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Date :     11-12-2009

Sujets :
Fiches de lecture : 8 ajouts; FEC (Folia Electronica Classica) : un nouvel article pour le fascicule 18 (juillet-décembre 2009) : André SAUGE ; Heuristique : Charybde et Scylla; Critique : Les traductions d'auteurs grecs et latins (Marie DELCOURT) ; HODOI ELEKTRONIKAI : 7 nouveaux envieonnements hypertextes : Aristote (x 6), Clément d'Alexandrie ;

Notice :

1. Fiches de lecture :

  • Adresse du site : Lectures (site arrêté à la date du 18 mai 2006)
  • Base de données : Fiches (depuis le 19 mai 2006)

  • Ajouts : consultation des ==> Nouveautés <==

Les Nouveautés concernent :

  • ==> GREC :

  • ARISTOTE, Des parties des animaux, livre I
  • CLÉMENT d'ALEXANDRIE, Le divin Maître ou le Pédagogue, livre II

  • Héraclite : Les Dieux sont ici comme partout
  • Platon : Personne ne peut être sage et prudent, s'il a pris la funeste habitude de vivre mollement et luxurieusement
  • Clément d'Alexandrie : Les jeunes gens devraient s'abstenir absolument de boire du vin
  • Clément d'Alexandrie : Les naufrages de l'ivresse ne sont plus à craindre pour les vieillards
  • Clément d'Alexandrie : Pourquoi rechercher les vins de prix ?
  • Clément d'Alexandrie : La femme qui s'enivre excite une grande colère
  • De l'usage des couronnes chez les anciens Grecs
  • L'hyène est-elle hermaphrodite ?


2. FEC (Folia Electronica Claasica) : un nouvel article pour le fascicule 18 (juillet-décembre 2009) :

Le dénouement de « Philoctète » : duplicité du guerrier, simplicité de l'intrigue, par André Sauge (html 248 K; pdf 505 K) (Inédit)

        http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/18/PHILO/Philoctete.htm ou
        http://bcs.fltr.ucl.ac.be/FE/18/PHILO/Philoctete.pdf

Extrait du résumé de l'auteur : "Quelle est donc la fonction de l’intervention d’Héraclès ? Non de corriger une intrigue qui aurait abandonné les voies de la tradition mythique, mais de rappeler à Philoctète et à Néoptolème, à travers eux, au public athénien de 409, les leçons du dénouement de l’Iliade et celles de l’Odyssée. Car épopée homérique et tragédie, dans les grands moments d’urgence politique, ont invité les citoyens de l’Attique à ne pas oublier la leçon de Solon : la terre est la même pour tous ses habitants. Seule la générosité permet d’égaler le plus fort au plus faible."


3. Heuristique : Charybde et Scylla :

Articles (WIKIPEDIA) : Charybde ; Charybde et Scylla

Sources :

  • HOMÈRE, L'Odyssée, XII, vers 101-110 et vers 234-250 :

    101 "᾽τὸν δ᾽ ἕτερον σκόπελον χθαμαλώτερον ὄψει, Ὀδυσσεῦ.
    πλησίον ἀλλήλων· καί κεν διοϊστεύσειας.
    τῷ δ᾽ ἐν ἐρινεὸς ἔστι μέγας, φύλλοισι τεθηλώς·
    τῷ δ᾽ ὑπὸ δῖα Χάρυβδις ἀναρροιβδεῖ μέλαν ὕδωρ. br> 105 τρὶς μὲν γάρ τ᾽ ἀνίησιν ἐπ᾽ ἤματι, τρὶς δ᾽ ἀναροιβδεῖ br> δεινόν· μὴ σύ γε κεῖθι τύχοις, ὅτε ῥοιβδήσειεν· br> οὐ γάρ κεν ῥύσαιτό σ᾽ ὑπὲκ κακοῦ οὐδ᾽ ἐνοσίχθων. br> ἀλλὰ μάλα Σκύλλης σκοπέλῳ πεπλημένος ὦκα br> νῆα παρὲξ ἐλάαν, ἐπεὶ ἦ πολὺ φέρτερόν ἐστιν br> 110 ἓξ ἑτάρους ἐν νηὶ ποθήμεναι ἢ ἅμα πάντας.᾽

