| Notice :  1. Fiches de lecture  :
 
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Les Nouveautés concernent :
 
 ==> GREC :
DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livres LXXV et LXXVIII
ORIGÈNE, Contre Celse, livres VII et VIII
PHOTIUS, Bibliotheca : Extraits d'Olympiodore, Histoires
PLUTARQUE, Vies parallèles, Comparaison Paul-Émile - Timoléon
Ps.-HÉRODOTE, La vie d'Homère
A propos des sources du Nil  
Chez les Cyméens, les aveugles sont des homères
L'empereur Caracalla doit ce surnom à un type de vêtement gaulois à capuchon et manches longues qu'il avait coutume de porter    
A propos des oasis, îles du Paradis
A propos du lieu de félicité après la mort : îles fortunées, champs Élysées ou terre pure (chez Platon)  
Il n'y a pas de honte à recevoir un prix pour des services rendus mais il est encore plus beau de le refuser  
A propos d'une viande et des deux façons de l'apprêter : pour quelques rares privilégiés ou pour les hommes du commun    
  
      
2. Livre  :
 
Livre : Peter GREEN, Les guerres médiquesTitre original : The Greco-Persian Wars (1996)
 Première édition (sous un autre titre : The Year of Salamis), 1970
 Traduction française par Denis-Armand CANAL
 Paris, Tallandier, 2008, 446 pp.
 
