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Date :     21-11-2008

Sujets :
Fiches de lecture : 7 ajouts; Livre : Peter GREEN, Les guerres médiques; Enseignement : Jean-Marie HANNICK, Encyclopédie de l'Histoire; HODOI ELEKTRONIKAI : 7 nouveaux environnements hypertextes : Dion Cassius, Origène, Photius (x 4), Plutarque;

Notice :

1. Fiches de lecture :

  • Adresse du site : Lectures (site arrêté à la date du 18 mai 2006)
  • Base de données : Fiches (depuis le 19 mai 2006)

  • Ajouts : consultation des ==> Nouveautés <==

Les Nouveautés concernent :

  • ==> GREC :

  • DION CASSIUS, L'Histoire romaine, livres LXXV et LXXVIII
  • ORIGÈNE, Contre Celse, livres VII et VIII
  • PHOTIUS, Bibliotheca : Extraits d'Olympiodore, Histoires
  • PLUTARQUE, Vies parallèles, Comparaison Paul-Émile - Timoléon
  • Ps.-HÉRODOTE, La vie d'Homère

  • A propos des sources du Nil
  • Chez les Cyméens, les aveugles sont des homères
  • L'empereur Caracalla doit ce surnom à un type de vêtement gaulois à capuchon et manches longues qu'il avait coutume de porter
  • A propos des oasis, îles du Paradis
  • A propos du lieu de félicité après la mort : îles fortunées, champs Élysées ou terre pure (chez Platon)
  • Il n'y a pas de honte à recevoir un prix pour des services rendus mais il est encore plus beau de le refuser
  • A propos d'une viande et des deux façons de l'apprêter : pour quelques rares privilégiés ou pour les hommes du commun


2. Livre :

Livre : Peter GREEN, Les guerres médiques
Titre original : The Greco-Persian Wars (1996)
Première édition (sous un autre titre : The Year of Salamis), 1970
Traduction française par Denis-Armand CANAL
Paris, Tallandier, 2008, 446 pp.

Documents : couverture; 4e de couverture

Extrait : pp. 33-36

"CHAPITRE PREMIER : DARIUS ET L'OCCIDENT. Le grand conflit entre la Grèce et la Perse – ou, pour être plus précis, entre une poignée de cités-Etats de Grèce continentale et toute la puissance de l'empire perse à son apogée – doit rester l'un des épisodes le plus à méditer dans l'histoire de l'Europe. Malgré les nuages de fumée de la propagande et de l'orgueil national, Eschyle et Hérodote ont bien vu qu'il s'agissait d'un conflit idéologique, le premier du genre qui nous soit connu.

D'un côté, l'écrasante figure autocratique du Grand Roi ; de l'autre, la discipline volontaire et brouillonne de citoyens fiers de leur indépendance. Dans le récit d'Hérodote, les soldats de Xerxès sont menés au combat à coups de fouet ; tout au long de la narration, le motif récurrent de la flagellation, de la mutilation et de la torture stigmatise les Perses. Les Grecs, en revanche, combattaient parce que leur intérêt personnel était en jeu dans la victoire : ils luttaient pour préserver l'héritage d'une liberté durement conquise et toujours précaire.

Dans la pièce d'Eschyle intitulée "Les Perses", produite huit ans seulement après la victoire éclatante de Salamine et écrite par un homme qui avait lui-même combattu dans la bataille, ce qui importe n'est pas tant la peinture des Perses – une caricature inévitable : aucun Grec n'a jamais compris l'éthique achéménide – que l'esprit, l'idéal qui anime les Grecs. La reine mère Atossa, veuve de Darius, pose à un conseiller du Roi diverses questions sur Athènes, et l'interroge pour finir – comme on peut s'y attendre de la part d'une douairière dans sa position – sur la structure du pouvoir à Athènes, dont elle suppose qu'il est une réplique, i>mutatis mutandis, de celui qui règne à Suse.

« Quel homme les gouverne ? » demande-t-elle. « Qui est à la tête de leurs armées ?» La réponse souleva, nul doute, des tonnerres d'applaudissements de la part du public athénien, tout acquis à la cause : «Ils disent qu'ils ne sont les esclaves ni les serviteurs d'aucun homme. » Atossa pense immédiatement à une anarchie irresponsable et incompétente – idée que le dèmos athénien, dans ses moments de perversité, n'était d'ailleurs pas loin de confirmer. Elle demande : «Mais alors comment peuvent-ils résister à une invasion étrangère ? » – une répartie s'il en fut jamais. «Aussi bien, lui répond le conseiller, qu'ils ont détruit la grande et magnifique armée de Darius ! »