    Tu verras, Ulysse, que l'autre écueil est moins élevé. Ils sont tous deux l'un près de l'autre. Une de tes flèches franchirait l'intervalle. Sur celui-ci est un grand figuier sauvage à la frondaison luxuriante. Au pied du roc, la fameuse Charybde engloutit l'eau noire. Trois fois par jour elle la rejette et trois fois elle l'engloutit avec un bruit effroyable. Ne te trouve pas là, quand elle commence à l'engouffrer; car l'ébranleur de la terre lui-même ne pourrait te sauver du malheur. Aussi fais vite passer ton vaisseau près de l'écueil de Scylla; car il est sans doute bien préférable d'avoir à regretter six hommes de ton équipage que de les perdre tous ensemble. »

    234 "ἡμεῖς μὲν στεινωπὸν ἀνεπλέομεν γοόωντες·
    235 ἔνθεν μὲν Σκύλλη, ἑτέρωθι δὲ δῖα Χάρυβδις
    δεινὸν ἀνερροίβδησε θαλάσσης ἁλμυρὸν ὕδωρ.
    ἦ τοι ὅτ᾽ ἐξεμέσειε, λέβης ὣς ἐν πυρὶ πολλῷ
    πᾶσ᾽ ἀναμορμύρεσκε κυκωμένη, ὑψόσε δ᾽ ἄχνη
    ἄκροισι σκοπέλοισιν ἐπ᾽ ἀμφοτέροισιν ἔπιπτεν·
    240 ἀλλ᾽ ὅτ᾽ ἀναβρόξειε θαλάσσης ἁλμυρὸν ὕδωρ,
    πᾶσ᾽ ἔντοσθε φάνεσκε κυκωμένη, ἀμφὶ δὲ πέτρη
    δεινὸν ἐβεβρύχει, ὑπένερθε δὲ γαῖα φάνεσκε
    ψάμμῳ κυανέη· τοὺς δὲ χλωρὸν δέος ᾕρει.
    ἡμεῖς μὲν πρὸς τὴν ἴδομεν δείσαντες ὄλεθρον·
    245 τόφρα δέ μοι Σκύλλη γλαφυρῆς ἐκ νηὸς ἑταίρους
    ἓξ ἕλεθ᾽, οἳ χερσίν τε βίηφί τε φέρτατοι ἦσαν.
    σκεψάμενος δ᾽ ἐς νῆα θοὴν ἅμα καὶ μεθ᾽ ἑταίρους
    ἤδη τῶν ἐνόησα πόδας καὶ χεῖρας ὕπερθεν
    ὑψόσ᾽ ἀειρομένων· ἐμὲ δὲ φθέγγοντο καλεῦντες
    250 ἐξονομακλήδην, τότε γ᾽ ὕστατον, ἀχνύμενοι κῆρ.

    Nous naviguions droit dans la passe, en nous lamentant. D'un côté se trouve Scylla; et de l'autre, la fameuse Charybde engloutit avec un bruit terrible l'eau salée. Quand elle la vomit, toute la mer s'agite, bouillonne, comme l'eau d'un chaudron sur un grand feu; l'écume jaillit jusqu'en haut des Écueils et retombe sur tous les deux. Puis, quand elle engloutit à nouveau l'eau salée, on la voit bouillonner tout entière en sa profondeur; le rocher qui l'entoure mugit terriblement; et par-dessous paraît un fond de sable noirâtre. Mes compagnons, pris de terreur, devenaient blêmes. Nous regardions Charybde, dans notre crainte de la mort; à ce moment Scylla dans le creux du vaisseau emporta six de mes hommes, les meilleurs par la force de leurs bras. Comme je tournais les yeux vers mon vaisseau rapide et mes compagnons, je n'aperçus plus que leurs pieds et leurs mains enlevés en l'air : ils criaient, m'appelant par mon nom, pour la dernière fois, dans l'angoisse de leur coeur.