Documents : couverture; 4e de couverture
 
Extrait : pp. 33-36
 
"CHAPITRE PREMIER : DARIUS ET L'OCCIDENT.
Le grand conflit entre la Grèce et la Perse – ou, pour être 
plus 
précis, entre une poignée de cités-Etats de Grèce continentale et 
toute la puissance de l'empire perse à son apogée – doit rester 
l'un des épisodes le plus à méditer dans l'histoire de l'Europe. 
Malgré les nuages de fumée de la propagande et de l'orgueil 
national, Eschyle et Hérodote ont bien vu qu'il s'agissait d'un 
conflit idéologique, le premier du genre qui nous soit 
connu. 
Jean-Marie HANNICK , Encyclopédie de l'Histoire
D'un côté, l'écrasante figure autocratique du Grand Roi ; de 
l'autre, la discipline volontaire et brouillonne de citoyens fiers 
de leur indépendance. Dans le récit d'Hérodote, les soldats de 
Xerxès sont menés au combat à coups de fouet ; tout au long de 
la narration, le motif récurrent de la flagellation, de la mutilation 
et de la torture stigmatise les Perses. Les Grecs, en revanche, 
combattaient parce que leur intérêt personnel était en jeu dans 
la victoire : ils luttaient pour préserver l'héritage d'une liberté 
durement conquise et toujours précaire.
Dans la pièce d'Eschyle intitulée "Les Perses", produite huit ans 
seulement après la victoire éclatante de Salamine et écrite par 
un homme qui avait lui-même combattu dans la bataille, ce qui 
importe n'est pas tant la peinture des Perses – une caricature 
inévitable : aucun Grec n'a jamais compris l'éthique achéménide 
– que l'esprit, l'idéal qui anime les Grecs. La reine mère 
Atossa, veuve de Darius, pose à un conseiller du Roi diverses 
questions sur Athènes, et l'interroge pour finir – comme on 
peut s'y attendre de la part d'une douairière dans sa position – 
sur la structure du pouvoir à Athènes, dont elle suppose qu'il 
est une réplique, i>mutatis mutandis, de celui qui règne à Suse.
« Quel homme les gouverne ? » demande-t-elle. « Qui est à la 
tête de leurs armées ?» La réponse souleva, nul doute, des tonnerres 
d'applaudissements de la part du public athénien, tout 
acquis à la cause : «Ils disent qu'ils ne sont les esclaves ni les
serviteurs d'aucun homme. » Atossa pense immédiatement à une 
anarchie irresponsable et incompétente – idée que le dèmos athénien, 
dans ses moments de perversité, n'était d'ailleurs pas loin 
de confirmer. Elle demande : «Mais alors comment peuvent-ils 
résister à une invasion étrangère ? » – une répartie s'il en fut 
jamais. «Aussi bien, lui répond le conseiller, qu'ils ont détruit la 
grande et magnifique armée de Darius ! »
Eschyle – comme la plupart des patriotes athéniens – a peut-être 
exagéré ici l'importance militaire de Marathon, mais nulle-
ment son impact psychologique. David avait marché contre 
Goliath et l'avait vaincu, contre toute attente. En fin de compte, 
cette masse écrasante qu'était la machine de guerre perse – rien 
d'aussi redoutable n'était paru au Proche-Orient, depuis la fin 
de l'empire assyrien – n'était pas invincible : la leçon portait ses 
fruits. Dix ans après Marathon, lorsque la Grèce fit face à une 
invasion dont l'échelle faisait de l'expédition de Darius une 
simple razzia côtière, le souvenir encore intact de la victoire fit 
combattre Athènes, Sparte et leurs alliés. Si l'on s'en était tenu à 
un calcul rationnel, c'était une pure folie. Ceux qui se considéraient 
comme des réalistes à long terme – dont les prêtres du 
temple oraculaire de Delphes et les chefs de presque toutes les 
cités-États de Grèce septentrionale et des îles de l'Égée – 
jugèrent, comme les politiciens français de Vichy en 1940, que 
toute résistance était inutile et que la «collaboration» était la 
seule réponse possible à la menace perse. Logiquement, ils 
avaient raison. Mais les grandes victoires de l'esprit humain 
contre les malheurs ne se remportent pas par le simple jeu de 
la logique, comme Thémistocle et Churchill l'ont bien vu. La 
seule raison ne suffit pas.
Vers le milieu du vie siècle, juste avant que le conquérant 
perse Cyrus n'envahît l'Ionie, le poète Phocylide de Milet écrivait : 
«Une polis sur un promontoire, si elle est bien gardée, 
vaut mieux, si petite qu'elle soit, que Ninive frappée de folie.» 
Bien que l'Ionie succomba et Milet – seule parmi les cités 
ioniennes – conclut un traité avec l'envahisseur, Phocylide avait 
absolument raison sur le long terme. Ceci est une vérité centrale 
que l'on ne devrait jamais oublier, lorsqu'on étudie les guerres 
médiques. Ces dernières années, grâce au travail spectaculaire 
des archéologues et des savants orientalistes, notre connaissance
de la Perse achéménide s'est considérablement accrue. Nous 
sommes aujourd'hui en mesure d'évaluer Darius, Xerxès et 
leur civilisation avec une meilleure compréhension et moins d'a 
priori qu'un «enquêteur» comme Hérodote ne pouvait le faire, 
quelle que fût par ailleurs son ouverture d'esprit. Notre vision 
n'est plus la calomnie xénophobe produite par les témoignages 
biaisés des Grecs : nous devrions plutôt nous défendre aujourd'hui 
des excès d'enthousiasme sans discernement.
Ceux dont l'esprit penche naturellement vers l'autorité 
tendent à être fascinés par l'empire achéménide, précisément 
pour les raisons qui ont poussé les Grecs à lui tenir tête : une 
administration centrale monolithique (à défaut d'être toujours 
efficace), l'absolutisme théocratique, l'absence d'opposition 
politique (sauf à l'occasion des intrigues de palais, souvent sanglantes) 
et une administration provinciale confiée à des satrapes 
débonnaires (aussi longtemps, du moins, que leurs administrés 
ne faisaient pas d'embarras et payaient régulièrement leurs 
impôts). Arnold Toynbee est allé jusqu'à suggérer que tout 
aurait été bien mieux pour les Grecs s'ils avaient perdu les 
guerres médiques : l'unité et la paix imposées auraient pu les 
empêcher de gaspiller leurs énergies en guerres intérieures 
absurdes (et en causes locales désespérées), jusqu'à leur absorption 
par la bienveillante pax romana d'Auguste.
Ce que ces théories refusent de comprendre, c'est que 
l'ensemble des concepts de liberté politique et intellectuelle, et 
de l'État constitutionnel (si inefficace et corrompu qu'il puisse 
être par ailleurs), a dépendu d'une chose : du fait que les Grecs, 
quels qu'aient été leurs motifs, ont décidé de s'opposer au système 
de l'absolutisme palatial propre à l'Orient, et qu'ils l'ont 
fait avec un succès remarquable. L'Europe moderne ne doit rien 
aux Achéménides. Nous pouvons bien admirer son architecture 
imposante (mais écrasante) et contempler avec une sorte de 
respect craintif la grande apadana de Persépolis, avec ses merveilleux 
bas-reliefs. Reste que la civilisation qui pouvait produire 
de telles choses nous est presque aussi étrangère que celle des 
Aztèques, et pour des raisons assez semblables. La Perse 
achéménide 
ne nous a laissé ni grande littérature ni grande philosophie : 
son unique contribution à l'humanité a été, de façon assez 
caractéristique, le zoroastrisme. A l'instar de Carthage, elle perpétuait 
une culture fondamentalement statique, axée sur le 
maintien d'un statu quo théocratique et opposée (sinon carrément hostile) 
à toute forme de créativité originale.
Face à cette opposition monolithique, la position des Grecs 
n'en apparaît que plus clairement un miracle inexplicable. 
On 
considère parfois comme acquis le fait que les institutions démocratiques 
se sont développées dans les cités-États à partir de 
l'époque de Solon, pour atteindre leur apogée au temps des 
guerres médiques et dans le demi-siècle qui suivit. Or rien ne 
pouvait être plus éloigné du cours prévisible des événements. La 
liberté dans la recherche scientifique comme dans le débat politique, 
le renouvellement annuel des magistrats, les décisions au 
vote majoritaire : toutes ces choses étaient totalement inconnues 
au schéma de pensée de toutes les grandes civilisations auxquelles 
les Grecs avaient affaire. Leurs réalisations, quels qu'en 
aient été les motifs égoïstes ou même honteux, sont d'autant 
plus extraordinaires, dans un tel contexte.
Il paraît difficile de s'étendre trop longuement sur ce point, 
d'autant plus peut-être que l'histoire qui suit est souvent loin 
d'être exaltante dans les détails. Pour un Churchill grec, on 
trouve en effet douze Laval. La couardise, l'égoïsme, le double 
jeu et les luttes politiques entre cités – et entre factions à l'intérieur 
de ces cités – sont omniprésents. La propagande hostile et 
les techniques de diffamation sont monnaie courante : Hérodote 
lui-même ne s'interdit pas les soupçons, sur ce point. Les exploits 
les plus glorieux et les mieux connus révèlent souvent des motifs 
singulièrement mélangés, quand on y regarde de plus près. Pourtant, 
en dernière analyse, rien ne saurait ternir la splendeur de 
cette merveilleuse réalisation dont Pindare – enfant de Thèbes et 
non d'Athènes – disait : «Les fils d'Athènes ont posé une pierre 
de fondation éclatante de la liberté. » ..."
 
