Nec uerbum uerbo curabis reddere, fidus Interpres. Terentius Menandrum, Plautus et Cecilius ueteres comicos interpretati sunt. Numquid haerent in uerbis: ac non decorem magis et elegantiam in translatione conseruant? Quam uos ueritatem interpretationis, hanc eruditi g-kakozehlian nuncupant. Unde et ego doctus a talibus ante annos circiter uiginti, et simili tunc quoque errore deceptus, certe hoc mihi a uobis obiiciendum nesciens, cum Eusebii Caesariensis g-chronikon in Latinum uerterem, tali inter caetera usus sum Praefatione: «Difficile est alienas lineas insequentem, non alicubi excidere: et arduum, ut quae in alia lingua bene dicta sunt, eumdem decorem in translatione conseruent. Significatum est aliquid unius uerbi proprietate: non habeo meum quo id efferam: et dum quaero implere sententiam longo ambitu, uix breuis uitae spatia consummo. Accedunt hyperbatorum anfractus, dissimilitudines casuum, uarietates figurarum: ipsum postremo suum, et, ut ita dicam, uernaculum linguae genus. Si ad uerbum interpretor, absurde resonant: si ob necessitatem aliquid in ordine, uel in sermone mutauero, ab interpretis uidebor officio recessisse.» Et post multa, quae nunc prosequi otiosum est, etiam hoc addidi: «Quod si cui non uidetur linguae gratiam in interpretatione mutari, Homerum ad uerbum exprimat in Latinum. Plus aliquid dicam: eumdem sua in lingua prosae uerbis interpretetur: uidebis ordinem ridiculum, et Poetam eloquentissimum uix loquentem

Car pour moi, j'avoue et je déclare hautement que, dans mes traductions grecques et latines, je ne m’applique qu'à bien rendre le sens de l'auteur, sans m'attacher scrupuleusement aux paroles, excepté dans la traduction de l'Ecriture sainte, qui jusque dans l’arrangement des mots renferme quelque mystère. Je suis en cela l'exemple de Cicéron, qui a traduit le dialogue de Platon intitulé Protagoras, le livre de Xénophon, qui a pour titre l'Economique, et les deux belles oraisons que Démosthènes et Eschine ont faites l'un contre l’autre. Ce n’est pas ici le lieu de démontrer combien cet auteur a passé de choses dans sa traduction, combien il en a ajouté, combien il en a changé afin d'accommoder les expressions de la langue grecque au tour et au génie de la langue latine - il me suffit d'avoir pour moi l'autorité de ce savant interprète, qui, dans sa préface sur les deux oraisons d'Eschine et de Démosthènes, dit : « J'ai cru devoir entrepren


 
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Dernière mise à jour : 17/02/2002