  • STRABON, Geographica, I, 2, 36 :

    [1,2,36] Περὶ δὲ τῶν τοῦ ὠκεανοῦ παθῶν εἴρηται μὲν ἐν μύθου σχήματι· καὶ γὰρ τούτου στοχάζεσθαι δεῖ τὸν ποιητήν. Ἀπὸ γὰρ τῶν ἀμπώτεων καὶ τῶν πλημμυρίδων ἡ Χάρυβδις αὐτῷ μεμύθευται, οὐδ' αὐτὴ παντάπασιν Ὁμήρου πλάσμα οὖσα, ἀλλ' ἀπὸ τῶν ἱστορουμένων περὶ τὸν Σικελικὸν πορθμὸν διεσκευασμένη. εἰ δὲ δὶς τῆς παλιρροίας γινομένης καθ' ἑκάστην ἡμέραν καὶ νύκτα ἐκεῖνος τρὶς εἴρηκε· Τρὶς μὲν γάρ τ' ἀνίησιν ἐπ' ἤματι, τρὶς δ' ἀναροιβδεῖ, λέγοιτ' ἂν καὶ οὕτως· οὐ γὰρ κατ' ἄγνοιαν τῆς ἱστορίας ὑποληπτέον λέγεσθαι τοῦτο, ἀλλὰ τραγῳδίας χάριν καὶ φόβου, ὃν ἡ Κίρκη πολὺν τοῖς λόγοις προστίθησιν ἀποτροπῆς χάριν, ὥστε καὶ τὸ ψεῦδος παραμίγνυσθαι. Ἐν αὐτοῖς γοῦν τοῖς ἔπεσι τούτοις εἴρηκε μὲν οὕτως ἡ Κίρκη· Τρὶς μὲν γάρ τ' ἀνίησιν ἐπ' ἤματι, τρὶς δ' ἀναροιβδεῖ δεινόν· μὴ σύ γε κεῖθι τύχοις, ὅτε ῥοιβδήσειε· οὐ γάρ κεν ῥύσαιτό σ' ὑπὲκ κακοῦ οὐδ' Ἐνοσίχθων. Καὶ μὴν παρέτυχέ τε τῇ ἀναρροιβδήσει ὁ Ὀδυσσεὺς καὶ οὐκ ἀπώλετο, ὥς φησιν αὐτός· Ἡ μὲν ἀνερροίβδησε θαλάσσης ἁλμυρὸν ὕδωρ· αὐτὰρ ἐγὼ ποτὶ μακρὸν ἐρινεὸν ὑψόσ' ἀερθείς, τῷ προσφὺς ἐχόμην, ὡς νυκτερίς. Εἶτα περιμείνας τὰ ναυάγια καὶ λαβόμενος πάλιν αὐτῶν σώζεται, ὥστ' ἐψεύσατο ἡ Κίρκη. ὡς οὖν τοῦτο, κἀκεῖνο τὸ « τρὶς μὲν γάρ τ' ἀνίησιν ἐπ' ἤματι » ἀντὶ τοῦ δίς, ἅμα καὶ τῆς ὑπερβολῆς τῆς τοιαύτης συνή θους πᾶσιν οὔσης, τρισμακαρίους καὶ τρισαθλίους λεγόντων· καὶ ὁ ποιητής· Τρισμάκαρες Δαναοί, καί Ἀσπασίη τρίλλιστο, {καί} Τριχθά τε καὶ τετραχθά. Ἴσως δ' ἄν τις καὶ ἀπὸ τῆς ὥρας τεκμήραιτο, ὅτι ὑπαινίττεταί πως τὸ ἀληθές· μᾶλλον γὰρ {ἂν} ἐφαρμόττοι τῷ δὶς γενέσθαι τὴν παλίρροιαν κατὰ τὸν συνάμφω χρόνον, τὸν ἐξ ἡμέρας καὶ νυκτός, ἢ τῷ τρὶς τοσοῦτον χρόνον μεῖναι τὰ ναυάγια ὑποβρύχια, ὀψὲ δὲ ἀναβληθῆναι ποθοῦντι. Καὶ συνεχῶς προσισχομένῳ τοῖς κλάδοις· Νωλεμέως δ' ἐχόμην, ὄφρ' ἐξεμέσειεν ὀπίσσω ἱστὸν καὶ τρόπιν αὖτις, ἐελδομένῳ δέ μοι ἦλθεν ὄψ'· ἦμός τ' ἐπὶ δόρπον ἀνὴρ ἀγορῆθεν ἀνέστη, κρίνων νείκεα πολλὰ δικαζομένων αἰζηῶν, καὶ τότε δήμοι δοῦρα Χαρύβδιος ἐξεφαάνθη. Πάντα γὰρ ταῦτα χρόνου τινὸς ἔμφασιν ἀξιολόγου δίδωσι, καὶ μάλιστα τὸ τὴν ἑσπέραν ἐπιτεῖναι, ( καὶ) μὴ κοινῶς εἰπόντα, ἡνίκα ὁ δικαστὴς ἀνίσταται, ἀλλ' ἡνίκα κρίνων νείκεα πολλά, ὥστε βραδῦναι πλέον τι καὶ ἄλλως δὲ οὐ πιθανὴν ἂν ὑπέτεινε τῷ ναυαγῷ τὴν ἀπαλλαγήν, εἰ πρὶν ἀποσπασθῆναι πολὺ καὶ αὐτίκα εἰς τοὐπίσω παλίρρους μετέπιπτεν.

