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Date :     15-01-2010

Sujets :
Lecture : L'Histoire est maîtresse de vie ; Lecture : Gloire militaire (Muréna) versus éloquence du barreau (Servius) - R. HARRIS, Conspirata ; HODOI ELEKTRONIKAI : 5 nouveaux environnements hypertextes : Aristote, Eusèbe de Césarée, Évagre le Scolastique, Socrate le Scolastique, Théodoret de Cyr ;

Notice :

1. Lecture : L'Histoire est maîtresse de vie :

Jean-Claude GUILLEBAUD, est revenu, dans une contribution intitulée "L'histoire désertée" et publiée dans le magazine TÉLÉ Ciné Obs, daté du 26/12/2009 - 06/01/2010, sur la réduction des programmes d'Histoire dans l'enseignement secondaire FR. Il y dit :

" ... L'homme de la modernité serait-il devenu sans passé et sans avenir ? Il paraît en tout cas comme déployé dans le seul présent, voué à l'immédiateté du plaisir ou de la peine, livré aux urgences de l'instant. On dirait que le temps s'est écroulé sur lui-même, qu'il n'a plus ni profondeur ni étirement. Avec ses technologies et ses marchandises, le temps nous emporte aujourd'hui dans une cavalcade immobile, un tourbillon circulaire, un recommencement quotidien.

Le temps, c'est bien vrai, n'est plus celui de l'Histoire mais du chronomètre. Il nous étourdit, il file toujours entre nos doigts, au point que sa brièveté nous angoisse ; il s'éparpille en mille fragments. Nous sommes réfugiés dans ce que les Grecs appelaient 1'« épiphanie de l'éternel présent ». Dans ce lieu particulier, l'urgence des règles, des croyances partagées et des mémoires reçues se relâche. Au diable l'Histoire ! ..."

"Derrière cet empressement pour une immédiateté qui, elle au moins, croyons-nous, « ne mentira pas », se devine un double deuil, en effet. Celui du passé comme de l'avenir. Ou plus exactement du choix possible de l'avenir. Sans nous l'avouer, nous préférons gérer ou réguler le présent plutôt que de convoquer l'Histoire ou édifier le futur. ..."

Ce qui nous a remis en mémoire le propos tenu, jadis, par un de nos enseignants, en relation avec le questionnement Qui suis-je ? D'où viens-je ? Où vais-je ? : propos disant que L'Histoire était maîtresse de vie : en nous enseignant les faits du passé, l'Histoire nous permettait de préparer l'avenir "en connaissance de cause".

Nous avons alors interrogé les bases de données textuelles, placées au sein des ITINERA ELECTRONICA, à la recherche d'attestations de magistra uitae et nous avons obtenu deux réponses, trouvées à chaque fois dans Cicéron.

  • CICÉRON, De Oratore, II, 36 :

    Neque ulla non propria oratoris res est, quae quidem ornate dici grauiterque debet.
    [2,9] IX. (35) Huius est in dando consilio de maximis rebus cum dignitate explicata sententia; eiusdem et languentis populi incitatio et effrenati moderatio eadem facultate et fraus hominum ad perniciem et integritas ad salutem uocatur. Quis cohortari ad uirtutem ardentius, quis a uitiis acrius reuocare, quis uituperare improbos asperius, quis laudare bonos ornatius, quis cupiditatem uehementius frangere accusando potest? Quis maerorem leuare mitius consolando? (36) Historia uero testis temporum, lux ueritatis, uita memoriae, magistra uitae, nuntia uetustatis, qua uoce alia nisi oratoris immortalitati commendatur? ...

    Car il n'est aucune matière, susceptible d'être traitée avec grandeur ou avec élégance, qui ne soit du domaine de l'orateur.
    [2,9] IX. C'est à lui d'exprimer noblement son avis dans le sénat sur les intérêts les plus graves; c'est à lui de réveiller le peuple de sa langueur, ou de calmer la fougue de ses emportements; c'est l'éloquence qui confond le crime, c'est elle qui fait triompher l'innocence. Qui peut exhorter plus vivement au bien, détourner plus fortement du mal, flétrir le vice avec plus d'énergie, louer la vertu avec plus de magnificence, terrasser les passions par des coups plus violents, soulager la douleur par des consolations plus douces? Enfin, l'histoire elle-même, le témoin des siècles, le flambeau de la vérité, l'âme du souvenir, l'oracle de la vie, l'interprète des temps passés, quelle autre voix que celle de l'orateur peut la rendre immortelle?