Eschyle – comme la plupart des patriotes athéniens – a peut-être exagéré ici l'importance militaire de Marathon, mais nulle- ment son impact psychologique. David avait marché contre Goliath et l'avait vaincu, contre toute attente. En fin de compte, cette masse écrasante qu'était la machine de guerre perse – rien d'aussi redoutable n'était paru au Proche-Orient, depuis la fin de l'empire assyrien – n'était pas invincible : la leçon portait ses fruits. Dix ans après Marathon, lorsque la Grèce fit face à une invasion dont l'échelle faisait de l'expédition de Darius une simple razzia côtière, le souvenir encore intact de la victoire fit combattre Athènes, Sparte et leurs alliés. Si l'on s'en était tenu à un calcul rationnel, c'était une pure folie. Ceux qui se considéraient comme des réalistes à long terme – dont les prêtres du temple oraculaire de Delphes et les chefs de presque toutes les cités-États de Grèce septentrionale et des îles de l'Égée – jugèrent, comme les politiciens français de Vichy en 1940, que toute résistance était inutile et que la «collaboration» était la seule réponse possible à la menace perse. Logiquement, ils avaient raison. Mais les grandes victoires de l'esprit humain contre les malheurs ne se remportent pas par le simple jeu de la logique, comme Thémistocle et Churchill l'ont bien vu. La seule raison ne suffit pas.

Vers le milieu du vie siècle, juste avant que le conquérant perse Cyrus n'envahît l'Ionie, le poète Phocylide de Milet écrivait : «Une polis sur un promontoire, si elle est bien gardée, vaut mieux, si petite qu'elle soit, que Ninive frappée de folie.»

Bien que l'Ionie succomba et Milet – seule parmi les cités ioniennes – conclut un traité avec l'envahisseur, Phocylide avait absolument raison sur le long terme. Ceci est une vérité centrale que l'on ne devrait jamais oublier, lorsqu'on étudie les guerres médiques. Ces dernières années, grâce au travail spectaculaire des archéologues et des savants orientalistes, notre connaissance de la Perse achéménide s'est considérablement accrue. Nous sommes aujourd'hui en mesure d'évaluer Darius, Xerxès et leur civilisation avec une meilleure compréhension et moins d'a priori qu'un «enquêteur» comme Hérodote ne pouvait le faire, quelle que fût par ailleurs son ouverture d'esprit. Notre vision n'est plus la calomnie xénophobe produite par les témoignages biaisés des Grecs : nous devrions plutôt nous défendre aujourd'hui des excès d'enthousiasme sans discernement.

Ceux dont l'esprit penche naturellement vers l'autorité tendent à être fascinés par l'empire achéménide, précisément pour les raisons qui ont poussé les Grecs à lui tenir tête : une administration centrale monolithique (à défaut d'être toujours efficace), l'absolutisme théocratique, l'absence d'opposition politique (sauf à l'occasion des intrigues de palais, souvent sanglantes) et une administration provinciale confiée à des satrapes débonnaires (aussi longtemps, du moins, que leurs administrés ne faisaient pas d'embarras et payaient régulièrement leurs impôts). Arnold Toynbee est allé jusqu'à suggérer que tout aurait été bien mieux pour les Grecs s'ils avaient perdu les guerres médiques : l'unité et la paix imposées auraient pu les empêcher de gaspiller leurs énergies en guerres intérieures absurdes (et en causes locales désespérées), jusqu'à leur absorption par la bienveillante pax romana d'Auguste.

Ce que ces théories refusent de comprendre, c'est que l'ensemble des concepts de liberté politique et intellectuelle, et de l'État constitutionnel (si inefficace et corrompu qu'il puisse être par ailleurs), a dépendu d'une chose : du fait que les Grecs, quels qu'aient été leurs motifs, ont décidé de s'opposer au système de l'absolutisme palatial propre à l'Orient, et qu'ils l'ont fait avec un succès remarquable. L'Europe moderne ne doit rien aux Achéménides. Nous pouvons bien admirer son architecture imposante (mais écrasante) et contempler avec une sorte de respect craintif la grande apadana de Persépolis, avec ses merveilleux bas-reliefs. Reste que la civilisation qui pouvait produire de telles choses nous est presque aussi étrangère que celle des Aztèques, et pour des raisons assez semblables. La Perse achéménide ne nous a laissé ni grande littérature ni grande philosophie : son unique contribution à l'humanité a été, de façon assez caractéristique, le zoroastrisme. A l'instar de Carthage, elle perpétuait une culture fondamentalement statique, axée sur le maintien d'un statu quo théocratique et opposée (sinon carrément hostile) à toute forme de créativité originale.

Face à cette opposition monolithique, la position des Grecs n'en apparaît que plus clairement un miracle inexplicable. On considère parfois comme acquis le fait que les institutions démocratiques se sont développées dans les cités-États à partir de l'époque de Solon, pour atteindre leur apogée au temps des guerres médiques et dans le demi-siècle qui suivit. Or rien ne pouvait être plus éloigné du cours prévisible des événements. La liberté dans la recherche scientifique comme dans le débat politique, le renouvellement annuel des magistrats, les décisions au vote majoritaire : toutes ces choses étaient totalement inconnues au schéma de pensée de toutes les grandes civilisations auxquelles les Grecs avaient affaire. Leurs réalisations, quels qu'en aient été les motifs égoïstes ou même honteux, sont d'autant plus extraordinaires, dans un tel contexte.