    [1,2,36] 36. Pour ce qui est, maintenant, des phénomènes de l'Océan, il est bien vrai, {comme le marque Ératosthène}, qu'Homère les a décrits sous la forme d'un mythe, car, en thèse générale, c'est là la forme que tout poète doit cher-cher à donner à sa pensée, et, dans le cas présent, c'est évidemment le double phénomène du flux et du reflux qui lui a suggéré l'idée de sa fable de Charybde; mais cela ne veut point dire que cette fable en elle-même ait été créée de toutes pièces par l'imagination d'Homère; loin de là, Homère n'a fait qu'arranger et mettre en oeuvre certaines notions positives concernant le détroit de Sicile. Que si, maintenant, il a parlé de trois reflux au lieu de deux pour les vingt-quatre heures, «Car TROIS FOIS par jour elle vomit l'onde amère, et TROIS FOIS la ravale,» voici, à ce qu'il semble, ce qu'on pourrait dire pour le justifier : d'abord, il n'y a pas à supposer un instant que ce soit par ignorance du phénomène lui-même que le poète s'est exprimé de la sorte, mais il fallait qu'il ménageât un effet tragique, un effet de terreur : Circé ayant besoin de terrifier le héros pour le détourner plus sûrement de son fatal projet, on conçoit qu'elle appelle le mensonge à son aide Que dit-elle, en effet, dans le passage en question? «Trois fois par jour Charybde vomit l'onde amère et trois fois elle la ravale avec un bruit terrible. Évite alors, évite de te trouver à sa portée au moment du reflux : autrement Neptune lui-même ne pourrait te soustraire à la mort.» Et pourtant Ulysse assiste sans périr à ce terrible reflux; lui-même raconte la scène en ces termes : «Et voilà que le monstre engloutit de nouveau l'onde amère. Mais moi, me suspendant aux branches élevées d'un figuier sauvage, comme la chauve- souris, j'y demeurai attaché.» Il attend de la sorte que les débris de son vaisseau reparaissent, les saisit au passage et se sauve; et par le fait Circé se trouve avoir menti. Mais l'ayant fait mentir sur un point, Homère a bien pu la faire mentir sur un autre, et dans ce vers, «Car trois fois par jour elle vomit,» lui faire dire exprès trois fois au lieu de deux; d'autant qu'il existe dans le langage ordinaire une hyperbole toute pareille, «trois fois heureux et trois fois malheureux,» dont tout le monde se sert, et qu'Homère lui-même a souvent employée, dans ce vers-ci par exemple, «Trois fois heureux les Grecs;» dans cet autre également, «Nuit charmante et TROIS FOIS désirée,» et dans cet autre encore, «{Fendue} en TROIS et quatre.» Peut-être d'ailleurs serait-on fondé à voir dans l'heure marquée par le héros comme un moyen adroit du poète pour laisser au moins pressentir la vérité. Car il est certain que le double reflux dans l'espace d'un jour et d'une nuit ferait mieux comprendre que le reflux triple comment les débris du naufrage ont pu rester si longtemps engloutis et reparaître si tard, au gré du héros toujours cramponné aux branches de son figuier : «Aux rameaux du figuier sans relâche attaché, j'attendais que le monstre revomît le mât et la carène; mais ce moment tarda longtemps au gré de mon impatience : ce fut à l'heure où, pressé par la faim, le juge se lève et quitte l'assemblée, après avoir entre les citoyens aux prises décidé maints procès, à cette heure seulement que du sein de Charybde ces précieux débris reparurent à mes yeux.» Toutes ces circonstances effectivement indiquent un laps de temps considérable, celle-ci surtout, «que déjà le soir étendait son voile sur la terre,» sans compter que le poète, au lieu de dire simplement et d'une manière générale «à l'heure où le juge se lève,» a ajouté, «ayant décidé maints procès,» ce qui implique une heure encore plus avancée. Enfin, Homère n'aurait offert au héros naufragé qu'un moyen de salut bien peu vraisemblable, si, avant qu'il eût eu le temps d'être emporté au loin, un nouveau reflux eût pu tout à coup le ramener en arrière.

