Notice : 1. Fiches de lecture :
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Les Nouveautés concernent :
- ==> GREC :
- JEAN Chrysostome, Sur la virginité
- ORACULA Sibyllina, livre IV
- PHILON d'Alexandrie, De la vie contemplative
- Jean Chrysostome, Saint Paul et le double but du mariage
- Quel doit être le discours d'un orateur ?
- A propos des inconvénients des secondes noces
- Description du mari jaloux
- Jean Chrysostome : La félicité du mariage n'est qu'une ombre et qu'un songe
- A quoi sert la parure (d'une femme) ?
- A propos de la jeune fille qui devient épouse
- A propos du passage de la Mer Rouge
- Description du cataclysme final et du jugement dernier
2. Livre : L'Instant - La Créüside :
Livre : Magda SZABÓ, L'Instant - La Créüside
Titre original : A Pillanat (1990)
Traduit du hongrois par Chantal Philippe
Editions Viviane Hamy, février 2009, 357 pp.
Pages numérisées : couverture ; 4e de couverture ; Table des matières
Extrait : pp. 16-19 :
" ... On peut voir à la télévision que lorsque l'image se
fige sur un personnage particulier, l'action est suspendue.
En fixant l'image de la reine de Troie, j'ai soudain vu
le personnage de Créüse, que j'avais jusque-là
négligé, investi d'une nouvelle fonction. Cet arrêt sur
image m'a montré qu'elle n'était pas le personnage
secondaire que je croyais, mais un catalyseur, car si
elle n'avait pas péri, aucune potentialité logique
n'aurait pu conférer une noble patine à la nouvelle
couronne d'Octave.
Créüse ne pouvait pas voir le nouveau pays,
la volonté divine l'éliminait d'emblée, car
en restant en vie, la reine ne ferait que tout chambouler,
non seulement en Italie où un futur gendre
pouvait difficilement arriver en compagnie de son
épouse, mais aussi à Carthage, car la sombre passion
de Didon était indispensable pour justifier les terribles
pertes humaines des malencontreuses guerres puniques,
destinées à assurer l'hégémonie en Méditerranée et le
monopole du blé.
La plus belle trouvaille de Virgile est
sans doute de s'être rendu compte qu'il devait « caser »
la mort de Créüse dans une description dépourvue de
pathos, mais qu'il fallait la faire disparaître très vite
dans les bruines du siège de Troie.
En tant qu'écrivain,
il fut assez convaincant pour que personne ne se fasse
d'idées sur le drame conjugal inséré dans le deuxième
chant, que le héros supporte avec une surprenante
force d'âme, et même raconte, bien qu'il l'ait qualifié
d'infandum. Ses lecteurs ont sans doute raisonné
comme je l'avais fait dans mon enfance, et pensé que la
malheureuse Créüse, indispensable victime de guerre,
serait dédommagée dans l'autre monde.
J'étais très
jeune au début de ma carrière d'écrivain, je produisais
déjà quelques sottises bien tournées, mais je n'aurais
eu ni le savoir ni le talent nécessaires pour formuler de
manière adéquate ce que je venais de comprendre :
dès le début, Créüse n'avait aucune chance. Outre sa
compassion, Virgile pouvait tout au plus lui offrir en
pensée un brin d'asphodèle, puisqu'il devait la faire
disparaître pour prouver l'ascendance divine d'Octave.
Comme ce serait bien, pensais-je, si les créations de
l'auteur se matérialisaient, si Créüse résistait, se dressait
face au poète pour lui dire qu'elle n'avait pas la
moindre intention de périr. Le pauvre Virgile en serait
mort, sans l'épisode de Créüse il n'y aurait pas eu
d'Enéide, car Iule devait naître à Troie pour assurer la
continuité phrygienne. Le poète a peut-être lui-même
senti quelle injustice c'était de sacrifier l'épouse d'Enée,
et il a demandé à ses amis de brûler son oeuvre. Mais
ce n'est pas pour quelques vers boiteux qu'il a
condamné le produit de plusieurs années de travail,
cet éloge courtisan en forme d'épopée lui était sans
doute trop pénible pour vouloir laisser à la postérité la
preuve qu'il s'était laissé intimider.