3.Enseignement : Encyclopédie de l'Histoire  : 
C'est un grand plaisir pour nous de signaler ici un ouvrage d'un de nos (anciens) maîtres à l'Université; ouvrage disponible sur la Toile :
 
J.-M. HANNICK, maintenant émérite, continue d'enrichir cette encyclopédie, jour après jour; de plus, il a ouvert une rubrique "Survie de l'auteur" dans laquelle il place toutes les informations disponibles relatives à la postérité d'un auteur décrit dont la vie, la bibliographie et des extraits constituent l'ossature du dossier créé.
 
C'est bien volontiers que nous donnons la parole à J.-M. Hannick pour présenter son travail :
 
"L'anthologie que voici a été constituée pour servir de support et d'illustration à un cours de candidature [premières années d'études universitaires; aujourd'hui (en Belgique) baccalauréat et licence en France] en Histoire que j'ai donné jusqu'en mai 2003 et qui, sous le titre d'Encyclopédie de l'histoire, était consacré en fait à une histoire de l'historiographie, de l'antiquité à nos jours : l'objectif étant tel, on ne pouvait pas se contenter de présenter, de manière abstraite, la vie et l'oeuvre d'Hérodote et de ses innombrables successeurs; il fallait, au cours des leçons même, analyser des textes et inciter ensuite les étudiants à lire ces auteurs dont on essayait de leur montrer l'intérêt.
...
 
On verra que chacun de ces auteurs fait l'objet d'une brève bibliographie. Sont d'abord signalées des éditions de leurs oeuvres (l'astérisque précédant certains titres indique l'édition qui a été utilisée), puis l'un ou l'autre ouvrage ou article les concernant. Le travail n'est pas terminé et l'on ne s'étonnera donc pas de trouver des cases vides : elles se complèteront peu à peu. On voudra bien aussi se rappeler que les premiers destinataires du recueil étaient des jeunes gens entamant leurs études d'histoire. Je me suis donc limité, en règle générale, à de la bibliographie en langue française. On ne s'étonnera pas non plus de rencontrer quelques (rares) textes en latin : ce fut l'occasion de se livrer, avec les étudiants, aux plaisirs de la version. Et d'ailleurs, le latin des Centuriateurs n'est pas plus difficile que le français de La Popelinière.
...
 
Une troisième remarque s'impose aujourd'hui, pour expliquer un certain manque d'uniformité que l'on constatera dans cette anthologie. Il m'a semblé que celle-ci serait plus intéressante si chaque historien retenu faisait l'objet d'une présentation relative à sa vie, son oeuvre et sa place dans le développement de l'historiographie. Le travail vient de commencer. On ne s'étonnera donc pas de trouver des auteurs - les historiens grecs - pour lesquels existe une notice qui sera maintenue provisoirement ; d'autres, dont la présentation que je viens d'évoquer, est terminée (p.ex. Tite-Live) ; d'autres enfin, c'est l'immense majorité, où le travail reste à faire. ..."
Cf. "La Grèce et Rome" : Index des auteurs retenus.
 
 
4.HODOI ELEKTRONIKAI & environnements hypertextes  : 
Cette semaine-ci, Christian RUELL a réussi à constituer 7 nouveaux environnements hypertextes :
 
Dion Cassius, L'Histoire romaine, livre LXXVIII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
Origène, Contre Celse, livre VII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
Photius, Bibliotheca, Extraits de Ctésias, Histoire de la Perse [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
Photius, Bibliotheca, Extraits de Jamblique, Les Babyloniques [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
Photius, Bibliotheca, Extraits de Memnon, Histoire d'Héraclée [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
Photius, Bibliotheca, Extraits de d'Olympiodore de Thèbes, Histoires [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
Plutarque, Vies parallèles, Comparaison Paul-Émile - Timoléon [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
 
Les textes bruts de ces aouvres sont disponibles dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI.
 
 
Jean Schumacher21 novembre 2008
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