  • THUCYDIDE, Histoire de la guerre du Péloponnèse, IV, 24 :

    ... ξύνεγγυς γὰρ κειμένου τοῦ τε Ῥηγίου ἀκρωτηρίου τῆς Ἰταλίας τῆς τε Μεσσήνης τῆς Σικελίας, τοῖς Ἀθηναίοις (τε) οὐκ ἂν εἶναι ἐφορμεῖν καὶ τοῦ (4.24.5) πορθμοῦ κρατεῖν. ἔστι δὲ ὁ πορθμὸς ἡ μεταξὺ Ῥηγίου θάλασσα καὶ Μεσσήνης, ᾗπερ βραχύτατον Σικελία τῆς ἠπείρου ἀπέχει· καὶ ἔστιν ἡ Χάρυβδις κληθεῖσα τοῦτο, ᾗ Ὀδυσσεὺς λέγεται διαπλεῦσαι. διὰ στενότητα δὲ καὶ ἐκ μεγάλων πελαγῶν, τοῦ τε Τυρσηνικοῦ καὶ τοῦ Σικελικοῦ, ἐσπίπτουσα ἡ θάλασσα ἐς αὐτὸ καὶ ῥοώδης οὖσα εἰκότως χαλεπὴ ἐνομίσθη.

    Le promontoire de Rhégion en Italie étant peu distant de Messéne en Sicile, les Athéniens se trouveraient dans l'impossibilité d'aborder et de se rendre maîtres du détroit. Ce détroit est formé par un bras de mer qui sépare Rhégion de Messéne, à l'endroit où la Sicile est le plus rapprochée du continent. C'est la fameuse Charybde que, dit-on, Ulysse traversa. Comme le passage est étroit, les eaux des deux mers, la mer Tyrrhénienne et la mer de Sicile, s'y engouffrent avec impétuosité et le passage est considéré à juste titre comme dangereux.

  • VIRGILE, L'Énéide, III, vers 410-428 et vers 555-567 :

    410 'Ast ubi digressum Siculae te admouerit orae
    uentus, et angusti rarescent claustra Pelori,
    laeua tibi tellus et longo laeua petantur
    aequora circuitu: dextrum fuge litus et undas.
    Haec loca ui quondam et uasta conuolsa ruina

    415 tantum aeui longinqua ualet mutare uetustas
    dissiluisse ferunt, cum protinus utraque tellus
    una foret; uenit medio ui pontus et undis
    Hesperium Siculo latus abscidit, aruaque et urbes
    litore diductas angusto interluit aestu.

    420 Dextrum Scylla latus, laeuum implacata Charybdis
    obsidet, atque imo barathri ter gurgite uastos
    sorbet in abruptum fluctus, rursusque sub auras
    erigit alternos et sidera uerberat unda.
    At Scyllam caecis cohibet spelunca latebris,

    425 ora exsertantem et nauis in saxa trahentem.
    Prima hominis facies et pulchro pectore uirgo
    pube tenus, postrema immani corpore pristis,
    delphinum caudas utero commissa luporum.