  • CICÉRON, Les Tusculanes, II, 6 : à propos de la philosophie :

    [2,6] VI. Primum igitur de imbecillitate multorum et de uariis disciplinis philosophorum loquar. Quorum princeps et auctoritate et antiquitate, Socraticus Aristippus, non dubitauit summum malum dolorem dicere. Deinde ad hanc eneruatam muliebremque sententiam satis docilem se Epicurus praebuit. Hunc post Rhodius Hieronymus dolore uacare summum bonum dixit; tantum in dolore duxit mali. Ceteri praeter Zenonem, Aristonem, Pyrrhonem idem fere, quod modo tu, malum illud quidem, sed alia peiora. 16 Ergo, id quod natura ipsa et quaedam generosa uirtus statim respuit, ne scilicet dolorem summum malum diceres oppositoque dedecore sententia depellerere, in eo magistra uitae philosophia tot saecula permanet. Quod huic officium, quae laus, quod decus erit tanti, quod adipisci cum dolore corporis uelit, qui dolorem summum malum sibi esse persuaserit? quam porro quis ignominiam, quam turpitudinem non pertulerit, ut effugiat dolorem, si id summum malum esse decreuerit? quis autem non miser non modo tunc, cum premetur summis doloribus, si in his est summum malum, sed etiam cum sciet id sibi posse euenire? et quis est, cui non possit? Ita fit ut omnino nemo esse possit beatus. 17 Metrodorus quidem perfecte eum beatum putat, cui corpus bene constitutum sit et exploratum ita semper fore. Quis autem est iste, cui id exploratum possit esse?

    [2,6] VI. (C.) Premièrement donc, parlons des philosophes qui ont marqué ici de la faiblesse. Il y en a eu plusieurs, et de sectes différentes. A la tête de tous, soit pour l'ancienneté, soit pour l'autorité, est Aristippe, disciple de Socrate. Il a bien osé dire que la douleur était le souverain mal. Épicure s'est aisément prêté à cette opinion lâche et féminine. Après lui, est venu Hiéronyme le Rhodien, qui a dit que le souverain bien était de vivre sans douleur : tant il a cru la douleur un grand mal. Tous les autres, excepté Zénon, Ariston, et Pyrrhon, disent comme vous, qu'effectivement la douleur est un mal, mais qu'il y en a de plus grands. Ainsi cette opinion , que la douleur est le plus grand des maux, quoique la nature elle-même, quoique toute âme généreuse la désavoue, et qu'il n'ait fallu, pour vous la faire rejeter, que vous mettre la douleur en parallèle avec le déshonneur, est cependant une opinion enseignée depuis tant de siècles, et par des philosophes, les précepteurs du genre humain! Avec de telles maximes, qui ne croira que ni la vertu, ni la gloire, ne méritent d'être achetées au prix de quelque douleur corporelle? Ou plutôt, à quelle infamie se refusera-t-on, pour éviter ce qu'on croit le souverain mal? Mais, d'ailleurs, sur ce principe, quel homme ne serait à plaindre? Car, ou l'on souffre actuellement de vives douleurs, ou l'on a toujours à craindre qu'il n'en survienne. Personne donc dans aucun temps ne peut être heureux. Un homme parfaitement heureux selon Métrodore, c'est celui qui se porte bien, et qui a certitude qu'il se portera toujours bien. Mais cette certitude, quelqu'un peut-il l'avoir? ...

L'association magistra uitae n'a été rencontrée nulle part ailleurs dans la banque de textes des ITINERA ELECTRONICA.


2. Lecture : Gloire militaire (Muréna) versus éloquence du barreau (Servius) - R. HARRIS, Conspirata :

  • LIVRE : Robert HARRIS, Conspirata
    Titre original : Lustrum (2009)
    Traduction française par Nathalie ZIMMERMANN
    Paris, Plon, 2009, 428 pp.

  • EXTRAIT : pp. 195-196

    " ... Nous rentrâmes sans tarder à la maison, dans ce cocon devenu familier de gardes du corps et de licteurs, mais il n'y avait aucune trace de Sanga, ni le moindre message de sa part. Cicéron marcha silencieusement jusqu'à son bureau et s'assit, les coudes sur sa table de travail, le bout des doigts pressé contre ses tempes, pour étudier le monceau de preuves étalées devant lui, en se massant le crâne comme pour y faire pénétrer la teneur du plaidoyer qu'il lui faudrait prononcer. Je ne l'avais jamais autant plaint. Toutefois, lorsque je m'avançai vers lui pour lui offrir mon aide, il agita la main sans même lever les yeux, me congédiant sans un mot. Je ne le revis pas de la soirée.

    Cest Terentia qui me prit à part pour me confier combien elle s'inquiétait pour la santé du consul. Il ne se nourrissait pas convenablement, me dit-elle, et ne dormait pas bien non plus. Même les exercices matinaux qu'il s'astreignait à pratiquer depuis sa jeunesse étaient délaissés. Je fus surpris qu'elle s'adresse à moi de manière si intime, car elle ne m'avait jamais beaucoup aimé en vérité, et reportait généralement sur moi les frustrations que faisait naître son mari. J'étais celui qui passait le plus de temps enfermé avec lui, pour travailler. J'étais celui qui dérangeait leurs rares moments de loisir ensemble en lui apportant des piles de lettres et des messages de visiteurs. Néanmoins, pour une fois, elle me parla poliment et presque comme à un ami.
    — Tu dois lui faire entendre raison, me dit-elle. Je crois parfois que tu es le seul qu'il écoutera, alors que je ne peux que prier pour lui.