Il paraît difficile de s'étendre trop longuement sur ce point, d'autant plus peut-être que l'histoire qui suit est souvent loin d'être exaltante dans les détails. Pour un Churchill grec, on trouve en effet douze Laval. La couardise, l'égoïsme, le double jeu et les luttes politiques entre cités – et entre factions à l'intérieur de ces cités – sont omniprésents. La propagande hostile et les techniques de diffamation sont monnaie courante : Hérodote lui-même ne s'interdit pas les soupçons, sur ce point. Les exploits les plus glorieux et les mieux connus révèlent souvent des motifs singulièrement mélangés, quand on y regarde de plus près. Pourtant, en dernière analyse, rien ne saurait ternir la splendeur de cette merveilleuse réalisation dont Pindare – enfant de Thèbes et non d'Athènes – disait : «Les fils d'Athènes ont posé une pierre de fondation éclatante de la liberté. » ..."


3. Enseignement : Encyclopédie de l'Histoire :

C'est un grand plaisir pour nous de signaler ici un ouvrage d'un de nos (anciens) maîtres à l'Université; ouvrage disponible sur la Toile :

Jean-Marie HANNICK , Encyclopédie de l'Histoire

J.-M. HANNICK, maintenant émérite, continue d'enrichir cette encyclopédie, jour après jour; de plus, il a ouvert une rubrique "Survie de l'auteur" dans laquelle il place toutes les informations disponibles relatives à la postérité d'un auteur décrit dont la vie, la bibliographie et des extraits constituent l'ossature du dossier créé.

C'est bien volontiers que nous donnons la parole à J.-M. Hannick pour présenter son travail :

"L'anthologie que voici a été constituée pour servir de support et d'illustration à un cours de candidature [premières années d'études universitaires; aujourd'hui (en Belgique) baccalauréat et licence en France] en Histoire que j'ai donné jusqu'en mai 2003 et qui, sous le titre d'Encyclopédie de l'histoire, était consacré en fait à une histoire de l'historiographie, de l'antiquité à nos jours : l'objectif étant tel, on ne pouvait pas se contenter de présenter, de manière abstraite, la vie et l'oeuvre d'Hérodote et de ses innombrables successeurs; il fallait, au cours des leçons même, analyser des textes et inciter ensuite les étudiants à lire ces auteurs dont on essayait de leur montrer l'intérêt.

...

On verra que chacun de ces auteurs fait l'objet d'une brève bibliographie. Sont d'abord signalées des éditions de leurs oeuvres (l'astérisque précédant certains titres indique l'édition qui a été utilisée), puis l'un ou l'autre ouvrage ou article les concernant. Le travail n'est pas terminé et l'on ne s'étonnera donc pas de trouver des cases vides : elles se complèteront peu à peu. On voudra bien aussi se rappeler que les premiers destinataires du recueil étaient des jeunes gens entamant leurs études d'histoire. Je me suis donc limité, en règle générale, à de la bibliographie en langue française. On ne s'étonnera pas non plus de rencontrer quelques (rares) textes en latin : ce fut l'occasion de se livrer, avec les étudiants, aux plaisirs de la version. Et d'ailleurs, le latin des Centuriateurs n'est pas plus difficile que le français de La Popelinière.

...

Une troisième remarque s'impose aujourd'hui, pour expliquer un certain manque d'uniformité que l'on constatera dans cette anthologie. Il m'a semblé que celle-ci serait plus intéressante si chaque historien retenu faisait l'objet d'une présentation relative à sa vie, son oeuvre et sa place dans le développement de l'historiographie. Le travail vient de commencer. On ne s'étonnera donc pas de trouver des auteurs - les historiens grecs - pour lesquels existe une notice qui sera maintenue provisoirement ; d'autres, dont la présentation que je viens d'évoquer, est terminée (p.ex. Tite-Live) ; d'autres enfin, c'est l'immense majorité, où le travail reste à faire. ..."

Cf. "La Grèce et Rome" : Index des auteurs retenus.


4. HODOI ELEKTRONIKAI & environnements hypertextes :

Cette semaine-ci, Christian RUELL a réussi à constituer 7 nouveaux environnements hypertextes :

  • Dion Cassius, L'Histoire romaine, livre LXXVIII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
  • Origène, Contre Celse, livre VII [Traduction française reprise au site de Philippe Remacle]
  • Photius, Bibliotheca, Extraits de Ctésias, Histoire de la Perse [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Photius, Bibliotheca, Extraits de Jamblique, Les Babyloniques [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Photius, Bibliotheca, Extraits de Memnon, Histoire d'Héraclée [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Photius, Bibliotheca, Extraits de d'Olympiodore de Thèbes, Histoires [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]
  • Plutarque, Vies parallèles, Comparaison Paul-Émile - Timoléon [Texte grec et traduction française repris au site de Philippe Remacle]

Les textes bruts de ces aouvres sont disponibles dans le Dépôt HODOI ELEKTRONIKAI.


Jean Schumacher
21 novembre 2008


 
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Analyse, design et réalisation informatiques : B. Maroutaeff - J. Schumacher

Dernière mise à jour : 17/02/2002