    3, 410 Mais, après ton départ, lorsque le vent t'aura poussé au rivage de Sicile, et que les barrières de l'étroit Pélore commenceront à s'estomper, prends à gauche vers la terre, à gauche aussi prends la mer, en un large circuit. Évite la rive à ta droite et les eaux qui la baignent. On dit que ces lieux violemment arrachés autrefois par un énorme séisme

    3, 415 (tant l'ancienneté d'une époque si lointaine peut apporter de changements) se sont séparés; lorsque les deux terres se touchaient, ne faisant qu'une, la mer déchaînée s'introduisit entre elles et coupa l'Hespérie de la Sicile, et les flots baignent maintenant de leur bouillonnement campagnes et cités situées sur des rives différentes, séparées par un étroit chenal.

    3, 420 Scylla occupe le côté droit; sur la gauche, l'implacable Charybde veille, et au fond d'un abîme tourbillonnant, par trois fois, elle engloutit dans les profondeurs des vagues énormes, puis indéfiniment les soulève, et ses flots vont frapper les astres. Mais, une caverne aux cachettes obscures retient Scylla,

    3, 425 qui, sortant souvent la tête, attire les navires sur les rochers. de prime abord, elle a un aspect humain, jeune fille au beau torse jusqu'à la base du tronc, ensuite baleine au corps énorme, joignant des queues de dauphin à un ventre de loup.

    550 Graiugenumque domos suspectaque linquimus arua.
    Hinc sinus Herculei si uera est fama Tarenti
    cernitur; attollit se diua Lacinia contra,
    Caulonisque arces et nauifragum Scylaceum.
    Tum procul e fluctu Trinacria cernitur Aetna,

    555 et gemitum ingentem pelagi pulsataque saxa
    audimus longe fractasque ad litora uoces,
    exsultantque uada, atque aestu miscentur harenae.
    Et pater Anchises: 'Nimirum haec illa Charybdis:
    hos Helenus scopulos, haec saxa horrenda canebat.

    560 Eripite, O socii, pariterque insurgite remis!'
    Haud minus ac iussi faciunt, primusque rudentem
    contorsit laeuas proram Palinurus ad undas.
    laeuam cuncta cohors remis uentisque petiuit.
    Tollimur in caelum curuato gurgite, et idem

    565 subducta ad Manis imos desedimus unda.
    Ter scopuli clamorem inter caua saxa dedere:
    ter spumam elisam et rorantia uidimus astra.

    3, 555 De loin nous entendons le grondement sourd de la mer, qui s'abat sur les rochers, et des voix qui se brisent sur le rivage; des paquets d'eau se soulèvent, et le sable se mêle aux flots. Et mon père Anchise : "Voici certainement cette fameuse Charybde, ces écueils, ces rochers terrifiants que prophétisait Hélénus.

    3, 560 Arrachez-nous d'ici, mes amis, et d'un même effort, poussez vos rames". L'ordre aussitôt donné, on l'exécute, et en premier lieu, Palinure dirige vers la gauche sa proue grinçante; toute la colonne, s'aidant des rames et des vents, tend à gauche. Une lame creuse nous lance au ciel, et, avec l'onde qui retombe,

    3, 565 nous sommes aussitôt déposés chez les Mânes infernaux. Trois fois les rochers ont crié au creux des cavernes, trois fois nous avons vu l'écume jaillissante et les astres aspergés.

  • SÉNÈQUE, Lettres à Lucilius, II, 14, 8 :

    ... Itaque sapiens numquam potentium iras prouocabit, immo (nec) declinabit, non aliter quam in nauigando procellam. (8) Cum peteres Siciliam, traiecisti fretum Temerarius gubernator contempsit austri minas - ille est enim qui Siculum pelagus exasperet et in uertices cogat -; non sinistrum petit litus sed id a quo propior Charybdis maria conuoluit. At ille cautior peritos locorum rogat quis aestus sit, quae signa dent nubes; longe ab illa regione uerticibus infami cursum tenet. Idem facit sapiens: nocituram potentiam uitat, hoc primum cauens, ne uitare uideatur; pars enim securitatis et in hoc est, non ex professo eam petere, quia quae quis fugit damnat.