L'avenir m'avait
touchée, comme si l'un des événements de notre destin
futur avait surgi à l'avance, mais je ne m'en étais pas
rendu compte : où était dans l'espace, dans le temps,
l'époque où le monstre de la politique littéraire de
notre pays voudrait nous absorber, mes amis et moi,
avec nos familles, alors qu'à l'évidence nous serions
sauvés si nous entonnions un hymne à Stalinius et
Racosius, et que dans le cas contraire nous devrions en
subir les conséquences. Aucun de nous n'a sacrifié sur
l'autel de Stalinius et consorts, nous avons assumé le
sort des écrivains réduits au silence, nous avons disparu
de la vie publique, disparu aussi de nos vêtements
pour ainsi dire, car nous avions bien peu à manger, et
plus aucune sécurité, mais c'était plus facile que
d'écrire un hymne à la gloire d'un dictateur, bourreau
sanguinaire, et de son valet hongrois.
L'époque n'avait pas encore révélé tout cela, je n'en
étais encore qu'à préparer ma licence en étudiant
L'Enéide. En parcourant la littérature secondaire et la
mythologie, je fus saisie d'une saine colère en m'apercevant
que les beaux-arts avaient fait preuve de la
même injustice envers cette femme : peintres et sculpteurs
ne représentaient que le personnage d'Enée prenant
la fuite avec son père et son fils. C'est lui qu'on
voit devant Troie en flammes sur le porche de la maison
viennoise de Jeno Savoyai située dans la rue Himmelspfort;
ou parmi les statues antiques des bosquets de
Schönbrunn, c'est lui qui se dresse au milieu des buis,
coiffé d'un casque à plume d'autruche, en compagnie
de Iule et de son père Anchise, mais nulle trace de
Créüse. Tous se sont ligués contre elle, je pensais
qu'elle mériterait d'être rappelée de la mort, et l'idée
me vint de la ressusciter moi-même. C'était une
gageure, il fallait la témérité, la soif de vérité de la
jeunesse pour récrire l'histoire d'Enée sous forme de
roman, en redonnant vie à Créüse et en mettant son
personnage en lumière. Les hommes ne sont pas des
dieux, et personne ne vaut qu'on sacrifie un mortel
pour justifier sa prétendue qualité divine. Personne. ..."
Références : WIKIPEDIA ; Le Nouvel Observateur : mort de la romancière M. Szabó ; Le Nouvel Observateur, Elle a récrit l'Énéide
3. HODOI ELEKTRONIKAI & environnements hypertextes :
Cette semaine-ci, Christian RUELL n'a pas ralenti son rythme époustouflant : 9 nouveaux environnements hypertextes ont vu le jour :
- Basile de Césarée, Homélies sur l'Hexaëméron, I [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais en Suisse]
- Basile de Césarée, Homélies sur l'Hexaëméron, II [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais en Suisse]
- Jean Chrysostome, Discours contre les juifs, III [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais en Suisse]
- Jean Chrysostome, Discours contre les juifs, IV [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais en Suisse]
- Jean Chrysostome, Discours contre les juifs, V [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais en Suisse]
- Jean Chrysostome, Discours contre les juifs, VI [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais en Suisse]
- Jean Chrysostome, Sur la virginité [Traduction française reprise au site de l'Abbaye Saint-Benoît de Port-Valais en Suisse]
- Oracula Sibyllina, Livre IV [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
- Philon d'Alexandrie, De la vie contemplative [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
Les textes bruts de ces oeuvres sont disponibles dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI.
Jean Schumacher
24 avril 2009
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