    Le lendemain matin arriva et, comme nous n'avions toujours aucune nouvelle de Sanga, je commençai à craindre que Cicéron ne fût trop nerveux pour faire sa plaidoirie. Ayant en tête la requête de Terentia, je suggérai même qu'il demande un nouvel ajournement.
    — Es-tu fou ? répliqua-t-il. Ce n'est pas le moment de faire preuve de faiblesse. Ça va aller. Ça va toujours.
    Cependant, jamais je ne le vis trembler autant au début d'un discours ni commencer à voix aussi basse. Le forum était comble et très bruyant malgré les gros nuages qui s'amoncelaient au-dessus de Rome et déversaient d'occasionnelles averses sur la vallée. Mais, au bout du compte, Cicéron sut malgré tout distiller une dose d'humour surprenante dans ses propos, notablement lorsqu'il compara les prétentions au consulat de Servius et de Murena.

    Tu te lèves avant l'aube pour répondre à tes clients, dit-il à Servius, lui se lève pour arriver à temps avec son armée au poste dont il veut s'emparer. Tu t'éveilles au chant du coq, lui au son de la trompette. Tu disposes les pièces d'un procès, lui range ses troupes en ordre de bataille. Il connaît et sait le moyen de nous mettre à l'abri de l'ennemi, toi des eaux de la pluie. Sa science consiste à reculer les bornes de l'empire, la tienne à les définir.

    Le jury adora. Et il rit plus encore quand Cicéron tourna en dérision Caton et sa philosophie rigide. ..."

  • SOURCE : CICÉRON, Plaidoyer pour Muréna, IX, 22

    (22) Sed ut hoc omisso ad studiorum atque artium contentionem reuertamur, qui potest dubitari quin ad consulatum adipiscendum multo plus adferat dignitatis rei militaris quam iuris ciuilis gloria? Vigilas tu de nocte ut tuis consultoribus respondeas, ille ut eo quo intendit mature cum exercitu perueniat; te gallorum, illum bucinarum cantus exsuscitat; tu actionem instituis, ille aciem instruit; tu caues ne tui consultores, ille ne urbes aut castra capiantur; ille tenet et scit ut hostium copiae, tu ut aquae pluuiae arceantur; ille exercitatus est in propagandis finibus, tuque in regendis. Ac nimirum (dicendum est enim quod sentio) rei militaris uirtus praestat ceteris omnibus. Haec nomen populo Romano, haec huic urbi aeternam gloriam peperit, haec orbem terrarum parere huic imperio coegit; omnes urbanae res, omnia haec nostra praeclara studia et haec forensis laus et industria latet in tutela ac praesidio bellicae uirtutis. Simul atque increpuit suspicio tumultus, artes ilico nostrae conticiscunt.

    Mais laissons cela, et revenons au parallèle des deux professions. Qui peut douter que la gloire des armes ne donne plus de droits au consulat que celle du barreau? Le jurisconsulte se lève avant le jour pour répondre à ses clients; le guerrier, pour arriver à temps avec son armée au poste dont il veut s'emparer. L'un s'éveille au chant du coq, l'autre, au sonde la trompette. Vous disposez les pièces d'un procès, lui range ses troupes. Vous mettez vos clients à l'abri des surprises, lui ce sont des villes et un camp qu'il protège. Il connaît et sait le moyen de nous garantir de l'ennemi, vous celui de nous préserver des eaux pluviales; sa science consiste à reculer les bornes de l'empire, la vôtre à régler celles d'un champ. En un mot, pour dire ici toute ma pensée; la gloire militaire efface toutes les autres. C'est elle qui a illustré le nom romain; c'est elle qui a immortalisé cette ville; c'est elle qui nous a donné l'empire du monde. Tous les talents civils, nos brillantes études, la gloire et l'éloquence du barreau, fleurissent en paix à l'ombre des vertus militaires : à la première alarme, tous nos arts paisibles rentrent dans le silence. ...


3. HODOI ELEKTRONIKAI & environnements hypertextes :

Cette semaine-ci, Christian RUELL s'est surtout intéressé à l'Histoire de l'Église ; 5 nouveaux environnements ont été constitués.

  • Aristote, Les Topiques, livre VI [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Eusèbe de Césarée, Harangue à la louange de l'empereur Constantin, texte complet [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Évagre le Scolastique, Histoire de l'Église, livre II [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Socrate le Scolastique, Histoire de l'Église, livre V [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Théodoret de Cyr, Histoire de l'Église, livre II [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI.


Jean Schumacher
15 janvier 2010


 
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Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002