    Aussi le sage ne provoquera-t-il jamais le courroux des puissances ; il louvoiera, comme le navigateur devant l'orage. Quand tu es allé en Sicile, tu as traversé le détroit. Tout téméraire pilote ne tient pas compte des menaces de l'Auster, de ce vent qui soulève les flots de ces parages et les roule en montagnes ; au lieu de chercher la côte à sa gauche, il se jeta sur celle où le voisinage de Charybde met aux prises les deux mers. Un plus avisé demande à ceux qui connaissent les lieux quel est ce bouillonnement, ce que pronostiquent les nuages, et il dirige sa course loin de ces bords tristement célèbres par leurs gouffres tournoyants. Ainsi agit le sage : il évite un pouvoir qui peut nuire, prenant garde avant tout de paraître l'éviter. Car c'est encore une condition de la sécurité que de ne pas trop faire voir qu'on la cherche : tu me fuis, donc tu me condamnes.

Références utiles (obtenues via DIOGENES 3.1; à afficher en codage UNICODE) :


4; Critique : Les traductions d'auteurs grecs et latins :

Référence :

Marie DELCOURT, Étude sur les traductions des tragiques grecs et latins en France depuis la Renaissance.

Académie royale de Belgique. Classe des lettres et des sciences morales et politiques. Mémoires. Collection in-8o [2 sér.] -- t. XIX, fasc. 4, Mémoires de la Classe des lettres . Bruxelles, 1925, 282 pp.

Extrait :

" ... Eschyle, Sophocle et Euripide, traduits par LECONTE DE LISLE, 1884.

Les traductions de Leconte de Lisle sont si connues qu'il n'est pas nécessaire d'en parler ici bien longuement : on en a tout dit, plus de bien certes et peut-être aussi plus de mal qu'elles ne méritent. Jusqu'il y a une dizaine d'années, les gens du monde ne puisaient pas ailleurs leur connaissance de la poésie grecque, d'Homère à Théocrite. Ceux qui avaient fait du grec au collège s'imaginaient retrouver des impressions directes parce que les noms propres simplement transcrits réveillaient en leur oreille des images faciles à ressusciter. Ceux qui n'en avaient point fait se figuraient de bonne foi être rapprochés du texte par cette traduction où restaient tant de traces de l'original. Ils ne se rendaient pas compte que ce n'étaient en somme que des syllabes et peu de chose.

Il est vrai que l'argument se retourne contre ceux qui veulent mettre les traductions de Leconte de Lisle très au-dessous des autres : elles n'en diffèrent pas tellement dès que l'on fait abstraction de l'affectation du poète à transcrire les termes. Il est vrai qu'en appelant Zeus « le nouveau Prytane des Heureux » (là où Eschyle dit simplement ὁ νέος ταγός) et en faisant invoquer par Prométhée l'Aither, Gaia et Hélios, Leconte de Lisle écrit d'une façon incompréhensible pour qui ne sait pas un peu de grec avant d'ouvrir sa traduction. Mais peu de lecteurs semblent s'en être aperçus et y avoir vu un inconvénient.

Au surplus, qu'on regarde de près, non les mots dont Leconte de Lisle se sert, mais le sens, on y trouvera les mêmes défauts exactement et les mêmes insuffisances que dans les autres traductions du XIXe siècle. Il s'est du reste certainement servi de celles-ci, mais il savait assez de grec pour refaire un mot-à-mot.

Ce qu'il voit mal, c'est la valeur de l'ordre et celle des particules; sa synonymie est rudimentaire, altérée encore par son souci de couleur locale; surtout, Leconte de Lisle ne s'aperçoit pas de l'obscurité de certains passages qu'il traduit si imperturbablement qu'on peut se demander si pour lui ils avaient un sens, ou s'il pensait que leur obscurité était « bien grecque », ou, encore, s'il a même compris qu'il ne comprenait pas. L'absence de notes permet d'hésiter. Mais qu'on prenne une des autres traductions, on constatera, à peu de chose près, la même indifférence à l'égard de la logique et de la suite des idées. Le fil casse à chaque instant sans que celui qui devrait nous conduire semble même s'en apercevoir. Les traducteurs classiques seront peut-être plus sensibles que Leconte de Lisle à une difficulté de grammaire; ils le sont rarement à une véritable difficulté d'interprétation.

Ce qui est extraordinaire, c'est que Leconte de Lisle se montre si médiocre prosateur. Il se contente de rédactions qui semblent des versions d'élèves

(Oedipe-Roi, 936-937) :
{ΑΓΓΕΛΟΣ} Ἐκ τῆς Κορίνθου. Τὸ δ´ ἔπος οὑξερῶ τάχα,
ἥδοιο μέν, πῶς δ´ οὐκ ἄν; ἀσχάλλοις δ´ ἴσως.
(« Je viens de Corinthe. Quant au message que je vais te faire à l'instant, il te causera de la joie, cela ne fait pas de doute, mais non peut-étre pure de tout regret ») est traduit par Leconte de Lisle : « Je viens de Corinthos. Je pense que ce que je te dirai te sera agréable. Pourquoi non? Cependant tu en seras peut-étre attristé. »
Il est évident qu'avec de pareils procédés, il n'était pas difficile de faire passer les tragiques grecs pour des poètes « primitifs » et « barbares ».

[ndlr : l'environnement hypertexte, établi pour nous pour cette oeuvre de Sophocle, indique : "Traduction faite par : Charles Marie René LECONTE de LISLE (1818-1894) en 1877, traduction reprise au site MYTHORAMA de Vincent CALLIES et retravaillée localement"]

C'est peut-être Euripide, le plus difficile à traduire, qui apparaît le plus défiguré dans cette version lourde et obscure.

[ndlr : EURIPIDE, Hippolyte, vers 490 - 498 :

(490) Τί σεμνομυθεῖς; Οὐ λόγων εὐσχημόνων
δεῖ σ', ἀλλὰ τἀνδρός. Ὡς τάχος διιστέον,
τὸν εὐθὺν ἐξειπόντας ἀμφὶ σοῦ λόγον.
Εἰ μὲν γὰρ ἦν σοι μὴ 'πὶ συμφοραῖς βίος
τοιαῖσδε, σώφρων δ' οὖσ' ἐτύγχανες γυνή,
(495) οὐκ ἄν ποτ' εὐνῆς οὕνεχ' ἡδονῆς τε σῆς
προῆγον ἄν σε δεῦρο·
νῦν δ' ἀγὼν μέγας
σῶσαι βίον σόν, κοὐκ ἐπίφθονον τόδε.]

"Pourquoi parler si magnifiquement? » dit la nourrice à Phèdre. « Tu n'as pas besoin de belles paroles de cet homme. Il faut m'expliquer très promptement ce que tu ressens, affin que je dise directement ce qui te concerne. Si ta vie n'était pas jetée en un si grand péril, si tu étais une femme saine d'esprit, jamais, pour satisfaire ton désir voluptueux, je ne te conduirais jusque-là. Mais aujourd'hui, la plus grande tache est que je te sauve la vie; et pour cela, rien qui coûte."

A s'en tenir à cette traduction, le lecteur le plus perspicace serait incapable de comprendre à quel acte désespéré la nourrice rougit d'en venir par amour pour Phèdre : il est étonnant qu'un écrivain comme Leconte de Lisle ne se soit pas aperçu qu'il faisait dire des non-sens à Euripide et qu'il n'ait pas été tenté par la difficulté de ce discours à la fois si énigmatique et si précis où le projet fatal s'enveloppe si bien qu'on devine seulement sa menace à la gravité des motifs appelés à le légitimer. ..."

[NDLR : Bien des traductions françaises, reprises par nous pour accompagner les extraits textuels dans les environnements hypertextes, sont datées des XVIIIe et XIXe siècles ... pour le simple motif qu'elles sont libres de droits. Il y a beaucoup de reproches à faire à ces traductions à l'exception de celui d'exister. Toute étude approfondie ne pourra pas faire l'impasse sur une critique raisonnée de ces traductions, souvent belles infidèles.]


5. HODOI ELEKTRONIKAI & environements hypertextes :

Une avant-dernière fois avant la fin de l'année 2009, Christian RUELL a remis l'ouvrage sur le métier : 7 environnements nouveaux ont été produits :

  • Aristote, Des parties des animaux, livre I [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Aristote, Des parties des animaux, livre II [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Aristote, Les Topiques, livre II [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Aristote, Les Topiques, livre III [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Aristote, La Métaphysique, livre XIII [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Aristote, La Métaphysique, livre XIV [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Clément d'Alexandrie, Le divin Maître ou Le Pédagogue, livre I

Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI.


Jean Schumacher
11 décembre 2009


 
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Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002